En matière de radioprotection, la préoccupation majeure de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) est de favoriser le développement de la formation initiale et continue des professionnels. Dans son rapport sur l’état de la sûreté nucléaire et de la radioprotection en France en 2016, publié le 12 juillet, elle désigne la radiologie interventionnelle comme l’une de ses priorités. Elle estime en effet que les mesures édictées dans ce domaine « ne sont toujours pas suffisamment mises en œuvre pour améliorer la radioprotection des patients et des professionnels, notamment dans les blocs opératoires ».
Plus de formation et de moyens nécessaires
Les mesures en question ciblent notamment la formation des utilisateurs et l’assurance qualité. L’ASN recommande aussi l’augmentation des moyens alloués aux personnes compétentes en radioprotection (PCR), la formation des professionnels à la radioprotection des patients et la publication de guides de bonnes pratiques par les sociétés savantes.
Une culture de radioprotection toujours insuffisante en interventionnel
Les événements significatifs de radioprotection (ESR) dans le domaine de la radiologie interventionnelle ne représentent que 3 % de l’ensemble des événements déclarés à l’ASN dans le domaine médical. L’autorité souligne toutefois l’importance des conséquences de l’exposition chez certains patients, ainsi que des dépassements des limites réglementaires chez les professionnels. Les rapporteurs s’inquiètent du manque de formation des praticiens libéraux intervenant dans les blocs opératoires. Selon eux, cette lacune traduit « une faible culture de radioprotection prégnante dans ce secteur ».
Il faut mieux protéger les patients en radiologie conventionnelle
En radiologie conventionnelle, la prise en compte de la radioprotection des travailleurs « apparaît satisfaisante » à l’ASN. Pour la radioprotection des patients, en revanche, « des progrès sont encore nécessaires, en particulier pour une meilleure appropriation du principe de justification ». En la matière, « l’implication de la PCR, la réalisation des contrôles techniques de radioprotection des installations, les contrôles de qualité des équipements et la formation technique à l’utilisation du scanner » figurent parmi les points forts relevés par l’ASN. Du côté des points faibles, le rapport cite notamment l’optimisation des protocoles d’examen et la formation des professionnels à la radioprotection des patients. Il pointe aussi l’analyse des données dosimétriques relatives aux NRD et l’utilisation des logiciels de réduction de dose.
Renforcer la justification et l’optimisation au scanner
Pour le scanner, l’ASN note que l’application des principes de justification et d’optimisation « reste très hétérogène d’un site à l’autre » et cible comme enjeu prioritaire « le renforcement de l’application effective des principes de justification et d’optimisation pour maîtriser l’augmentation des doses délivrées aux patients ».
Encore quelques efforts en médecine nucléaire
Dans le domaine de la médecine nucléaire, enfin, l’ASN estime que de progrès doivent être faits « en matière de formation continue des travailleurs à la radioprotection ». Parmi les faiblesses signalées, le rapport pointe les analyses des postes de travail. Ces dernières ne seraient en effet « pas réalisées pour l’ensemble des postes de travail et n’incluent pas toujours l’exposition interne des travailleurs ». L’autorité ajoute que les contrôles techniques de radioprotection « sont encore très souvent incomplets et ne respectent pas les fréquences réglementaires ». Concernant la radioprotection des patients, l’ASN demande qu’elle soit améliorée « en mettant sous assurance qualité, en particulier, les contrôles à opérer lors de l’utilisation des systèmes automatisés ». Pour la médecine nucléaire, l’autorité rapporte 117 ESR déclarés en 2016, dont la majorité (63 %) concernait des patients lors d’un examen diagnostic.
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