Docteur Imago / Au niveau managérial, quelles sont les particularités d’un service hospitalier d’imagerie ?
Walid Ben Brahim / Le point de vue du directeur, c’est que le service d’imagerie n’est pas un service comme un autre, même si ce n’est pas forcément très bien perçu. À l’hôpital, il y a la distinction classique entre les services de médecine et de chirurgie, et les fonctions médicotechniques. La principale différence, c’est qu’il n’y a pas d’hébergement dans les seconds. Le service d’imagerie est un plateau technique sur lequel le patient fait un passage très court. C’est un service hautement technicisé qui nécessite beaucoup moins d’interventions humaines qu’un service de soins.
D. I. / Comment cette différence d’organisation se manifeste-t-elle de façon concrète ?
B. B. / Dans les services de soins, l’humain représente 60 % à 70 % des coûts. Dans un service d’imagerie, un bloc opératoire ou un laboratoire de biologie, les machines représentent au moins la moitié de la valeur ajoutée. Il n’y a pas de hiérarchie, c’est juste une approche différente. À part pour les recettes qu’elle reçoit de patients externes, l’imagerie est considérée comme un centre de dépenses, car elle ne rapporte pas autant de recettes directes qu’un service de soins. En la considérant comme un peu spécifique, on a tendance à la stigmatiser alors qu’au final, c’est un service qui a une très grosse valeur ajoutée pour l’hôpital.
D. I. / Comment évolue l’imagerie dans l’organisation hospitalière ?
B. B. / Les gens passent de moins en moins de temps à l’hôpital. Son cœur de métier se recentre donc sur la valeur ajoutée technique, la capacité à faire de l’acquisition d’images, à réaliser des examens de biologie de pointe et à opérer rapidement. L’hôpital d’aujourd’hui met encore plus en avant ces fonctions médicotechniques, en particulier l’imagerie. L’imagerie interventionnelle est l’autre grande évolution de la prise en charge. Jusqu’à il y a peu, les radiologues n’étaient pas des opérateurs. Avec l’imagerie interventionnelle, leur place dans les organisations médicales évolue. En cardiologie, il y a maintenant moins d’indications chirurgicales que d’indications interventionnelles.
D. I. / De plus en plus de formations managériales s’adressent aux médecins. Quel est votre avis de directeur d’hôpital à ce sujet ?
B. B. / Le métier de médecin chef de service est un métier de management avant tout. Il est donc important que les médecins qui occupent cette responsabilité soient formés. Le management, c’est la gestion de l’humain. Les responsables de proximité que sont les médecins et les cadres doivent y être familiarisés. En tant que directeur d’hôpital, je ne suis pas manager de proximité et je ne le serai jamais. Il faut donc que quelqu’un le soit et c’est bien cela soit les médecins. De toute façon, c’est leur exercice quotidien. Ils ont toujours fait du management, sauf qu’avant ils n’avaient pas forcément les outils adéquats.
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