Points de vue

La création de groupements hospitaliers de territoire vous semble-t-elle pertinente pour les services d’imagerie médicale ?

Chaque mois, Docteur Imago recueille l'avis et le ressenti de trois professionnels sur une question d'actualité, de pratiques, d'éthique, de principes, d'avenir, où tout autre sujet en lien avec le monde de l'imagerie médicale.

Le 27/03/17 à 14:00, mise à jour aujourd'hui à 14:15 Lecture 3 min.

CC0 domaine public sur pixabay.com

« La mutualisation est un mécanisme indispensable »

Robert Holcman
© V. F.

Robert Holcman, docteur HDR en sciences de gestion,
directeur d’hôpital public,
auditeur et inspecteur à la direction de l’inspection et de l’audit,
Assistance publique – Hôpitaux de Paris (75)

« La création des groupements hospitaliers de territoire (GHT) n’est pas spécifique à l’imagerie médicale. D’une façon générale, compte tenu du prix des équipements, la mutualisation est un mécanisme parfaitement indispensable. Il ne faut pas se voiler la face : même sans GHT, cela fait plusieurs années que les gens mutualisent. Maintenant, lorsqu’on achète un scanner ou une IRM, on prévoit les taux d’utilisation par la clinique, par les radiologues hospitaliers, etc. C’est un phénomène incontournable, qu’il y ait une loi ou non. »

« Il nous faut les moyens humains et financiers qui vont avec »

Romaric Loffroy
© V. F.

Romaric Loffroy,
radiologue et chef du service d’imagerie diagnostique et thérapeutique,
CHU Dijon-Bourgogne (21)

« Les GHT, c’est le sens de l’histoire. Nombreux sont les hôpitaux périphériques (HP) qui se meurent, surtout dans des régions comme la nôtre, qui sont étendues et où la démographie médicale n’est pas toujours celle qu’on voudrait. Les deux HP de notre GHT sont en train de devenir des antennes du CHU. Leur survie dépend de son aide, tant au niveau du fonctionnement que de la démographie médicale, du recrutement, des ressources humaines, des plateaux techniques et, plus spécifiquement, de la radiologie. Il est facile d’interpréter un scanner en téléradiologie et le système se développe, car il y a de moins en moins de radiologues dans les HP. De plus, les médecins préfèrent généralement travailler dans des CHU, où les plateaux techniques sont mieux pourvus. L’idée du GHT, c’est que les radiologues des CHU aillent aider dans les HP. Mais il faut qu’ils soient suffisamment nombreux pour être détachés une demi-journée par semaine, par exemple, pour faire une vacation d’IRM, d’échographie, etc. L’imagerie se trouve au centre des GHT car sans imagerie il n’y a plus d’urgences, mais nous devons avoir les moyens humains et financiers qui vont avec ce développement. »

« Cela pose des problèmes d’organisation »

Marc Bazot
© V. F.

Marc Bazot,
radiologue,
hôpital Tenon, Assistance publique – Hôpitaux de Paris (75)

« Si la création des GHT permet de mutualiser les moyens, c’est une bonne chose, mais il faut savoir qu’un service d’imagerie est une entité très spécifique, qui doit répondre à tous les services d’un hôpital. C’est compliqué car chaque service se croit prioritaire sur l’autre. On doit répondre à tout le monde avec le moins de désordre possible, le plus de cohérence. Les radiologues à l’hôpital public ne sont pas des fainéants. Ils s’organisent au maximum, avec les moyens qu’ils ont. C’est déjà difficile au niveau d’un hôpital, alors sur de multiples structures, cela ne me paraît pas adéquat. Je pense qu’il faut partager pour certaines actions et activités particulières, comme l’imagerie interventionnelle, mais suis sceptique sur l’imagerie hyperpartagée. Il faut bien comprendre que les hôpitaux publics et privés, surtout publics, ont des problèmes pour avoir des radiologues compétents. Bien entendu, il faut trouver des solutions, mais ce n’est pas en désorganisant ce qui fonctionne à peu près bien qu’on va améliorer ce qui ne va pas dans d’autres hôpitaux. C’est une approche très complexe. L’an passé, lors d’un cours à l’école de management des médecins des hôpitaux (EMAMH), le directeur du futur hôpital nord du grand Paris (HUGPN) a déclaré « que la fusion entre l’hôpital Bichat et l’hôpital Beaujon était quelque chose de fondamental et que sa problématique n’était pas de savoir le nombre de lits qui allaient disparaître, mais de créer, entre autres, un plateau d’imagerie adapté pour pouvoir répondre à toutes les demandes de service ». Il a compris que l’hôpital fonctionne d’autant mieux que le service est adapté, sur le plan technique, du personnel et de l’organisation. »

Auteurs

Virginie Facquet

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