Journées francophones de radiologie

L’échographie gagne en puissance et en ergonomie

Aux Journées francophones de radiologie, une radiologue « junior » a fait le bilan des dernières évolutions de l’imagerie ultrasonore. Pour elle, l’échographie est aujourd’hui plus simple d’utilisation et ses capacités de diagnostic s’améliorent.

Le 27/01/17 à 12:00, mise à jour aujourd'hui à 14:15 Lecture 4 min.

« La taille et le poids des échographes diminue alors que leur puissance de traitement des données et leur ergonomie progressent », explique Lucy Di Marco (photo d'illustration). © Benjamin Bassereau

L’évolution de l’échographie s’est accélérée ces dernières années, constate Lucy Di Marco, interne en radiologie au CHU de Dijon. « Nous avons assisté à une nette diminution de la taille et du poids des appareils alors que la puissance de traitement des données et l’ergonomie se sont améliorées », a-t-elle rappelé dimanche 16 octobre 2016, lors d’une session des Journées francophones de radiologie au cours de laquelle elle est revenue sur les principales nouveautés.

L’échographie multiparamétrique fusionne les modalités

Parmi les développements en matière de diagnostic, le marché des échographes a vu apparaître des plateformes « premium », qui embarquent des modalités avancées, explique-t-elle. L’échographie multiparamétrique est l’une d’entre elles. Elle combine une imagerie tissulaire harmonique anatomique en mode B, l’imagerie Doppler et micro-Doppler, l’élastographie par ondes de cisaillement, l’imagerie 4D avec fusion au scanner, à l’IRM et à la TEP-TDM et l’imagerie fonctionnelle, avec la possibilité d’utiliser des produits de contraste ultrasonore et des microbulles thérapeutiques.

D. R.

En mode B haute résolution, visualisation d’une masse bien limitée hétérogène avec des logettes liquidiennes, peu dure sur la cartographie en élastographie pouvant évoquer un hématome, mais avec nette hyperhémie au micro-Doppler. D. R.

Les deux élastographies repèrent les cancers

Il existe deux approches de l’élastographie. L’élastographie statique, ou Strain-Elastography, est réalisée en exerçant une contrainte externe avec des cycles de compressions sur l’organe cible par la sonde. L’élastographie par ondes de cisaillements ou Shear-Wave Elastography permet d’obtenir une cartographie couleur de l’élasticité en 2D sans appliquer de pression par la sonde ; elle est donc plus facile à réaliser et moins opérateur dépendante. « L’élastographie mammaire peut compléter la palpation et déterminer si la lésion est dure ou souple. Elle améliore la classification des lésions BI-RADS 3 et le management des lésions BI-RADS 4a. Elle est également utile pour la prostate et permet de déceler des cancers non visibles en IRM », décrit Lucy Di Marco. Autre avantage : « C’est une technique assez reproductible, accessible à tous, même aux juniors ». Elle a pourtant ses limites, prévient la jeune radiologue. « Il faut garder en mémoire que tous les cancers ne sont pas durs et que toutes les lésions dures ne sont pas des cancers. Il faut donc bien savoir corréler l’élastographie au mode B, au Doppler voire aux autres modalités d’imagerie. »

Le micro-Doppler voit les plus petits vaisseaux

Le micro-Doppler offre la possibilité d’étudier les microvaisseaux. Différentes techniques sont disponibles selon les constructeurs. « Le Superb MicroVascular Imaging® développé par Toshiba repose sur un algorithme adaptatif qui permet de détecter les signaux vasculaires et de les séparer du mouvement tissulaire. Le Doppler Ultrafast® de la société Supersonic Imagine fusionne le Doppler couleur et le Doppler pulsé pour une acquisition simultanée qualitative et quantitative. Quant à l’Angio PL.U.S®, il autorise la visualisation de la microvascularisation (flux lents) des tissus avec une résolution très élevée, énumère Lucy Di Marco. Le Smart Flow Imaging® de Carestream permet pour sa part d’estimer et d’afficher les vitesses même si le flux est perpendiculaire au faisceau ultrasonore ». La fusion d’images est une autre avancée de l’échographie. « La fusion des images d’échographie et d’IRM a notamment un intérêt en radiologie interventionnelle, explique l’intervenante. Elle permet à l’opérateur de se repérer en échographie grâce à un capteur lorsque la lésion est visible uniquement en IRM. »

D. R.

Une échographie de contraste a été réalisée pour mieux caractériser cette lésion. Elle objective un rehaussement progressif, faisant suspecter une lésion maligne, confirmée à la biopsie. D. R.

L’ergonomie progresse

L’aide au diagnostic est un autre domaine dans lequel l’échographie a fait des progrès. « Il existe des outils de détection semi-automatique des lésions de la thyroïde et du sein, qui aident aussi à classifier ces dernières suivant les critères TI-RADS et BI-RADS », mentionne Lucy Di Marco. Ce sont des supports appréciables pour les juniors. » Il est également possible d’avoir une aide à la rédaction du compte rendu. La manipulation des appareils devient plus aisée. « La connectique sans fil est de plus en plus répandue, avec le développement du WiFi et du Bluetooth. Des échographes peuvent désormais être contrôlés à distance. » Les écrans tactiles gagnent en ergonomie et les sondes peuvent avoir des boutons permettant le gel des images.

D. R.

La patiente a été traitée par radiofréquence et le contrôle permet d’objectiver une régression des logettes liquidiennes en mode B, un durcissement de la lésion en élastographie et la régression de la vascularisation intralésionnelle. D. R.

« Peut-être que nous n’aurons plus besoin d’utiliser de gel »

Ces évolutions vers plus d’ergonomie et d’applications en imagerie diagnostique et interventionnelle devraient s’accentuer, prédit Lucy Di Marco. À l’avenir, nous allons assister à l’amélioration des capacités diagnostiques grâce à l’échographie multiparamétrique, la quantification, la fusion, etc. Il faudra alors se former. Pour moi, l’évolution de l’échographe se fera vers un PACS intégré, un système de dictée intégré et l’ultra-portabilité avec du sans-fil. Et peut-être qu’un jour nous n’aurons plus besoin d’utiliser de gel », conclut-elle.

Auteurs

Virginie Facquet

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