Des chercheurs espagnols se sont interrogés sur l’efficacité et la rentabilité de la double lecture par rapport à la lecture unique des mammographies numériques dans les programmes de dépistage. Les résultats de leur étude ont été publié la revue European Journal of Radiology.
Revue systématique de la littérature et méta-analyse
L’équipe de recherche, dirigée par Margarita Posso, doctorante en recherche biomédicale, a passé en revue les études parues sur le sujet dans les bases de données PubMed, Embase et Cochrane : « Sur 1473 occurrences potentiellement pertinentes, quatre études de haute qualité ont été incluses », indiquent les chercheurs. Le nombre total de mammographies de dépistage était de 77 507 et incluait des femmes de 48 à 69 ans.
Un surcoût non négligeable
En réalisant une méta-analyse des données, les auteurs ont réalisé les constations suivantes : le taux combiné de détection du cancer en double lecture était de 6,01 pour 1000 examens (IC: 4,47 -7,77 ‰), et de 5,65 pour 1000 examens (IC: 3,95 -7,65 ‰) pour la lecture simple (P = 0,76). Quant aux faux positifs, leur taux était de 47,03 pour 1000 examens en double lecture (IC: 39,13 -55,62 ‰) et de 40,60 pour 1000 examens (IC: 38,58 ‰ -42,67 ‰) en lecture simple (P = 0,12). Et d’un point de vue médico-économique, les auteurs ont constaté un surcoût de la double lecture : « Une étude a rapporté un rapport coût-efficacité différentiel (ICER) de 16.684 euros. »
Un taux de faux positifs « significativement plus élevé »
Dans leur conclusion, les auteurs de l’étude indiquent que la preuve du bénéfice de la double lecture par rapport à la lecture unique pour l’interprétation de la mammographie numérique est « insuffisante ». Ils ajoutent que « la double lecture semble augmenter les coûts opérationnels, présenter un taux de faux positifs significativement plus élevé et un taux similaire de détection de cancer ».
Un sujet qui fait débat
En France, dans le cadre du dépistage organisé, 6 % des cancers du sein détectés le sont grâce à la seconde lecture. Lors du congrès de la SIFEM qui se déroulait au mois de juin à Marseille, la question de l’avenir de la double lecture avait été abordée. La radiologue Isabelle Doutriaux-Dumoulin avait mentionné la difficulté d’apporter une réponse claire au vu des disparités internationales en matière de dépistage : « L’organisation française est spécifique et repose sur un grand nombre de lecteurs. Du fait, nous ne pouvons pas vraiment nous servir de la bibliographie des études étrangères car nous travaillons différemment. » Elle notait cependant que la seconde lecture pouvait jouer un rôle dans le maintien de la qualité « en détectant des clichés techniquement insuffisants » .
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