Psychiatrie

Une méta-analyse clarifie le lien entre les modifications cérébrales et le trouble bipolaire

Un groupe de travail a étudié les changements qui interviennent dans le cerveau des personnes atteintes de troubles bipolaires. D’après leurs résultats, qui incluent 6503 individus, la matière grise corticale est plus fine dans les régions frontale, temporale et pariétale des deux hémisphères chez les personnes atteintes.

Le 25/10/17 à 7:00, mise à jour hier à 14:15 Lecture 2 min.

Diminution de l’épaisseur de la corticale chez les patients adultes présentant un trouble bipolaire, comparés à des sujets sains. Le d de Cohen est indiqué pour chaque région d’intérêt à la surface corticale. Seules les régions significatives sont montrées. Les autres sont colorées en gris. D. R.

Les connaissances sur les liens entre le trouble bipolaire et les modifications du cerveau étaient jusqu’ici hétérogènes et parfois contradictoires. En réaction, un groupe de travail s’est formé sous le nom de « consortium Enigma » pour partager les savoirs et réaliser différentes études sur le sujet. Ils ont publié dans la revue Molecular Psychiatry les résultats de la plus grande méta-analyse réalisée à ce jour [1].

Évaluer l’épaisseur de la matière grise corticale

L’étude cas-témoins a inclus 6 503 individus de différentes cohortes qui ont tous passé une IRM. Il s’agissait d’évaluer l’épaisseur de la matière grise corticale et la mesure de sa surface. L’analyse s’est basée sur une image structurelle pondérée en T1 et une segmentation corticale réalisée selon un référentiel partagé par les différentes équipes impliquées. La méthode utilisée pour l’évaluation du changement d’épaisseur est le d de Cohen.

[contenu_encadre img= » » titre= »Le d de Cohen » auteur= »B. B. d’après Wikipédia » legende= » » credit= » »]Le d de Cohen permet de caractériser la magnitude d’un effet associé dans une population donnée par rapport à une hypothèse nulle. [/contenu_encadre]

Plus fine dans les régions frontale, temporale et pariétale des deux hémisphères

Chez les patients atteints de trouble bipolaire, la matière grise corticale était plus fine dans les régions frontale, temporale et pariétale des deux hémisphères que chez les patients sains. Le trouble bipolaire avait l’effet le plus important dans la pars opercularis gauche, le gyrus fusiforme gauche et la partie rostrale gauche du gyrus frontal moyen. Il n’existe pas de différence significative entre les sous-types de trouble bipolaire. La durée de la maladie est associée à une diminution significative de l’épaisseur de la matière grise, mais pas avec sa surface. La prise de médicaments, tels que le lithium, est associée, elle, à une augmentation significative de l’épaisseur entre les malades traités et les malades non traités.

Des associations non détectées jusqu’ici

Pour les auteurs, l’analyse publiée révèle des associations non détectées jusqu’ici. Ils ont notamment découvert une corrélation entre la réduction de la surface corticale et les patients avec des antécédents de psychose, mais pas d’association avec l’état de l’humeur des patients. « Notre analyse fournit une analyse extensive des variables pouvant biaiser l’analyse dans les études de neuro-imagerie du trouble bipolaire », concluent-ils.

Auteurs

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Benjamin Bassereau

Directeur de la rédaction BOM Presse Clichy

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Bibliographie

  1. Hibar D. P. et coll., « Cortical abnormalities in bipolar disorder: an MRI analysis of 6503 individuals from the ENIGMA Bipolar Disorder Working Group », Molecular Psychiatry, publication avancée en ligne, 2 mai 2017. Doi : 10.1038/mp.2017.73.

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