Communication

Un bon soignant est aussi un bon communicant

Le Congrès européen de radiologie a consacré une session sur la communication. Un enjeu de taille à l’heure où les nouvelles technologies facilitent le transfert d’informations mais où les professionnels de santé doivent affronter une surcharge de travail.

Le 05/04/17 à 15:00, mise à jour aujourd'hui à 14:07 Lecture 3 min.

« Les patients qui ont un haut degré de confiance dans leur médecin sont moins enclins à discuter des risques des examens d'imagerie », a expliqué Daniele Regge, radiologue à l'institut de cancérologie Candiolo de Turin. © Carla Ferrand

Pour Jane Adam, radiologue au St George’s Hospital de Londres (Royaume-Uni), maintenir une communication efficace est un enjeu primordial pour les professionnels de santé. Que ce soit entre eux, au sein du même établissement ou à distance, mais également avec les patients. « Les défis de la communication peuvent être importants, même lorsque le radiologue et le médecin référent exercent dans la même structure », a-t-elle expliqué lors du dernier Congrès européen de radiologie. L’événement s’est tenu du 1er au 5 mars à Vienne, en Autriche. Pour elle, « la discussion verbale directe dans les réunions clinicoradiologiques peut ajouter une valeur considérable ». Quant à la discussion directe avec les patients, « elle est reconnue comme étant importante pour l’avenir de la radiologie ». Malheureusement, « elle est de plus en plus menacée par le volume de travail. »

Comment informer les patients ?

Sur ce sujet, Daniele Regge, radiologue à l’institut de cancérologie Candiolo de Turin (Italie), a présenté les résultats d’une étude sur la communication des risques des rayonnements ionisants aux patients. Elle a été menée en 2015 chez des patients du centre de cancérologie Memorial Sloane Kettering de New York (États-Unis). Les auteurs ont suivi trente patients atteints de différents types de cancers. Les résultats démontrent que la communication sur les risques dépend de plusieurs facteurs. « Les patients qui ont un haut degré de confiance dans leurs médecins étaient moins enclins à discuter sur les risques, indique Daniele Regge. La plupart des patients interrogés ont déclaré qu’un risque éventuel n’altérerait pas leur décision de passer un examen irradiant. De plus, quand les patients sentaient que l’imagerie était médicalement nécessaire, ils étaient moins enclins à discuter des risques », constate-t-il.

Les patients en cours de traitement posent moins de questions

Par ailleurs, les patients en cours de traitement ou à un stade avancé de la maladie étaient moins enclins à poser des questions sur les risques potentiels. Ils considéraient en effet qu’elle leur permettait de suivre leur maladie. « Enfin, les patients dont le cancer avait été diagnostiqué grâce à l’imagerie ont eu tendance se focaliser sur les bénéfices plutôt que les risques. Une fois arrivés en phase de guérison ils souhaitaient plus d’information sur les risques », conclut Daniele Regge.

Plus qu’un simple transfert d’information

Pour Werner Jaschke, directeur du département de radiologie à la faculté de médecine d’Innsbruck (Autriche), la communication est plus qu’un simple transfert d’information. « Elle se base à la fois sur le contenu et les sentiments, explique-t-il. Lorsque deux personnes se parlent, le contenu ne représente que 10 % des informations transmises, les 90 % restant sont des sentiments. » L’intervenant rappelle les prérequis de la communication verbale et écrite. « Il faut utiliser une terminologie standard lorsque l’on communique des informations, s’assurer que les déclarations sont directes et sans ambiguïtés. Il convient de communiquer les informations dans le bon ordre, de demander ou fournir une clarification si besoin et d’informer les personnes appropriées s’il y a un changement. Enfin, il faut communiquer toutes les informations demandées par les professionnels en charge du patient », détaille-t-il.

Les obstacles à la communication

Parmi les obstacles, Werner Jaschke cite « le manque de professionnels, la multiplication des tâches et la surcharge de travail ». Il évoque aussi « les comptes rendus mal rédigés, peu structurés et incohérents qui peuvent entraîner de mauvaises décisions. » À cette liste, il ajoute « l’absence d’interaction avec le médecin référent, le manque de responsabilité engendré par le télétravail, et le fait que le radiologue ne soit pas disponible pour le patient ou le médecin référent. »

La technologie transforme la communication

Dans le domaine de la santé, la technologie a permis de développer la communication à distance, notamment avec la téléradiologie et la téléconsultation. Mais cela ne fait pas tout. « La communication au-delà des murs de l’hôpital n’est pas juste une question d’équipements techniques, remarque Werner Jaschke. C’est aussi une question de distance à proprement parler qui a un impact sur la relation entre les partenaires communicants. L’effet distance requiert un effort supplémentaire pour surmonter les problèmes associés aux télécommunications. Il peut aussi exister une « distance » entre des personnes qui ne sont pas éloignées. C’est pourquoi l’attitude personnelle et professionnelle influence considérablement le rôle du radiologue. Intensifier la communication et la collaboration est une valeur ajoutée qui améliore la qualité des soins des patients. »

Auteurs

Carla Ferrand

Journaliste cheffe de rubrique

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