C’est l’une des premières méta-analyses sur l’utilisation de l’imagerie dans le cadre de l’épidémie de COVID-19. Des chercheurs californiens ont recoupé et synthétisé les articles parus sur le sujet entre l’apparition de la maladie en Chine, fin 2019, et le 19 février 2020. « Il est essentiel de bien comprendre les caractéristiques de l’imagerie diagnostique, les caractéristiques atypiques et l’évolution des résultats de l’imagerie thoracique pour assurer une prise en charge et un traitement efficaces des patients », écrivent-ils dans la revue American Journal of Roentgenology [1].
919 patients
La revue finale a inclus 30 études, dont 19 séries de cas et 11 rapports de cas, pour un total de 919 patients. Toutes les études incluses avaient été menées en Chine, sauf une, réalisée en Corée du Nord.
Des caractéristiques similaires chez la majorité des patients
Beaucoup de ces travaux recensent une « large variété de manifestations scanographiques du COVID-19 », constatent les auteurs. Le scanner montre toutefois des « caractéristiques similaires chez la majorité des patients », notent-ils. De façon typique, un patient atteint du COVID-19 présente des opacités en verre dépoli bilatérales multilobaires, avec une distribution périphérique, postérieure ou les deux, principalement dans les lobes inférieurs et moins souvent dans le lobe moyen droit. La condensation superposée aux opacités en verre dépoli sur le scanner initial apparaît dans un plus petit nombre de cas, principalement parmi la population âgée.
D’autres manifestations moins fréquentes
D’autres examens montrent, de façon moins fréquente, un épaississement de la cloison interlobulaire, une bronchectasie, un épaississement plural et une atteinte sous-pleurale, à des degrés différents selon les études. L’épanchement pleural, l’épanchement péricardique, la lymphadénopathie, la cavitation, le signe du halo au scanner et le pneumothorax sont moins fréquents, voire rares.
Une relation étroite entre les résultats du scanner et l’évolution de la maladie
Les chercheurs se sont aussi intéressés aux corrélations entre l’évolution clinique de la maladie et les observations scanographiques. « Il semble y avoir une relation étroite entre le schéma des résultats au scanner et l’évolution de la maladie », remarquent-ils, au regard des études analysées. Les scanners du suivi aux stades intermédiaires de la maladie montrent une progression en nombre et en taille des opacités en verre dépoli, une transformation progressive de ces dernières en condensations multifocales, un épaississement septal et le développement d’un schéma en crazy paving. Les manifestations les plus sévères observées au scanner l’ont été autour du 10e jour après le début des symptômes. Les signes associés à une amélioration clinique interviennent en général après 2 semaines de maladie et incluent une résorption graduelle des opacités de condensation et une baisse du nombre de lésions et de lobes affectés.
Des variations selon l’âge
Des études suggèrent que les manifestations du COVID-19 peuvent varier selon les tranches d’âge, avec « une prédominance des opacités de condensation chez les patients plus âgés et des opacités en verre dépoli chez les plus jeunes ». Il existe en revanche « peu de preuves des effets pulmonaires à long terme de l’infection ».
Le scanner comme « atout inestimable »
Sur le rôle diagnostique du scanner thoracique, les chercheurs californiens soulignent que, dans la majorité des cas documentés de COVID-19, « le scanner initial est anormal, même chez les patients sans symptôme, examinés sur la seule base d’une exposition au virus ». Les guidelines publiées incitent « fortement » à l’utilisation du scanner thoracique pour les patients suspectés d’être atteints du COVID-19, constatent-ils, mais ce dernier peut produire des faux négatifs dans certains cas. Le scanner, estiment-ils, pourrait s’avérer un « atout inestimable » pour confirmer le dépistage chez les patients qui présentent les symptômes cliniques de la maladie mais dont le test de dépistage par RT-PCR est négatif.
Des études aux échantillons limités
Les auteurs de cette méta-analyse observent enfin qu’un certain nombre d’études incluses sont « limitées en termes de taille d’échantillon, de disponibilité des données et de qualité méthodologique ». Ils soulignent en outre que leur méta-analyse ne s’est intéressée qu’aux travaux publiés en anglais. « Compte tenu de l’épicentre du COVID-19, la littérature chinoise devrait être incluse dans les futures revues systématiques », recommandent-ils, en annonçant qu’ils poursuivent leur veille scientifique et mettront à jour leur travail au fil de la progression des connaissances de l’épidémie.
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