Cette année, le Congrès européen de radiologie a beaucoup parlé du mécontentement, du burnout et des inégalités au sein de la profession. « Les trois sont reliés », a expliqué Mauricio Castillo, membre du Collège américain de radiologie, lors de la conférence honorifique de l’évènement, qui s’est déroulée à Vienne (Autriche) le 2 mars 2017. Le spécialiste a présenté différentes données américaines et canadiennes. « Mais je suis sûr que vous vous y retrouverez », a-t-il plaisanté.
« Un désintérêt pour la radiologie de la part des étudiants »
Pourquoi évoquer cette question ? « Parce qu’il y a de moins en moins de médecins et de radiologues, plus de travail, un sentiment de gagner moins, un désintérêt pour la radiologie de la part des étudiants, moins de femmes et de diversité dans notre spécialité », débute Mauricio Castillo. Les États-Unis auraient pourtant besoin de quelque 200000 nouveaux médecins, toutes spécialités confondues, d’ici à 2020. Côté radiologues, il faudrait augmenter l’effectif de 20 % d’ici à 2025, alors même qu’il aurait baissé de 9 % entre 1995 et 2011.
La spécialité médicale la moins bien placée du point de vue de la satisfaction
Une des explications réside dans l’insatisfaction des professionnels. À la question « êtes-vous satisfaits de vos choix ? », 49 % des radiologues répondent qu’ils referaient médecine. C’est la spécialité médicale la moins bien placée du point de vue de la satisfaction. Au niveau des revenus, les radiologues sont seulement 53 % à se sentir payés de manière équitable. « Nos revenus ont baissé. En 2011, nous représentions la spécialité la mieux payée. Maintenant, nous sommes classés en sixième position, alors même que nous restons très bien payés », précise l’orateur.
80 % de burnout chez les internes de Caroline du Nord
Aujourd’hui, les radiologues estiment passer trop de temps à réaliser des tâches administratives. « De plus en plus de radiologues quittent le domaine pour l’industrie, et de plus en plus tôt », indique Mauricie Castillo. Pourquoi ? « À cause de la fatigue et du burnout. » Une étude réalisée chez les internes de l’université de Caroline du Nord montre un taux de burnout de près de 70 % en moyenne chez eux. Il monte à un peu plus de 80 % chez les internes en radiologie. Les raisons sont nombreuses : un manque de temps pour prendre soin de soi, pour réaliser des activités en dehors du travail, des difficultés à allier sa vie personnelle et professionnelle. En outre, 17 % des étudiants souffrent d’une dépression « non corrélée au burnout ».
Les radiologues en exercice pas épargnés
Les radiologues en exercice ne sont pas épargnés non plus. Une large étude réalisée au sein de la Mayo Clinic, aux États-Unis, a montré un taux de burnout de près de 55 %. Les radiologues étaient la spécialité avec le plus haut taux, avec notamment les urologues. Les femmes étaient particulièrement touchées. Une autre étude a montré les caractéristiques personnelles qui contribuent au syndrome d’épuisement professionnel. Il s’agit notamment du perfectionnisme, de l’indécision, de la forte empathie ou de l’idéalisme.
Une faible diversité
La fin de sa présentation a été consacrée à démontrer la faible diversité qui existe dans le recrutement des étudiants au sein de la spécialité. Du point de vue ethnique et du point de vue de la répartition entre les hommes et les femmes. « Cela mène à moins d’innovations et moins d’idées », explique l’orateur. Côté égalité hommes-femmes, il existe une différence significative entre les revenus des hommes – plus hauts – et ceux des femmes – plus bas, à l’instar de ce qui se passe dans le monde du travail. Pour finir, Mauricio Castillo a évoqué des pistes pour maintenir son équilibre personnel : savoir allier vie personnelle et professionnelle, notamment en faisant du sport, savoir dire non. Il a évoqué, non sans humour, la piste d’une ville suédoise, qui propose une heure d’interruption de travail dans la semaine… pour avoir des relations sexuelles.
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