« Quand un médecin généraliste prend en charge un patient et qu’il l’adresse à un spécialiste, il ne fait pas une demande d’examen : il sollicite une prise en charge adaptée, lance une radiologue dans le public. Les radiologues sont les mieux à même de déterminer quel examen est le plus approprié. » C’est par ce rappel qu’a débuté l’échange organisé à l’issue d’une session dédiée à la pertinence des actes, lors des Journées francophones de radiologie (JFR), le 14 octobre. Les participants ont abordé les solutions et les freins à l’amélioration de la pertinence des examens d’imagerie médicale.
Une impérieuse nécessité de demandes dûment renseignées
« Il faut qu’on revendique, nous, médecins radiologues, ce rôle dans le choix du bon examen pour le patient, intervient Jean-Charles Leclerc, secrétaire général de la FNMR et modérateur de la session. Certains confrères généralistes travaillent en ce sens. » Pour Eric Drahi, médecin généraliste et auteur d’une présentation sur ce thème, il existe « une impérieuse nécessité de demandes d’examen dûment renseignées. Je l’ai expérimenté et j’ai reçu immédiatement l’appel d’une secrétaire, me disant que je n’avais pas noté l’examen que je voulais faire, témoigne-t-il. Ça nécessite donc aussi une organisation drastique des cabinets de radiologie. Dans l’idéal, toutes les demandes devraient être validées par le radiologue et le secrétariat proposerait un rendez-vous adapté à la situation du patient. »
Un modèle économique pour consacrer du temps à cette activité
« Cela nécessite aussi un modèle économique qui permette de consacrer du temps à cette activité, intervient Élisabeth Schouman-Claeys, PU-PH à l’AP-HP, également modératrice de la session. Or pour le moment, le modèle économique favorise le volume. » Jean-Charles Leclerc confirme : « Le modèle économique doit intégrer aussi la non-réalisation de l’acte. Parce que ne pas faire un acte, c’est parfois effectivement la solution. »
Un besoin de changement de mentalité
Laurent Verzaux, radiologue au Havre, souligne la nécessité d’un bon équipement. « Il y a encore beaucoup de chemin à parcourir parce qu’un changement d’organisation dans les cabinets de radiologie n’est pas suffisant. Pour répondre correctement à la demande, il faut aussi un plateau technique complet et diversifié, estime-t-il. Car si le radiologue qui n’a pas accès à l’imagerie en coupes est sollicité pour un examen du rachis, et qu’il pense que c’est mieux de faire une IRM, il pourrait faire d’abord une radio pour garantir sa survie. » Il suggère aussi un besoin de changer de mentalité : « Certains confrères nous disent en effet, « Moi je fais ce qu’on me demande ». Ça réclame beaucoup d’efforts des uns et des autres, et des moyens. »
Faire des économies de façon intelligente
Et Jean-Charles Leclerc de conclure sur le sujet : « Il faut arriver à réfléchir avec les organismes payeurs pour trouver un modèle où l’on peut faire des économies de façon intelligente, pas en baissant la cotation des actes, mais en faisant moins d’actes peu ou pas pertinents. On aimerait beaucoup aller vers ce modèle, mais il faut être honnête : c’est difficile. Les organismes payeurs veulent des économies tout de suite. Les actions sur la pertinence sont plus difficiles à évaluer et les économies qu’elles engendrent ne tombent pas tout de suite comme lors d’une baisse de cotation. Il faudra tout de même aller vers cela. Sinon, on ne progressera pas. »
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