Ils ne veulent pas servir de « boucs émissaires » des déficits de l’hôpital. En riposte au plafonnement de leur rémunération, des médecins intérimaires ont formé un Syndicat national des médecins remplaçants des hôpitaux (SNMRH). « Qu’est ce qui justifie de diminuer la rémunération d’une petite partie d’une profession sans discussion, ni contrepartie, quand on sait quels sont nos responsabilités et notre niveau d’études ? Ce n’est pas acceptable, s’indigne leur porte-parole Christine Dautheribes, médecin anesthésiste. N’importe quelle profession se défendrait et c’est ce que nous faisons. »
Des hôpitaux blacklistés
Fin mars, la formation a donc publié sur son site internet la liste des établissements qui appliquent la nouvelle grille, soit un peu moins de 65 euros de l’heure. Une cinquantaine d’hôpitaux est répertoriée, mais Christine Dautheribes se défend de tout appel au boycott. « C’est une façon d’informer les gens, plaide-t-elle. Chaque médecin intérimaire est libre d’aller travailler ou pas dans les établissements concernés. » Pourtant, dans sa lettre adressée à la ministre de la Santé le 10 avril dernier, le syndicat annonce qu’il prévoit de demander « à tous les médecins remplaçants d’éviter la collaboration avec les hôpitaux appliquant le décret 2017-1605 du 24 novembre 2017 ».
[contenu_encadre img= » » titre= »1 404,05 € bruts pour 24 heures » auteur= » » legende= » » credit= » »]Dans un rapport de 2013 intitulé « Hôpital cherche médecin, coûte que coûte », Olivier Véran, neurologue et député de l’Isère, indiquait que l’emploi médical temporaire représentait pour l’hôpital un coût global de 500 millions d’euros par an. Avec l’anesthésie-réanimation et la médecine d’urgence, la radiologie fait partie des spécialités les plus concernées par le recours aux médecins intérimaires. En début d’année, le président de la FHF Frédéric Valletoux jugeait dans nos colonnes les rétributions des intérimaires « très démotivantes » pour les praticiens hospitaliers titulaires. Pour maîtriser les dépenses, le Gouvernement a donc pris un décret et un arrêté, entrés en vigueur au 1er janvier 2018. Le décret n° 2017-1605 et l’arrêté du 24 novembre 2017 fixent ainsi le plafonnement de la rémunération des intérimaires à 1 404,05 euros brut pour 24 heures de garde. En 2019, ce plafond passera à 1 287,05 euros, puis à 1 170,04 euros en 2020.[/contenu_encadre]« Le nombre de remplaçants est la conséquence du déficit des hôpitaux, pas sa cause »
Dans sa ligne de défense, le syndicat dénonce les politiques de santé menées au fil des ans, qui auraient entraîné un déficit « structurel » et un manque d’attractivité du secteur hospitalier, où environ 30 % des postes sont vacants. « Les PH sont en sous-effectif. Il n’y a pas eu de révision de leur statut depuis au moins 20 ans et beaucoup sont en burnout, observe Christine Dautheribes. Les gouvernements qui se sont succédé depuis 1990 ont balayé ces problèmes sous le tapis. Le fait qu’il y ait beaucoup de remplaçants n’est pas la cause du déficit des hôpitaux mais sa conséquence. Le déficit vient de la diminution des budgets alors que les besoins ont explosé. »
« La rémunération n’a pas été revalorisée depuis 17 ans »
Souvent qualifiés de « mercenaires », les intérimaires légitiment leur rétribution par les inconvénients de leur statut : « La rémunération actuelle des médecins remplaçants n’est en aucun cas excessive au vu de ses contraintes (précarité, mobilité, adaptation, manque de considération, congés, vacances, formation, vie familiale). Cette rémunération n’a pas été revalorisée depuis 17 ans », déclare le SNMRH dans un communiqué. Le syndicat, qui revendique « 1 300 adhérents et sympathisants », a demandé à être reçu par la ministre de la Santé et par la directrice générale de l’offre de soins pour faire entendre ses arguments. Pour l’instant, ses demandes sont restées lettre morte.
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