Quatre mois après les élections présidentielle et législatives, la Fédération hospitalière de France (FHF) aborde l’automne « dans un état d’esprit positif mais aussi de forte attente à l’égard des nouveaux responsables publics ». Lors de sa conférence de presse de rentrée, le 29 août, son président Frédéric Valletoux a fait passer un message de bonne volonté : l’organisation veut travailler dans un climat d’écoute et de respect mutuel avec l’équipe d’Emmanuel Macron. « Cela nous changera de la période précédente », ironise-t-il. Deux semaines plus tôt, à l’hôpital Robert-Debré, le président de la République avait évoqué un « agenda de transformation des hôpitaux ». « Cela signifie peut-être que le gouvernement va engager des réformes de fond qui vont faire évoluer notre système de santé. »
Deux milliards d’économies qui ont fait mal
Ce climat d’espoir vigilant succède à deux années de rigueur « qui ont laissé des traces ». Durant cette période, le secteur hospitalier a dû réaliser deux milliards d’euros d’économies. « Cela a créé des tensions fortes dans les établissements, liées à l’épuisement des personnels », déplore Frédéric Valletoux. Ce dernier dénonce également le « manque de cohérence » de la politique menée sous l’ère Hollande. « On demandait à la fois de réduire les déficits tout en évitant les réformes de fond. Selon nous, elles auraient plus facilement permis de répondre à cette demande d’économies. »
Plus de souplesse pour les GHT
En cette rentrée 2017, l’un des principaux chantiers est celui des groupements hospitaliers de territoire (GHT). « On constate sur le terrain que sa mise en œuvre ne vient pas naturellement, note le président de la FHF. Il y a parfois des tensions fortes, sans doute liées au dessin des périmètres. Certains ont été dessinés de manière forcée, sans tenir compte de l’avis des acteurs locaux. » Pour huiler le processus, il faudrait « une plus grande souplesse » et moins d’autoritarisme de la part des agences régionales de santé. Les GHT, conclut Frédéric Valletoux sur ce point, sont une révolution qui doit se faire « en douceur ». La FHF compte d’ailleurs mettre en place une mission de suivi des GHT « qui permettra de mieux saisir des cas particuliers ».
« Il faut libérer l’investissement »
Parmi les thèmes prioritaires de la FHF, les déserts médicaux sont « une urgence nationale », annonce Frédéric Valletoux, qui lance un appel au secteur privé. « Nous plaidons pour le retour de l’obligation pour les médecins libéraux de participer à la permanence des soins, indique-t-il. Cette mesure a été supprimée en 2004 mais la réalité du terrain est différente en 2017. » L’autre priorité concerne les investissements, un point faible qui freine la réorganisation du secteur hospitalier, selon la FHF. « Aujourd’hui, il y a un besoin de 5 milliards mais la réalité c’est plutôt 3 milliards par an. Il faut libérer l’investissement car on ne peut pas demander aux établissements de repenser leur organisation sans accompagnement ».
« Il faut absolument des avancées en télé-imagerie »
Concernant l’imagerie médicale, le président de la FHF espère voir évoluer la prise en charge des actes à distance. « L’imagerie est le domaine où l’incarnation de la télémédecine est majeure, assure-t-il. Nous nous battons pour le déverrouillage du modèle de financement de la télémédecine et pour voir financer des actes de télémédecine qui ne le sont pas aujourd’hui. Nous voulons convaincre l’Assurance maladie qu’il faut des avancées sur le sujet. Les solutions technologiques existent pour répondre en partie à la question des déserts médicaux, mais le financement n’est pas là. »
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