Docteur Imago / Quel est le but de l’expérience ECHO ?
Philippe Arbeille / L’objectif est de démontrer qu’il est possible de réaliser une échographie à distance dans des conditions extrêmes comme une station spatiale internationale, les déserts médicaux, les zones isolées géographiquement, les zones inaccessibles pour cause de pollution chimique, bactériologique ou nucléaire, tremblements de terre… La démonstration dans la station spatiale internationale (ISS) le 18 avril était nécessaire car le Centre national d’études spatiales (CNES) a financé le développement d’un appareil de télé-échographie dans le cadre du programme « l’homme sur Mars ».
D. I. / Comment cette expérience a-t-elle été mise en place ?
P. A. / J’ai proposé un projet de développement d’un appareil télé-opérable à distance via internet et le CNES l’a accepté début 2014. Le prototype a été réalisé fin 2014 et validé médicalement en 2015. L’échographe a été développé en 2016 et lancé vers l’ISS en novembre dernier.
D. I. / Quel matériel a été utilisé ?
P. A. / Le modèle spatial comporte un échographe modifié, des sondes motorisées contrôlables à distance et les logiciels Teamviewer et Optimalog pour assurer la communication entre le poste de contrôle du centre expert et l’échographe et les sondes du site distant.
D. I. / Comment êtes-vous intervenu dans ce dispositif ?
P. A. / J’ai assuré la conception du système et les choix de performances techniques pour l’appareil final. J’ai sollicité les trois entreprises participant au développement technique et validé toutes les étapes de ce développement. J’ai ensuite conduit la validation médicale du dispositif sur 200 patients de déserts médicaux. Pour finir, j’ai piloté depuis le sol ̶ au CNES de Toulouse ̶ les orientations de la sonde ainsi que les réglages de l’échographe de l’ISS.
D. I. / Cette expérience peut-elle ouvrir de nouvelles perspectives pour la télé-échographie ?
P. A. / La validation du système utilisé dans l’ISS et dans les déserts médicaux a montré tout l’intérêt de ce système pour les patients isolés et les personnes âgées. Le système a été plébiscité par les patients et les médecins des déserts médicaux et je pensais que cette télé-échographie se diffuserait très largement. Le problème est que l’acte de télé-échographie n’est pas coté donc ceux qui seraient tentés de le pratiquer ne peuvent le facturer et personne ne se lance dans l’aventure. Sachant qu’il faut 2 à 3 ans pour parvenir à faire coter un nouvel examen…
[contenu_encadre img= » » titre= »L’expérience ECHO au CNES » contenu= »Pour étudier les modifications cardiaques et fonctionnelles entraînées par la micropesanteur, les astronautes de la station spatiale internationale disposent d’un échographe. Dans le cadre de l’expérience ECHO, le Centre national d’études spatiales (CNES) a utilisé le dispositif de télé-échographie qui permet aux médecins de prendre la main à distance sur l’appareil de la station depuis le sol : « Lorsque la sonde d’échographie est placée par l’astronaute sur la partie du corps qui va être analysée, l’expert peut optimiser la position de la tête de la sonde qui est robotisée, indique le communiqué du CNES (…) À partir de son ordinateur, l’expert peut également, à distance, modifier les réglages de l’échographe ainsi que sélectionner les fonctions nécessaires pour l’examen » » auteur= »C. F. » legende= »Le télé-échographe conçu par Philippe Arbeille » credit= »© Philippe Arbeille »]
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