Journées francophones d’imagerie cardiovasculaire

Radioprotection, le combat contre un ennemi invisible

Les dernières Journées francophones d’imagerie cardiovasculaire ont consacré une de leurs sessions à la radioprotection. La radiologue Audrey Fohlen a évoqué l’importance des niveaux de référence adaptés et le potentiel de la simulation pour améliorer les pratiques.

Le 10/08/17 à 15:00, mise à jour aujourd'hui à 15:24 Lecture 2 min.

« La mission qui nous incombe c’est de protéger le personnel et les patients », explique la radiologue Audrey Fohlen. © C. F.

En radiologie interventionnelle, la radioprotection est un sujet de préoccupation quotidien. « Notre mission est de protéger le personnel et les patients », a déclaré Audrey Fohlen, radiologue au CHU de Caen (14), lors des Journées francophones d’imagerie cardiovasculaire 1. Une mission délicate puisque les rayonnements donnent l’impression, selon elle, « de se battre contre des fantômes ». Des spectres invisibles aux effets bien réels, comme le rappelle la Haute Autorité de santé (HAS) dans ses recommandations éditées en 2014. « En dessous de 2 Gy délivrés à la peau, il n’y a pas d’effets attendus, indique Audrey Fohlen. Mais passé ce seuil, on peut observer des lésions dont la sévérité sera proportionnelle à la dose administrée. » L’intervenante rapporte des cas d’érythèmes, d’alopécies, de radiodermites et même des radionécroses et des cancers spinocellulaires.

Informer et suivre le patient

La HAS met en avant la nécessité de consulter et d’informer les patients sur l’utilisation et les effets potentiels des rayonnements ionisants. Cet accompagnement doit perdurer après le geste interventionnel. « Il faut continuer de suivre le patient, avec notamment un suivi organisé si vous avez dépassé les seuils suivants : un PDS total à 500 Gy /cm², un kerma dans l’air total à 5 Gy, une dose maximale à la peau de 3 Gy et un temps de scopie à 60 minutes », détaille Audrey Fohlen.

Des niveaux de référence adaptés

Une autre action consiste à définir des niveaux de référence interventionnels. Des neuroradiologues ont lancé cette proposition en 2011. « La problématique, c’est que les doses peuvent largement varier. Elles sont influencées par le contexte clinique, la complexité du cas, l’expérience de l’opérateur et les démarches d’optimisation en cours, précise l’intervenante. Donc, ce qui se dessine, ce sont des niveaux de référence interventionnels nationaux pour les actes de radiologie diagnostique qui sont un peu plus standardisés, et des niveaux de référence interventionnels locaux pour les actes thérapeutiques. » Pour les élaborer, l’intervenante propose l’utilisation des serveurs de dosimétrie « avec toutes les data pour optimiser l’exposition ».

La solution de la simulation

Audrey Fohlen estime en outre que la simulation en santé est un outil intéressant pour développer la radioprotection. « Cela va permettre de diminuer le nombre d’accidents, d’augmenter la qualité des soins et de respecter l’adage « Jamais la première fois sur le patient », conclut-elle.

Notes

1. Le congrès, organisé par la Société française d’imagerie cardiovasculaire, s’est tenu à Deauville du 22 au 24 juin.

Auteurs

Carla Ferrand

Journaliste cheffe de rubrique

Voir la fiche de l’auteur

Discussion

Aucun commentaire

Laisser un commentaire

Sur le même thème

Le fil Docteur Imago

02 Juin

16:00

L'entreprise Advanced Accelerator Applications a retiré le 9 mai sa demande d'utilisation de Lutathera® (177Lu-DOTATATE) dans le traitement des adultes nouvellement diagnostiqués de tumeurs neuroendocrines gastroentéropancratiques, informe l'Agence européenne des médicaments (EMA). Lutathera® continue toutefois à être autorisé chez les adultes souffrant de tumeurs neuroendocrines gastroentéropancratiques métastatiques ou non résécables qui ne répondent pas au traitement, conformément à la récente étude positive NETTER-2.

13:30

La professeure de radiologie et présidente du bureau de la Société d'imagerie de la femme (SIFEM) Isabelle Thomassin-Naggara a rappelé qu'une saisine de la Haute Autorité de santé (HAS) porte sur le fait d'avancer l'âge d’entrée dans le dépistage organisé du cancer du sein à 45 ans, le 16 mai à l'occasion de la 7e édition du congrès RAD à Angers (49). Cette saisine, issue de la direction générale de la santé (DGS), fait partie de la liste des productions de la HAS programmées pour 2025, et les travaux devraient débuter cette année.

7:30

Lors du 7e congrès Radiologie aujourd'hui et demain (RAD), ce 16 mai à Angers (49), le professeur de radiologie et secrétaire général de la Société française de radiologie (SFR) Alain Luciani a annoncé que la SFR a engagé une démarche pour « parler de la radiologie au primaire », dans le cadre d'un module de formation de primaire intitulé « le squelette ». L'objectif serait d'améliorer la connaissance de la radiologie dans le public, voire d'augmenter l'adhésion aux dépistages.
30 Mai

16:00

Le radiologue interventionnel Mehdi Lebbadi a publié sur LinkedIn un appel à ses confrères à participer au #RIchallenge, du 1er au 10 juin. Visant à mettre en valeur la RI auprès des médecins et du public, ce défi vise à publier sur LinkedIn pour chaque participant 10 publications (une par jour) sur un sujet en lien avec la RI. Le vainqueur (le post ayant généré le plus d'interactions) sera récompensé le 12 juin par le Trophée GuERI com lors des JFICV 2025 à Arles, annonce le praticien.
Docteur Imago

GRATUIT
VOIR