Jean-Luc Mélenchon

« Le regroupement de médecins de même spécialité doit être encouragé »

Le candidat de la France insoumise souhaite mettre en place un système de santé égalitaire et de haut niveau. Côté radiologues, il prône notamment l'échange concernant la tarification des actes, le regroupement des professionnels et le recrutement de médecins à l'hôpital.

Le 31/03/17 à 11:00, mise à jour hier à 14:16 Lecture 4 min.

« La fixation des tarifs demeurera l’objet d’échanges entre les professionnels et l’assurance maladie », explique le candidat de la France insoumise. Stephane Burlot / Hans Lucas

Docteur Imago / Début 2017, l’UNCAM a décidé de baisser les tarifs de certains actes réalisés par les radiologues, pour opérer notamment des économies, provoquant le mécontentement des radiologues. Qu’en pensez-vous ?

Jean-Luc Mélenchon / Notre objectif est de rendre les soins de santé accessibles à tous. Tout en ayant à cœur la juste rémunération des professionnels, le financement de cet objectif passera notamment par l’interdiction des dépassements d’honoraires, dans le cadre d’une réforme visant à réduire la place du paiement à l’acte. Dans ce cadre, la fixation des tarifs demeurera l’objet d’échanges entre les professionnels et l’assurance maladie.

D. I. / Le taux d’équipement en IRM en France ainsi que les délais d’attente pour passer un tel examen inquiètent les professionnels de santé en imagerie médicale. Le système d’autorisation pour les équipements lourds en imagerie médicale doit-il évoluer, dans son concept même et/ou son application ?

J.-L. M. / Le regroupement de médecins de même spécialité, notamment nécessitant du matériel couteux tels que dans votre domaine, doit être encouragé.

D. I. / Les radiologues souffrent, comme les autres médecins, d’une pénurie démographique. Comptez-vous agir pour pallier ce problème ?

J.-L. M. / Un effort conjugué en faveur du renforcement des moyens dédiés à la santé devra également être réalisé. Nous mettrons ainsi un terme à la logique perverse de « l’hôpital-entreprise » pour restaurer le service public hospitalier, auquel doivent être donnés les moyens humains et financiers de fonctionner dans des conditions de travail respectueuses des soignants. Face à la pénurie démographique dont vous vous inquiétez à juste titre, nous assurerons le recrutement 62 500 soignants et médecins à l’hôpital.

Face au développement des déserts médicaux, nous créerons également un corps de médecins généralistes fonctionnaires rémunérés pendant leurs études, afin de pallier l’insuffisance de médecins dans certaines zones. Nous proposerons également la création massive de centres de santé pluridisciplinaires.

D. I. / La loi créant les groupements hospitaliers de territoire prévoit une mutualisation des moyens techniques et humains en imagerie médicale. Cela va-t-il dans le bon sens ?

J.-L. M. / La convergence des moyens que nous souhaitons ne devra pas se faire au prix d’une aggravation de la désertification médicale par une trop grande concentration des moyens dans les seuls CHU ou CH importants. Nous sommes favorables au maintien d’une médecine de proximité.

D. I. / Les médecins libéraux critiquent la mise en place du système de tiers payant généralisé. Comment voyez-vous leur place dans le système de santé ?

J.-L. M. / Nous souhaitons remettre en cause la dyarchie Assurance maladie / complémentaires santé et instaurer le remboursement à 100 % des soins de santé prescrits. Dans ce cadre, le système de tiers payant n’existera plus en l’état puisque la prise en charge sera de 100 %. Néanmoins nous maintiendrons le système qui permet aux patients de ne pas débourser d’argent.

D. I. / La radiologie interventionnelle fait l’objet de nombreuses avancées en termes de traitement mini-invasif pour les patients. D’un autre côté, les radiologues déplorent le manque de remboursement dans cette spécialité. Favoriserez-vous le développement de cette discipline ? Avec les radiologues ?

J.-L. M. / Nous souhaitons encourager notamment le remboursement de soins innovants permettant une prise en charge plus humaine des patients.

D. I. / Le décret d’actes des manipulateurs en électroradiologie médicale prévoit la délégation possible de l’échographie par les médecins. Cela doit-il être encouragé ? Dans quel but ?

J.-L. M. / La délégation de l’échographie par les médecins peut être une bonne méthode pour les actes courants. Cela va dans le sens d’une complémentarité des professionnels de santé. Néanmoins, cela doit être fait en maintenant la qualité des soins et en renforçant la pratiques en équipes pluridisciplinaires.

D. I. / Souhaitez-vous rajouter quelque chose ?

J.-L. M. / La santé doit constituer un des sujets majeurs de cette campagne présidentielle à l’heure où notre système de santé se dégrade, où les méfaits des politiques passées se traduisent par une souffrance au travail inacceptable à l’hôpital tandis qu’un nombre croissant de Français renonce à se soigner pour raisons financières. En ce sens, le délitement, progressif, invisible mais bien réel, de la solidarité et de l’égalité en santé est aussi un révélateur de la crise démocratique que traverse notre pays. La privatisation rampante du financement de l’assurance-maladie comme la libéralisation de l’hôpital s’accommodent fort bien d’une « gouvernance », focalisée sur les objectifs budgétaires, verticale, autoritaire et technocratique.

Rompre avec ce cycle suppose la mise en place d’un système de santé égalitaire et de haut niveau au service de l’ensemble des citoyens. A cette fin, le programme de la France insoumise, l’Avenir en commun, propose de :

  • garantir une prise en charge intégrale des prestations de soins et de prévention, tout en veillant à éviter les dépenses inutiles ;
  • sanctuariser les moyens humains, techniques et financiers nécessaires au fonctionnement du système de santé en France.

Notes

Réponses envoyées par Charlotte Girard, co-responsable du programme de la France Insoumise.

Auteurs

Jérome Hoff

Rédacteur en chef adjoint

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