La pénurie de radiologues qui frappe la France se manifeste de plusieurs manières, d’après notre enquête. Des postes sont vacants dans la fonction publique hospitalière, des territoires sont sous-dotés en radiologues et des cabinets ferment, faute de repreneur. Cette situation a des conséquences, à la fois pour les professionnels concernés, pour l’organisation territoriale de l’imagerie médicale et pour la Santé publique.
Plus d’actes à réaliser
Pour les radiologues, une carence de confrères peut entraîner une inflation du nombre d’actes à réaliser. Avec la tarification à l’acte, cela favorise une hausse du nombre d’actes facturés pouvant mener, toutes choses égales par ailleurs, à une augmentation de la rémunération des libéraux.
Faire plus en moins de temps
Côté activité en revanche, le sous-effectif de médecins peut engendrer une surcharge de travail, avec l’exigence contradictoire d’en faire plus en moins de temps. C’est d’autant plus vrai que le nombre d’examens d’imagerie lourde réalisés croît régulièrement, d’après les données fournies par la Cour des comptes. Ces ingrédients peuvent mener tout droit au stress, à la démotivation voire favoriser le syndrome d’épuisement professionnel, ou burnout. Plusieurs sources indiquent une prévalence non négligeable chez les radiologues : 36 % pour les participants à un sondage réalisé pendant l’édition 2016 des Journées francophones de radiologie (JFR), un peu plus chez les confrères américains.
Si la situation de carence s’aggravait, l’attractivité de la profession pourrait être dégradée. Au regard des choix des étudiants français à l’issue des épreuves classantes nationales, ce n’est pas encore le cas : la spécialité reste l’une des plus attractives. Outre-Atlantique, en revanche, « il existe un désintérêt pour la radiologie de la part des étudiants », a expliqué Mauricio Castillo au Congrès européen de radiologie.
Plus d’opportunités d’installation
Qui dit carence dit besoin en radiologues. En sous-nombre, les confrères qui cherchent à collaborer ou à s’installer voient s’étendre le champ de leurs possibilités. Toutefois, les opportunités offertes seront plus importantes dans les zones désertées par les radiologues. Elles le seront aussi dans la fonction publique, où le taux de vacance statutaire est un des plus élevés, toutes spécialités confondues, d’après le Centre national de gestion des praticiens hospitaliers. Les confrères cherchant des remplacements n’auraient alors que l’embarras du choix.
Des regroupements spontanés ou facilités
À l’échelle d’un territoire de santé, la radiologie suit la même tendance que l’ensemble des spécialités. Dans les territoires sous-dotés, la densité des établissements proposant de l’imagerie médicale diminue. Dans ces zones, une réorganisation de l’offre de soins est susceptible d’intervenir, sous forme de regroupements, qu’ils soient spontanés ou facilités par les choix politiques. C’est le cas notamment des partenariats public-privé, des GHT ou des grands groupes privés de radiologues libéraux.
Enfin, face à des situations critiques de manque de professionnels, le développement de la téléradiologie se présente comme une solution. Les radiologues des régions bien dotées pourront intervenir à distance dans des régions désertées. À terme, cette pénurie pourrait favoriser l’essor de solutions informatiques destinées à faciliter, voire à remplacer l’intervention du radiologue.
[contenu_encadre img= » » titre= »Les manipulateurs radio concernés » auteur= »B. B. » legende= » » credit= » »]La pénurie de radiologues a un impact direct sur les manipulateurs radio. En effet, elle peut faciliter l’absence de radiologue sur certains actes d’imagerie médicale, favorisée par le récent décret. Cette pénurie peut également favoriser la délégation de tâches vers les manipulateurs radio. Le cas de l’échographie est le plus évident : la tension démographique peut favoriser la mise en place de protocoles. Enfin, à l’instar des radiologues, les manipulateurs radio peuvent subir une surcharge de travail, avec la nécessité d’augmenter leur productivité. [/contenu_encadre]Les patients peuvent renoncer à un examen
Les patients subissent également les conséquences d’une pénurie en radiologues, même si elles sont peut-être moins visibles que pour la médecine de premier recours. L’accès à un établissement proposant de l’imagerie médicale peut être rendu plus difficile dans les territoires sous-dotés. Les délais d’attente pour obtenir un rendez-vous peuvent également augmenter, même si, dans le cas de l’IRM par exemple, ils tiennent plus au manque d’équipements. Enfin, les patients peuvent renoncer à réaliser des examens d’imagerie. À cet égard, le programme de dépistage organisé du cancer du sein, avec la pénurie, pourrait voir son taux de participation dégradé.
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