Les chercheurs lillois de l’unité ONCO-THAI 1189 testent une technique capable de détruire les cellules tumorales du glioblastome en épargnant les tissus sains. Le procédé exploite un laser et une molécule spéciale, baptisée 5-ALA (acide 5-aminolévulinique). Cette molécule rend les cellules tumorales – et seulement elles – photosensibles, explique le physicien médical Maximilien Vermandel. Lorsqu’on les éclaire avec une lumière laser rouge, cela déclenche une réaction photochimique qui conduit à leur destruction. Aujourd’hui, cette technique est appliquée en peropératoire. »
Visualiser et traiter la tumeur
Pour le glioblastome, ce procédé de thérapie photodynamique est une première. La molécule 5-ALA était en effet auparavant uniquement utilisée à des fins diagnostiques. « Exposée à une lumière bleue, la tumeur photosensibilisée par cette molécule se met à « fluorescer » en rose. Elle devient alors visible », décrit Maximilien Vermandel. La thérapie reprend le concept « to see and to treat ». « On réalise le geste chirurgical de façon conventionnelle dans un premier temps, en ajoutant cette fluorescence. Puis on traite la tumeur en illuminant dans le rouge. »
20 000 nouveaux cas de glioblastome chaque année en Europe
Dans le cadre de leurs recherches, les équipes lilloises ont ouvert un essai clinique. Il regroupe des patients atteints de glioblastomes nouvellement diagnostiqués, pour lesquels aucun traitement n’a été engagé. « Cela permet de combiner le traitement standard – chirurgie, chimiothérapie et radiothérapie – avec la nouvelle technique », précise Maximilien Vermandel. Quatre patients ont bénéficié de cette technologie. « Dix sont prévus au total. Nous espérons boucler l’étude dans moins d’un an », annonce le physicien médical. L’enjeu est de taille, comme le rappelle le CHRU de Lille, puisque le glioblastome « constitue le plus haut grade des tumeurs primitives cérébrales ». C’est également la plus fréquente des tumeurs primitives du cerveau, avec une incidence de 4 pour 100 000 habitants. « Cela représente 20 000 nouveaux cas environ par an en Europe. »
Les radiologues impliqués
Le CHRU de Lille est équipé d’une IRM peropératoire qui va permettre de détecter de nouveaux biomarqueurs. « Pour notre étude, baptisée INDYGO, nous recherchons des biomarqueurs de l’effet de la thérapie photodynamique, révèle Maximilien Vermandel. Nous réalisons l’IRM standard peropératoire avant l’illumination. Puis une autre juste après et une troisième à 48 heures pour voir s’il y a des effets précoces. » Dans ce contexte interventionnel, le geste est réalisé par un neurochirurgien. Les radiologues participent également au processus. « Systématiquement, l’un d’entre eux est associé à l’interprétation des images pendant l’intervention au bloc, indique Maximilien Vermandel. Ils sont ensuite impliqués dans l’analyse rétrospective des données accumulées au fil de la prise en charge du patient et la détection de ces biomarqueurs de l’effet de la thérapie photodynamique. »
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