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Rencontre avec deux experts de la maladie d’Alzheimer

Quelle place pour la TEP dans la perspective de l’arrivée de traitements anti-amyloïdes ?

En France, 1 million de personnes seraient atteintes par la maladie d’Alzheimer, représentant ainsi un défi de santé publique. Avec l’émergence de nouvelles thérapies, telles que les anticorps anti-amyloïdes, l’intérêt pour les techniques de diagnostic précises, notamment l’imagerie TEP amyloïde, prend une importance croissante. Deux experts, le docteur Éric Guedj, médecin nucléaire et le docteur Mathieu Ceccaldi, neurologue, expliquent les bénéfices cliniques et les impacts sur les patients de cette technologie en France.

Le 09/12/24 à 0:00, mise à jour le 11/12/24 à 10:13 Lecture 8 min.

La TEP (tomographie par émission de positons) est une technique d’imagerie fonctionnelle qui permet de détecter la distribution de traceurs faiblement radioactifs. © GE Healthcare

Dr Éric Guedj

Pourriez-vous vous présenter et évoquer vos expériences respectives sur la TEP amyloïde ainsi que votre approche de la maladie d’Alzheimer ?

Docteur Éric Guedj (E. G.) / Professeur de biophysique et de médecine nucléaire à l’hôpital de la Timone, à Marseille, je suis un spécialiste de l’imagerie cérébrale moléculaire. Je coordonne, sur cette thématique, le GT-Neuro de la Société française de médecine nucléaire (SFMN) et les recommandations internationales pour l’European Association of Nuclear Medicine (EANM). Avec le Dr Ceccaldi, nous avons mené une étude française multicentrique démontrant l’utilité clinique de cette technologie, avec un impact positif sur la pratique des neurologues. Cette publication scientifique constitue une des études pivots qui ont permis à l’HAS de donner un avis favorable à l’indication de la TEP amyloïde dans la maladie d’Alzheimer. Cette activité a depuis débuté sur notre hôpital avec la mise en place d’une réunion de concertation pluridisciplinaire. Nous collaborons par ailleurs avec l’équipe du Dr Ceccaldi sur des études de recherche clinique visant à évaluer l’efficacité de traitements anti-amyloïdes dans la maladie d’Alzheimer. L’imagerie TEP est ici utilisée pour confirmer l’inclusion du patient, en s’assurant que la cible thérapeutique est bien exprimée au niveau cérébral, et pour évaluer la diminution de la charge amyloïde après traitement.

Dr Mathieu Ceccaldi

Docteur Mathieu Ceccaldi (MC) / Professeur de neurologie à la faculté de médecine de Marseille et chef du service de Neurologie/Neuropsychologie à l’hôpital de la Timone (APHM), mon travail se concentre sur le diagnostic et le traitement des troubles cognitifs. Parallèlement, je coordonne le Centre Mémoire Ressources et Recherches (CMRR) sur la maladie d’Alzheimer pour la région PACA Ouest. En collaboration avec des spécialistes comme le Dr Guedj, nous avons intégré l’imagerie TEP amyloïde pour améliorer la précision et la certitude des diagnostics.

Pourriez-vous nous expliquer le fonctionnement et l’utilisation de l’imagerie TEP des plaques amyloïdes et les informations que cet examen apporte ?

Dr E. G. / La TEP (tomographie par émission de positons) est une technique d’imagerie fonctionnelle qui permet de détecter la distribution de traceurs faiblement radioactifs. La TEP amyloïde met spécifiquement en œuvre des traceurs capables de se fixer sur les plaques amyloïdes dans le cerveau. Cette technique permet ainsi de visualiser et de quantifier les dépôts amyloïdes, fournissant une image précise des zones cérébrales affectées et préservées. Le déroulé est simple, rapide et ne nécessite aucune préparation particulière. Le produit est administré au patient par voie intraveineuse. Après un temps de latence d’1h30, nous réalisons l’examen. Il dure environ 15 minutes et les résultats sont immédiats. Un examen négatif exclue la présence de plaques amyloïdes et, par voie de conséquence, une maladie d’Alzheimer. Cette imagerie est pratiquée en deuxième intention lorsque la ponction lombaire n’est pas possible ou ses résultats incertains. La TEP offre alors une confirmation ou une infirmation du diagnostic de dépôts amyloïdes dans le cerveau, permettant d’orienter plus précisément la prise en charge des patients.

Dr M. C. / L’imagerie TEP amyloïde apporte des informations cruciales sur la présence de plaques amyloïdes, qui sont l’un des marqueurs principaux de la maladie d’Alzheimer. En présence de signes

cliniques et d’une neuroimagerie anatomique compatibles avec le diagnostic, elle permet de conforter le diagnostic avec un degré de confiance supplémentaire. En pratique clinique, cette technique nous aide à orienter les décisions thérapeutiques en conséquence. En tant que neurologue, cet examen est extrêmement intéressant car il est actuellement le seul examen d’imagerie disponible en soins courants à donner une approche moléculaire de la pathologie spécifique de la maladie. À mon sens, la TEP est probablement l’imagerie qui a le plus d’avenir dans les pathologies de la cognition car elle permet d’appréhender la biologie du cerveau. En France, bien que l’utilisation soit encore limitée, cette technologie pourrait révolutionner le repérage de la maladie d’Alzheimer, surtout avec l’arrivée potentielle de nouveaux traitements qui nécessiteront une confirmation précise du diagnostic.

La TEP amyloïde met spécifiquement en œuvre des traceurs capables de se fixer sur les plaques amyloïdes dans le cerveau. Cette technique permet ainsi de visualiser et de quantifier les dépôts amyloïdes, fournissant une image précise des zones cérébrales affectées et préservées.© GE Healthcare

Au quotidien, comment abordez-vous les cas de suspicion de maladie d’Alzheimer ?

Dr M. C. / En premier lieu, les patients viennent consulter pour une plainte cognitive, formulée par eux-mêmes ou leur entourage. Ils sont souvent reçus dans l’une des 400 consultations mémoire accessibles en France. Nous commençons par une évaluation clinique complète comprenant un bilan neuropsychologique, un examen somatique, un bilan sanguin et une imagerie par IRM pour écarter des diagnostics différentiels et renseigner la présence éventuelle d’une atrophie corticale, notamment dans les régions temporales internes et autres zones cérébrales « signature » de la maladie d’Alzheimer. L’objectif est à la fois positif et différentiel afin d’exclure d’autres causes potentielles, comme des tumeurs.

Lorsque les patients sont jeunes, ont des profils atypiques ou un déficit cognitif persistant et, de manière générale, quand ils sont atteints de formes légères n’ayant pas trop altéré leur autonomie, nous pouvons documenter l’étiologie à l’aide de biomarqueurs de la maladie d’Alzheimer. Nous procédons alors le plus souvent à l’analyse du liquide cérébro-spinal recueilli grâce à une ponction lombaire. L’imagerie TEP amyloïde est réservée aux cas où la ponction lombaire est impossible à réaliser ou quand son résultat est ambigu. Environ 20 % de patients reçus en consultation dans mon service sont concernés par une recherche de biomarqueurs (par ponction lombaire ou TEP amyloïde).

Dr E. G. / En tant que médecin nucléaire, j’interviens à la suite de l’évaluation initiale faite par les neurologues. Dans les cas spécifiques évoqués par le Docteur Ceccaldi, en deuxième intention, nous réalisons une TEP pour visualiser la possible présence de plaques amyloïdes dans le cerveau de ces patients, une étape cruciale pour établir, avec un gain de certitude, le diagnostic de maladie d’Alzheimer. Cette activité est structurée par une réunion de concertation pluridisciplinaire (RCP), associant cliniciens et médecins nucléaires, nous permettant de retenir à l’échelon régional les meilleures indications de ces examens et d’intégrer leurs résultats aux modifications de prise en charge diagnostique et thérapeutique.

Selon vous, comment les nouvelles thérapies peuvent-elles modifier le parcours diagnostic des patients et leur prise en charge ?

Dr M. C. / Pour justifier l’utilisation de ces nouvelles thérapies, un diagnostic précis est crucial. Destinées aux patients en début de maladie ou présentant des symptômes atypiques, elles augmenteront le recours à la recherche de biomarqueurs, donc mécaniquement le nombre de TEP amyloïdes, afin d’identifier les sujets qui bénéficieront de ces nouveaux traitements.

« La TEP amyloïde permettrait de surveiller l’efficacité des thérapies en cours, en fournissant une évaluation précise et continue des dépôts amyloïdes. »

Par ailleurs, un préjugé persistant selon lequel la perte de mémoire en vieillissant est une fatalité, retarde souvent les consultations, les patients arrivant alors à des stades avancés. En faisant entrer la maladie d’Alzheimer dans une ère thérapeutique, ces traitements souligneront l’importance du repérage et donc du diagnostic précoce, améliorant ainsi la prise en charge thérapeutique des patients. En effet, les anticorps anti-amyloïdes montrent une diminution du déclin de 30 % par rapport au déclin cognitif et fonctionnel constaté chez des patients non traités. La TEP amyloïde permettrait également de surveiller l’efficacité des thérapies en cours, en fournissant une évaluation précise et continue des dépôts amyloïdes. Moins invasive que la ponction lombaire, elle pourrait être utilisée plus aisément pour le suivi de la clearance de la pathologie amyloïde provoquée par ces nouveaux traitements.

Dr E. G. / Pour la maladie d’Alzheimer, l’arrivée des nouvelles thérapies peut être véritablement le game changer du développement de cette imagerie. L’approbation de ces médicaments anti-amyloïdes rend la TEP amyloïde encore plus essentielle au parcours diagnostique de ces patients, en premier lieu pour confirmer la bonne indication. Des études ont montré que l’imagerie TEP permettait de récuser ce traitement chez environ 30 % des patients pour lequel il était envisagé, en démontrant chez eux l’absence de plaques amyloïdes, et donc par anticipation l’absence de bénéfice clinique possible.

Se pose ensuite la question de l’évaluation objective de l’efficacité de ces traitements pour décider de leur arrêt lorsque le patient ne présente plus de dépôts de plaques amyloïdes dans le cerveau. La TEP amyloïde ne serait alors plus seulement utilisée pour le diagnostic initial et indiquer le traitement, mais aussi pour le suivre, ajuster sa durée et limiter ses potentiels effets secondaires ou complications. Des études ont d’ailleurs suggéré la pertinence médico-économique de cette approche. Cela nécessiterait une expansion des capacités de neuro-imagerie et une formation accrue de nos spécialistes pour répondre à ces nouvelles pratiques.

Docteur Imago

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