Retour d'expérience

L’organisation d’un plateau multimodalités d’imagerie interventionnelle

En 2011, le CHU de Strasbourg a inauguré un plateau technique dédié à l’imagerie interventionnelle. Cette création a fait intervenir de nombreux partenaires et personnels, depuis lors investis dans une démarche d’amélioration de la qualité.

Le 14/12/16 à 19:00, mise à jour aujourd'hui à 14:07 Lecture 4 min.

Un scanner interventionnel à tunnel large. La zone « chaude », où se situent les salles d’intervention, la salle de préparation et la salle de surveillance postinterventionnelle, a été installée au centre du plateau. © Hôpitaux universitaires de Strasbourg

Au sein des hôpitaux universitaires de Strasbourg (Bas-Rhin), les actes d’imagerie diagnostique et interventionnelle étaient réalisés sur le même plateau technique. Mais la cohabitation devenait difficile avec la montée en charge de l’imagerie interventionnelle sous scanner, IRM, capteur plan et échographie, notamment en oncologie et pour le traitement de la douleur. La construction d’un bloc dédié à l’imagerie interventionnelle s’est donc imposée. Il a été inauguré en 2011, sur le site du Nouvel hôpital civil. Lors des Journées françaises de radiologie d’octobre 2015, Cathy Kuber, cadre de santé, a retracé l’histoire du projet, de l’élaboration de son cahier des charges à la mise en service.

Imaginer et bâtir

Pour commencer, les professionnels du secteur se sont réunis pour étudier et formaliser les besoins. L’objectif était de créer un environnement de type « bloc opératoire », capable d’assurer l’hygiène et la sécurité exigées par les procédures à risques qui devaient y être pratiquées. « Nous sommes partis d’une situation idéale, avec un espace inoccupé de 2 000 m² qu’il a fallu imaginer et bâtir », commente Cathy Kuber. À partir du cahier des charges, l’architecte retenu pour le projet a dessiné le plan du plateau. Au centre, il a installé la zone dite « chaude », où se situent les salles d’intervention, la salle de préparation et la salle de surveillance postinterventionnelle gérée par l’anesthésiologie. En périphérie, la zone dite « froide » a la particularité de permettre de circuler autour du bloc sans y entrer. Dans cette zone se trouvent les locaux administratifs, logistiques et techniques.

Coordonner les partenaires

La préparation de l’organisation a impliqué de nombreux partenaires, qu’il a fallu coordonner avec un planning précis de type Gantt. « Nous avons travaillé avec l’équipe opérationnelle d’hygiène à la rédaction des protocoles, avec la radiophysique pour tout ce qui se rapporte à la dosimétrie, la régulation des transports pour la définition des circuits et des flux de patients », énumère Cathy Kuber. La pharmacie, la direction des achats, le pôle logistique, la stérilisation, les ateliers, le biomédical, ou encore les services informatiques, ont également contribué à la mise en place des différents aspects techniques et logistiques. Les effectifs nécessaires ont été évalués avec la direction des ressources humaines. Une équipe spécialisée dans le domaine interventionnel a été constituée, avec des professionnels paramédicaux experts. Une nécessité, vu la multiplicité et la complexité des procédures et dispositifs utilisés. La direction des soins a contribué au renforcement des liens avec les unités d’hospitalisation.

 © Hôpitaux universitaires de Strasbourg

Figure 1. Le poste de commande du scanner. L’unité est entrée dans une démarche qui devrait aboutir à une certification ISO 9001. © Hôpitaux universitaires de Strasbourg

Une dynamique d’équipe

La réussite du projet étant liée à la dynamique d’équipe, l’ensemble des professionnels concernés, médicaux, paramédicaux, d’imagerie et d’anesthésie, ont participé à la réflexion sur la mise en place de l’activité. « Nous avons défini ensemble les circuits et les plages d’activité des différentes modalités. Nous avons mis en place des consultations des radiologues en pré et post­interventionnel. Nous avons aussi dû faire réaliser le paramétrage des outils informatiques afin de coordonner l’ensemble des agendas et plannings par salle. Enfin, une cellule de régulation du programme opératoire se tient désormais une fois par semaine », rapporte Cathy Kuber.

Démarche d’amélioration continue

Aujourd’hui, l’activité est en place, mais continue d’évoluer. L’organisation est réajustée au quotidien. Les changements sont proposés et évalués grâce à une roue de Deming (figure 2). « Nous avons sensibilisé les professionnels à la déclaration des événements indésirables. À partir de certaines de ces déclarations, des groupes de réflexion et d’analyse (CREX) se réunissent pour trouver des solutions », décrit Cathy Kuber. Des indicateurs sont mis en place puis suivis et analysés. Des évaluations des pratiques professionnelles (EPP), des enquêtes, ou des audits internes sont menés. Pour certains domaines de risque, où des expertises plus poussées sont attendues (hygiène, douleur, PACS, etc.), des référents ont été formés. « La formation professionnelle est une priorité », insiste l’intervenante.

 © Hôpitaux universitaires de Strasbourg

Figure 2. La roue de Deming sert de support à la démarche d’amélioration continue des pratiques du service. « Dans la partie prévoir/organiser, nous décrivons nos processus et définissons nos engagements. Dans le « faire », nous mettons plus particulièrement l’accent sur la formation, la traçabilité et la rédaction des modes opératoires. Et enfin, dans la partie améliorer, nous veillons à assurer le suivi des actions mises en place », explique Cathy Kuber. © Hôpitaux universitaires de Strasbourg

Une certification

Depuis avril 2015, l’unité d’imagerie interventionnelle du CHU de Strasbourg­ est entrée dans une démarche qui devrait aboutir à terme à une certification ISO 9001, reconnaissant une bonne gestion de la qualité. « Nous nous sommes posé la question de la différence entre deux unités réalisant les mêmes prestations de soins. Pour nous, c’est l’expertise des professionnels qui y travaillent, les actions mises en place pour sécuriser la prise en charge des patients, la communication et la visibilité de celles-ci auprès des patients et des prescripteurs », conclut Cathy Kuber.

Notes

1. La norme ISO 9 001 définit une série d’exigences concernant la mise en place d’un système de gestion de la qualité dans un organisme, quels que soient sa taille et son secteur d’activité. La nouvelle version a été publiée en septembre 2015.

Auteurs

Virginie Facquet

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