Cardiologie

Amélioration de la détection des cicatrices cardiaques grâce à l’imagerie par IRM en sang noir

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Aurelien Bustin, Thaïs Génisson, Victor de Villedon de Naide, Édouard Gerbaud, Kalvin Narceau, Théo Richard, Pauline Gut, Hubert Cochet et Matthias Stuber Aujourd'hui à 7:00, mise à jour aujourd'hui à 10:13 Lecture 11 min.

Résumé

L’IRM par rehaussement tardif (RT) est la méthode de référence pour l’évaluation des cicatrices myocardiques, mais elle présente des limites en termes de contraste et de segmentation, entraînant des incertitudes diagnostiques dans 15 à 20 % des cas. L’IRM en sang noir améliore la détection des lésions en supprimant le signal sanguin et des tissus sains, optimisant ainsi le contraste et la quantification des cicatrices. Cette technique repose sur des modules préparatoires (préparation T2, transfert d’aimantation, T1-rho) et un temps d’inversion optimisé, pouvant être automatisé pour réduire la variabilité interopérateur. Elle est compatible avec les acquisitions en apnée ou sous respiration libre avec correction de mouvement et permet une meilleure analyse des patients porteurs de dispositifs implantés grâce aux séquences wideband. L’IRM en sang noir améliore la détection des micro-infarctus et des lésions du ventricule droit, ainsi que des infarctus des muscles papillaires avec une précision accrue. Son association avec des algorithmes d’intelligence artificielle pourrait automatiser la segmentation des cicatrices, réduisant le temps d’analyse et la variabilité. L’imagerie 3D sang noir, actuellement en développement, pourrait encore renforcer son intérêt pour la planification d’interventions cardiaques. Ces avancées positionnent l’IRM en sang noir comme une technique prometteuse pour le diagnostic et le suivi des cardiopathies ischémiques.

Introduction

L’imagerie par résonance magnétique (IRM) est un outil essentiel pour l’analyse des cicatrices myocardiques, notamment celles causées par un infarctus du myocarde. La technique de référence, le rehaussement tardif (RT), repose sur l’injection d’un agent de contraste (e.g. gadolinium) et l’utilisation de séquences d’inversion-récupération [1,2]. Bien que cette approche soit utilisée depuis 25 ans, elle présente des limites notables. En particulier, le contraste entre cicatrice et cavité sanguine reste parfois insuffisant, compliquant la visualisation de certaines cicatrices. De plus, la segmentation manuelle des structures cardiaques ralenti le processus d’analyse et l’expose à des variations intra- et interopérateurs [3].

Il a été montré dans plusieurs études qu’environ 15 à 20 % des examens RT présentent des incertitudes dans la détection des cicatrices. C’est en particulier le cas pour les lésions sous-endocardiques, de petite taille, ou celles affectant le ventricul

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Notes

Financements : Cette recherche a bénéficié d’un financement de l’Agence nationale de la recherche (ANR) française dans le cadre des conventions de subvention Equipex MUSIC ANR-11-EQPX-0030, Programme d’Investissements d’Avenir ANR-10-IAHU04-LIRYC, et ANR Chaire Professeur Junior. Ce projet a reçu un financement du Conseil européen de la recherche (ERC) dans le cadre du programme de recherche et d’innovation Horizon Europe de l’Union européenne (convention de subvention n° 101076351).

Auteurs

Aurelien Bustin

Professeur en imagerie cardiovasculaire IHU Liryc, université de Bordeaux, hôpital cardiologique du Haut-Lévêque, CHU de Bordeaux, CHU de Lausanne

Thaïs Génisson

Doctorante IHU Liryc, université de Bordeaux, INSERM U1045 Bordeaux

Victor de Villedon de Naide

Doctorant IHU Liryc, université de Bordeaux / Hôpital cardiologique du Haut-Lévêque, CHU de Bordeaux Pessac

Édouard Gerbaud

Cardiologue interventionnel IHU Liryc, université de Bordeaux / Hôpital cardiologique du Haut-Lévêque, CHU de Bordeaux Pessac

Kalvin Narceau

Doctorant IHU Liryc, université de Bordeaux, INSERM U1045 Bordeaux

Théo Richard

Ingénieur IHU Liryc, université de Bordeaux, INSERM U1045 Bordeaux

Pauline Gut

Doctorante IHU Liryc, université de Bordeaux, INSERM U1045 Bordeaux

Hubert Cochet

Médecin radiologue IHU Liryc, université de Bordeaux / Hôpital cardiologique du Haut-Lévêque, CHU de Bordeaux Pessac

Matthias Stuber

Professeur spécialiste en IRM IHU Liryc, université de Bordeaux / Département de radiologie diagnostique et interventionnelle, CHU de Lausanne / Center for biomedical Imaging, Lausanne

Déclaration des liens d'intérêts

Aucun lien d’intérêts déclaré par le(s) auteur(s) de cet article.

Bibliographie

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