Table ronde du SNITEM

« Il faut que l’État vous laisse tranquille »

Le 27 juin dernier, le Syndicat national de l’industrie des technologies médicales a organisé une table ronde sur le thème « Début du quinquennat, alors, on change quoi ? ». Pour les intervenants, les pouvoirs publics doivent réorganiser le système de santé et prendre des mesures concernant la réglementation, la fiscalité, le capital et le financement.

Le 03/08/17 à 15:00, mise à jour aujourd'hui à 14:14 Lecture 2 min.

Quatre intervenants, dont l'économiste Nicolas Bouzou, la chirurgienne Corinne Vons et Jean-Pascal Hons-Olivier, membre de l'Association de défense et d'étude des personnes amputée, ont discuté des moyen de favoriser le développement de dispositifs médicaux innovants. © J. H.

Le quinquennat d’Emmanuel Macron sera-t-il favorable aux fabricants de dispositifs médicaux ? La question bruissait dans les salons de l’aéro-club de France, à Paris, où le Syndicat national de l’industrie des technologies médicales (SNITEM) tenait son assemblée générale le 27 juin dernier. « Nous attendons plus de confiance, de lisibilité, de visibilité et de simplification », résumait Stéphane Regnault à l’issue de sa réélection à la présidence de l’organisation. Un discours suivi d’une table ronde sur le thème : « Début de quinquennat : alors on change quoi ? ».

« Il y a beaucoup de corporatismes »

Les intervenants de cette discussion partagent peu ou prou le même constat : la médecine évolue, les innovations s’accélèrent et le système de santé doit changer pour les faciliter et les accueillir. En premier lieu, il faut revoir son organisation. « Il y a beaucoup de corporatismes dans le domaine de la santé », lance Nicolas Bouzou, économiste. « Il faut travailler ensemble pour trouver des solutions globales pour la prise en charge des patients », renchérit Claude Évin, ancien ministre de la Santé et de la Protection sociale. Selon lui, le système de santé français est « très bon » mais porte de « grandes inégalités sociales et territoriales ». Pour y remédier, « il faut mettre en place des mécanismes de régionalisation plus forts qui impliquent l’ensemble des acteurs locaux, contractualiser avec le privé. » Pas besoin d’une nouvelle grande loi de santé. « Les outils existent ».

© J. H.

« Il faut travailler ensemble pour trouver des solutions globales pour la prise en charge des patients », explique Claude Évin, ancien ministre de la Santé et de la Protection sociale (à droite). © J. H.

« La peur vient de l’absence de connaissances et de formation »

Pour Corinne Vons, chirurgien digestif et présidente de l’Association française de chirurgie ambulatoire, les médecins doivent être formés à l’utilisation de nouveaux dispositifs médicaux. « Beaucoup de freins viennent de peurs provoquées par l’absence de connaissance », estime-t-elle. « Il y a plein de nouveaux acteurs dans le domaine de la santé. Ils révolutionnent la médecine. Les médecins ne sont pas formés pour ça », confirme Nicolas Bouzou.

« Des efforts doivent être faits en matière de réglementation, de fiscalité, de capital… »

Lui estime que les pouvoirs publics doivent lâcher du lest pour permettre la construction de l’hôpital du « futur ». « Il faut que l’État vous laisse tranquille, vous laisse expérimenter », adresse-t-il à l’audience. « Des efforts doivent être faits en matière de réglementation, de fiscalité, de capital et de financement ». Dans cette optique, poursuit-il, l’État ne devrait pas se crisper sur la réduction des dépenses. « Il s’agit plutôt de rationaliser l’efficacité. Certaines mesures, comme le développement de l’ambulatoire, ne sont pas faites pour gagner de l’argent à court terme ».

« Macron a compris l’enjeu principal »

Cet universitaire s’avoue séduit par le style d’Emmanuel Macron, le nouveau président. « Je peux témoigner du fait qu’il est très au clair sur le sujet. Il a compris l’enjeu principal : rendre l’accès à l’innovation équitable pour tous les Français », assure-t-il.

Auteurs

Jérome Hoff

Rédacteur en chef adjoint

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