Législation

Le décret d’actes peut-il impacter les pratiques de téléradiologie ?

Le nouveau décret d’actes du métier de manipulateur radio autorise les manips à réaliser les examens non injectés sans la présence d'un radiologue. Cette configuration pourrait-elle faciliter les pratiques de téléradiologie ? Pas pour les représentants des deux professions.

Le 30/01/17 à 8:00, mise à jour aujourd'hui à 15:27 Lecture 2 min.

« L'ancien texte n'a pas empêché la téléradiologie de se développer », estime Fabein Voix, président de l'AFPPE (photo d'illustration). © C. F.

Parce qu’il leur permet de réaliser certains actes courants en l’absence – mais toujours sous la responsabilité – du médecin, le nouveau décret d’actes des manipulateurs d’électroradiologie médicale pourrait faciliter le développement de la téléradiologie. Selon Fabien Voix, président de l’Association française du personnel paramédical d’élecroradiologie (AFPPE), il ne devrait pourtant pas changer grand-chose, pour la bonne raison que la téléradiologie ne l’a pas attendu ! « Si on avait respecté l’ancien texte au pied de la lettre, la téléradiologie n’aurait pas pu exister, pourtant cela n’a pas empêché son développement, ironise-t-il. Ce n’est donc pas parce qu’on autorise aujourd’hui les manips à travailler seuls pour certains examens qu’elle va exploser. »

Ramener les pratiques dans le cadre de la loi

Le décret d’actes a tout de même un effet : celui de ramener les pratiques dans le cadre de la loi. « Dans les cas où le manip est seul, si un médecin est responsable de l’acte, valide le protocole et fait le compte rendu, qu’il soit physiquement présent ou en téléradiologie, le manip aura le droit de travailler, ce qu’il faisait déjà avant… mais sans couverture », poursuit Fabien Voix.

Une porte ouverte aux dérives ?

Le texte ne serait-il cependant pas susceptible de favoriser les situations dans lesquelles la téléradiologie remplacerait presque totalement le médecin ? « Un radiologue pourrait ouvrir deux cabinets et n’être présent que dans l’un d’entre eux pour faire des échographies, tandis que les manips feraient seuls les radios dans l’autre, reconnaît Fabien Voix, qui précise que les problèmes de dérives ne viendront pas des manips, qui n’ont pas la possibilité de dire au radiologue de venir ou pas. » Le président de l’AFPPE invite les manipulateurs à toujours se demander s’ils sont bien dans les clous. Le nouveau texte leur permet de mieux se situer : « Aujourd’hui les manips sont mieux encadrés du point de vue législatif et réglementaire qu’auparavant », assure-t-il. « Il ne faut pas s’imaginer que ce décret autorise à lâcher les manipulateurs dans la nature, estime pour sa part Laurent Verzaux, responsable du groupe téléradiologie de la Société française de radiologie (SFR). Il y a régulièrement des situations qui ne devraient pas exister et les manipulateurs qui considèrent qu’ils ne sont pas suffisamment encadrés ont le droit de le dire. On entend quelques fois des manipulateurs qui sont livrés à eux-mêmes, ce n’est pas acceptable. »

« En téléradiologie, on ne fait pas n’importe quoi »

Au final, qu’il s’agisse ou non de téléradiologie, tout est une question de balisage : « En téléradiologie, les professionnels savent avec quelles sociétés ils traitent. Les pratiques se sont protocolisées, il y a eu des recommandations du G4, on ne fait pas n’importe quoi. Si la téléradiologie reste bien encadrée, on laisse moins à l’abandon les manips que dans une configuration où l’on n’est pas en téléradiologie et où le radiologue n’est pas là », conclut Fabien Voix.

Auteurs

Carla Ferrand

Journaliste cheffe de rubrique

Voir la fiche de l’auteur

Discussion

Aucun commentaire

Laisser un commentaire

Sur le même thème

Le fil Docteur Imago

21 Août

14:00

Ajouter l'évaluation de la calcification du cartilage costal par scanner améliore la prédiction basée sur le score calcique des maladies cardiovasculaires chez des patients atteints de diabète sucré ancien. Étude.

7:00

L'analyse des images de TEP-TDM révèle une incidence élevée d'ostéopénie et d'ostéoporose chez des patientes atteintes d'un cancer du sein âgées de moins de 65 ans (étude).
20 Août

15:00

Une étude menée au Royaume-Uni montre qu'une majorité (64 %) de parents pensent que l’IA serait plus précise pour interpréter des radiographies pédiatriques, mais ils souhaitent également que cette interprétation soit supervisée par un médecin.

7:00

Des algorithmes d'IA soumis lors du RSNA AI Challenge 2023 ont identifié différents cancers du sein lors du dépistage par mammographie et les modèles ont augmenté la sensibilité tout en maintenant de faibles taux de rappel (étude).
Docteur Imago

GRATUIT
VOIR