Télémédecine

La télé-échographie en attente de reconnaissance

La télé-échographie est une technologie qui se pose comme une solution aux problèmes des déserts médicaux. Cependant, l’acte n’a pas encore de cotation spécifique et de nombreux médecins sont encore réfractaires à manier leur sonde à distance.

Le 05/07/17 à 7:00, mise à jour hier à 15:24 Lecture 3 min.

En France, la télé-échographe est encore en attente d'une cotation spécifique. © C. F. / Image d'illustration

La télé-échographe est un outil diagnostic qui permet à des médecins de réaliser des examens à distance. En France, les constructeurs présentent cette technologie comme une solution qui permettrait de désenclaver des territoires isolés : « Aujourd’hui, la télé-échographie sert à répondre aux problématiques de désertification médicale, explique Nicolas Lefebvre, directeur général de la société Adechotech, qui commercialise une solution de télé-échographie. Il y a de plus en plus de zones  médicalement isolées à cause des départs en retraite de radiologues qui ne sont pas renouvelés. Il faut entre douze et quinze ans pour former un radiologue donc les dix années à venir vont être très compliquées au niveau du maillage médical sur le territoire. »

Une technologie pour faire des économies

Pour Étienne Richard, directeur des opérations chez Sonoscanner, un concepteur de systèmes d’échographie, les examens à distance ne manquent pas d’avantages : « C’est une solution très simple à mettre en œuvre car il n’y a pas besoin de grosses infrastructures. Pour une collectivité, par exemple pour des patients en maison de retraite, il y a un vrai gain en économies de transports médicalisé car les personnes restent sur leur lieu de résidence. Le fait est que les médecins échographistes sont une denrée relativement rare, donc on peut concentrer cette expérience pour employer le médecin sur plusieurs sites lors d’une demi-journée de consultation, sans qu’il se déplace et sans frais de transport de patient. » 

Le frein de la cotation

Malgré ses avantages, la télé-échographe rencontre encore quelques difficultés de développement en l’absence de cotation spécifique : « On peut coter l’acte comme une échographie standard, mais il n’y a pas de valorisation de l’acte de télémédecine en échographie, note Nicolas Lefebvre. C’est le cas de tous les actes de télémédecine, bien qu’il  y en ait quelques-uns qui commencent à être remboursés depuis peu de temps. » Ce frein administratif fait l’objet de nombreuses discussions au niveau des autorités de santé : « Il y a longtemps que ça dure et c’est toujours bloqué, constate Philippe Arbeille, biophysicien et spécialiste de la télé-échographie. L’acte n’est pas payé et comme aucun médecin ne travaille gratuitement, ils ne le font pas. Pourtant, il y a beaucoup d’applications et des structures sont prêtes à acheter l’appareil. »

Les radiologues vont-ils s’emparer de la télé-échographie ?

« Je ne serais pas surpris qu’il y ait une décision dans ce sens cette année, avance Étienne Richard. Cela vient s’inscrire dans une démarche de télé-médecine et de e-santé, et il y a une vraie politique autour de ces thèmes. Ça serait très incitatif pour les médecins référents. Ils seraient plus à même de sauter le pas. » Une fois l’obstacle de la cotation franchi, les radiologues seront-ils plus enclins à réaliser des échographies à distance ? Pour Philippe Arbeille, rien n’est moins sûr : « L’échographie est une discipline un peu bâtarde initialement mise en place par des biophysiciens et qui ensuite s’est propagée dans les différents services cliniques. Je pense qu’il y a aurait beaucoup plus de volontaires chez les cardiologues, les obstétriciens, les gastroentérologues pour faire de l’échographie à distance. Cette technologie donne accès à l’organe en temps réel et les cliniciens raffolent de ce genre d’informations. »

 

Auteurs

Carla Ferrand

Journaliste cheffe de rubrique

Voir la fiche de l’auteur

Discussion

Aucun commentaire

Laisser un commentaire

Sur le même thème

Le fil Docteur Imago

08 Août

15:50

L’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon va accueillir sa première IRM, avec des travaux d’installation débutant en octobre 2025 pour une mise en service prévue au 30 juin 2027. Ce projet permettra une amélioration significative de la prise en charge des patients, en réduisant notamment le recours aux évacuations sanitaires pour réaliser des examens IRM, annonce le ministère de la santé.

7:13

La conférence internationale de l’International Pediatric Stroke Organization (IPSO2026), pour la prise en charge des AVC pédiatriques se tiendra du 27 au 29 mai prochain à Paris, sous le thème « Inspiring Innovation, Transforming Care and Improving Outcomes in Pediatric Stroke »,
07 Août

15:00

L’atlas de datation des fractures a permis d’améliorer considérablement les performances des radiologues pour la datation des fractures de la clavicule, de l’humérus et du fémur du nourrisson, et peut ainsi servir de substituts pour dater les fractures des os longs couramment rencontrées dans la maltraitance infantile, (étude).

7:00

Une collaboration internationale de sociétés de radiologie thoracique a élaboré des recommandations pour harmoniser l’évaluation des anomalies pulmonaires résiduelles post-COVID-19. Elle préconise un scanner thoracique à faible dose chez les patients présentant des symptômes respiratoires persistants ou progressifs trois mois après l’infection, et recommande l’usage du glossaire de la Fleischner Society. Le terme « anomalie pulmonaire résiduelle post-COVID-19 » doit remplacer « anomalie pulmonaire interstitielle », pour décrire les anomalies pulmonaires au scanner après une pneumonie COVID-19.
Docteur Imago

GRATUIT
VOIR