La France comptait 198 081 médecins en activité régulière au 1er janvier 2018, d’après l’Atlas 2018 de la démographie médicale publié le 4 décembre par le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM). Un chiffre stable par rapport à 2017, et en baisse de 0,97 % depuis 2010. « Le point bas de la courbe est proche, la remontée progressive du numerus clausus depuis plus de 20 ans produisant ses effets », analyse Jean-Marcel Mourgues, président de la section santé publique et démographie médicale du CNOM, en introduction du document.
Moins de généralistes, plus de spécialistes
Cet effectif total est tiré vers le bas par la chute du nombre de médecins généralistes. L’ordre en recense 87 801 pour 2018, soit 7 % de moins qu’en 2010. Sur la même période, le nombre de médecins spécialistes en activité régulière grimpe de 4 % et passe de 105 764 à 110 279.
La féminisation s’accélère
Au-delà de ces données comptables, le CNOM note que le profil des praticiens a changé. Les femmes représentent aujourd’hui 47 % des médecins en activité régulière – soit + 9 points en 11 ans – et 61 % des médecins de moins de 40 ans. « Le constat de la féminisation se confirme et reste identique quel que soit le groupe de spécialité mais majoritaire chez les généralistes », souligne l’Atlas.
Le renouvellement générationnel à la peine
Conséquence des hausses du numerus clausus, l’âge moyen des médecins en activité régulière est en légère baisse par rapport à 2017 : 50,8 ans contre 51,2 ans. Le CNOM s’inquiète cependant du nombre important de médecins en âge de prendre leur retraite. 24 % des effectifs ont plus de 60 ans. « Ce vieillissement […] pose la question du renouvellement générationnel de ces médecins et de la disponibilité professionnelle », écrivent les rédacteurs de l’Atlas. Ce renouvellement demeure incomplet pour les médecins généralistes.
Le secteur libéral recule
Les nouvelles générations sont en outre de moins en moins tentées par l’exercice libéral. « Près d’un médecin en activité régulière sur deux a désormais un exercice salarié », relève le CNOM. Parmi les spécialistes en radiodiagnostic et imagerie médicale, 52 % exercent en secteur libéral, ce qui correspond à la moyenne toutes spécialités confondues. 16 % ont un exercice mixte et 32 % sont des salariés.
Des rapports de densité de 1 à 3
Le CNOM constate par ailleurs que les inégalités territoriales se creusent. Les écarts de densité médicale atteignent ainsi des rapports de 1 à 3 selon les départements et les spécialités. Au 1er janvier 2018, la densité moyenne est de 270,3 médecins pour 100 000 habitants. Les collectivités d’outre-mer recensent la plus faible densité avec 185,4 médecins pour 100 000 habitants. La région Provence-Alpes-Côte d’Azur enregistre la plus forte densité avec 343,9 médecins pour 100 000 habitants. Les zones les moins bien loties sont celles de la « diagonale du vide », du Nord-Est au Sud-Ouest intérieur, comme le montre la carte interactive du CNOM. « Les départements à faible densité médicale cumulent souvent les fragilités : population générale plus âgée, desserte de services publics moins bonne, couverture numérique plus aléatoire… » écrit Jean-Marcel Mourgues.
Des propositions de réforme
Face à cette situation, le CNOM appelle à une réforme « en profondeur et cohérente ». Il demande au gouvernement d’intégrer trois « éléments fondamentaux » dans son plan « ma santé 2022 » : « une organisation territoriale incluant l’ensemble des acteurs du soin », « une véritable démocratie sanitaire, seule à même de faire naître une structuration territoriale au service de tous » et « une nécessaire réaffirmation du principe de solidarité, issu des ordonnances de 1945 ». Il annonce qu’il publiera des propositions concrètes en ce sens début 2019.
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