Le radiologue interventionnel est-il une espèce en voie de développement ? Telle fut la question posée lors de la séance inaugurale des Journées francophones d’imagerie cardiovasculaire diagnostique et interventionnelle (JFICV), qui se sont tenues à Deauville (Calvados), du 22 au 24 juin 2017. Sur ce thème, Salah Qanadli, radiologue interventionnel au Centre hospitalier universitaire vaudois de Lausanne, a prodigué quelques conseils pour permettre à ses confrères de mettre en avant leur rôle et leur valeur ajoutée.
« Nous sommes d’abord des médecins »
« Quelle est la définition moderne du radiologue ? », interroge-t-il. « C’est un clinicien, un médecin qui pratique la thérapie guidée par l‘image. Nous ne sommes pas des techniciens au service d’autres cliniciens. Nous sommes d’abord des médecins. » Selon lui, la mission du radiologue interventionnel doit être élargie à la gestion longitudinale de patients. « Il ne s’agit pas seulement de gérer une situation clinique de façon ponctuelle », indique-t-il, en rappelant l’importance d’être également impliqué dans le suivi des patients, la prévention et l’amélioration de la qualité de vie.
« L’identité interventionnelle se construit tous les jours »
Pour le radiologue suisse, l’identité interventionnelle se construit au quotidien. « Pas uniquement dans les congrès, explique-t-il, mais tous les jours, quand vous signez un mail, quand vous répondez au téléphone. Il faut aussi que votre unité comporte dans son nom le terme de radiologie interventionnelle. » Concernant la communication avec les autres médecins, le radiologue interventionnel doit respecter certaines règles. « Le rapport que vous fournissez doit avoir un format adapté à votre intervention, indique Salah Qanadli. Les formats diagnostique et interventionnel ne sont pas les mêmes. Quand vous rapportez votre intervention, il faut le faire directement auprès du médecin traitant, avec une copie au spécialiste. Vous devez cosigner tout ce qui sort dans lequel vous avez fait une intervention. Et lorsque vous parlez de votre patient, évitez d’utiliser des termes qui font prendre de la distance par rapport à lui. »
Ne pas brader ses compétences
Pour l’intervenant, cette identité interventionnelle doit s’accompagner de développements structurels. « Il faut bâtir si possible des cliniques ambulatoires de radio interventionnelle au sein de vos départements. Il est en effet difficile d’avoir des lits dédiés dans la plupart des institutions. Votre force c’est le rapport coût-efficacité. » Salah Qanadli insiste également sur l’importance d’une consultation dédiée. « Il faut une discussion avec le patient et le médecin traitant. Pour que ça marche, il faut un secrétariat avec des créneaux de temps, des boxs, du matériel et un système de facturation dédiés. » L’écueil à éviter pour le radiologue interventionnel serait de « brader ses compétences ». « Vous devez être rémunéré à juste titre sur le temps que vous passez à donner des avis et des compétences. »
« Il faut être visibles »
Enfin, la communication et la visibilité des radiologues interventionnels sont essentielles pour le développement de la spécialité. « Il faut être visible en tant que responsable dans différents secteurs d’action, au sein de l’hôpital, de l’université et des sociétés professionnelles. Nous devons parler de l’innocuité de ce que l’on fait et mettre l’innovation en relief. » Du point de vue du marketing, Salah Qanadli préconise « d’organiser des conférences publiques pour toucher le patient et les médecins, utiliser les sites web, les réseaux professionnels et sociaux ». Sans oublier de se faire connaître auprès des futurs médecins. « Il faut montrer aux étudiants ce qu’est la spécialité. Pas forcément pour les recruter mais pour les sensibiliser à ce que nous faisons, et par la même occasion, développer la discipline », conclut-il.
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