Appareil de radiographie à bas prix

« Il y a un besoin et un marché dans les pays émergents »

Un constructeur suisse a mis au point un appareil de radiographie adapté au contexte économique et climatique des pays émergents. Bertrand Klaiber, dirigeant et fondateur de la société Pristem, explique les détails de cette nouvelle approche.

Le 18/09/17 à 15:00, mise à jour aujourd'hui à 15:22 Lecture 3 min.

Selon Bertrand Klaiber, directeur général (à droite), ici avec le président du conseil d'administration Klaus Schönenberger, l'appareil de radio de la société Pristem a été conçu pour coûter un minimum à l'usage. © Alain Herzog

Docteur Imago / D’où est parti ce projet d’appareil de radio adapté aux pays émergents ?

Bertrand Klaiber / C’est un projet de recherche lancé en 2012 avec des universités en Suisse et au Cameroun. Il a abouti à la fabrication d’un prototype. La société Pristem a ensuite été créée pour industrialiser cette nouvelle technologie. Nous recherchons des financements et négocions avec des investisseurs. L’appareil sera commercialisé d’ici deux ans.

D. I. / Pourquoi avoir entrepris cette démarche ?

B. K. / Il y a un très grand besoin mais aussi un marché dans les pays émergents. Aujourd’hui, ils s’équipent en partie grâce à des donations, mais ce système conduit souvent à l’échec, parce que le matériel donné est obsolète ou en mauvais état, ou qu’il n’est pas entretenu car les gens ne se l’approprient pas. Et quand les financements s’arrêtent, tout tombe à l’eau. On se retrouve avec des poubelles d’équipements médicaux dans les hôpitaux. Le Bénin a récemment refusé un important don d’équipements médicaux de France car ce sont un peu des cadeaux empoisonnés. Nous pensons qu’une solution durable passe par une approche commerciale. Cette approche est aussi préconisée par l’OMS et de nombreux gouvernements.

D. I. / Quelles sont les particularités de fonctionnement et de conception de votre équipement ?

B. K. / Nous voulons prouver qu’il y a un marché et qu’il nécessite des équipements moins chers et adaptés au contexte. Notre machine a donc été conçue pour résister à l’humidité, à la chaleur et à la poussière des climats tropicaux. Elle peut fonctionner de manière efficace malgré les infrastructures défaillantes ou manquantes de nombreux hôpitaux dans les pays du Sud. Nous avons mis au point un système d’alimentation électrique adapté aux réseaux très perturbés, qui fonctionne avec des panneaux solaires. Pour faire baisser les prix, nous avons opté pour un système numérique. L’analogique coûte trop d’argent : les films sont chers, il faut de l’eau pour développer, et la qualité d’image est mauvaise. De plus, le personnel médical et technique est souvent peu formé. Il fallait donc créer quelque chose de facile à utiliser. Et comme la plupart des hôpitaux n’ont pas de systèmes informatiques, notre solution comprend une suite logicielle et une station de travail pour être autonome.

D. I. / Quelles zones géographiques ciblez-vous ?

B. K. / Nous commençons par l’Afrique car les constructeurs ont négligé ce marché. Nous visons aussi à terme les marchés d’Asie du sud-est, l’Inde, la Chine, ainsi que l’Amérique du Sud. En outre, le fait d’offrir un système de radiologie très performant, durable et bon marché va certainement ouvrir la porte de certains segments de marché dans les pays industrialisés.

D. I. / Comment avez-vous fixé le prix de votre machine ?

B. K. / Les pays émergents achètent de plus en plus des équipements qui viennent d’Inde ou de Chine. Nous essayons donc de nous aligner sur leurs prix. Notre but est d’offrir la qualité suisse à un prix plus bas. Notre appareil n’est pas nettement moins cher à l’acquisition mais il fait la différence au niveau du coût total de possession. Dans les pays émergents, les équipements sophistiqués tombent vite en panne à cause des conditions climatiques et les frais de maintenance sont très élevés. Notre équipement a besoin de très peu de maintenance. Il n’y a pas de consommables. Il est vraiment fait pour coûter un minimum à l’usage.

Auteurs

Carla Ferrand

Journaliste cheffe de rubrique

Voir la fiche de l’auteur

Discussion

Commenter cet article

Laisser un commentaire

Sur le même thème

Le fil Docteur Imago

30 Mai

16:00

Le radiologue interventionnel Mehdi Lebbadi a publié sur LinkedIn un appel à ses confrères à participer au #RIchallenge, du 1er au 10 juin. Visant à mettre en valeur la RI auprès des médecins et du public, ce défi vise à publier sur LinkedIn pour chaque participant 10 publications (une par jour) sur un sujet en lien avec la RI. Le vainqueur (le post ayant généré le plus d'interactions) sera récompensé le 12 juin par le Trophée GuERI com lors des JFICV 2025 à Arles, annonce le praticien.

13:30

Chez des patients atteints d'un cancer de la prostate métastatique résistant à la castration positif au PSMA et sans traitement préalable au taxane, le traitement par 177Lu-PSMA-617 pourrait différer la dégradation de la qualité de vie et de la douleur rapportées par les patients et empêcher les évènements squelettiques symptomatiques par rapport au traitement par changement de médicament inhibiteur de la voie de signalisation du récepteur aux androgènes (ARPI), selon une analyse des résultats de l'essai randomisé de phase 3 PSMAfore.

7:30

La Société européenne de radiologie gastrointestinale et abdominale (ESGAR) et l'Organisation européenne pour la recherche et le traitement du cancer (EORTC) ont publié dans European Radiology des recommandations sur l'imagerie lors du staging, de la planification du traitement et du suivi du carcinome hépatocellulaire dans le cadre de thérapies locales ou locorégionales.
28 Mai

16:00

La Société européenne de radiologie d'urgence (ESER) a publié des recommandations pratiques pour l'évaluation en imagerie et en urgence des causes gynécologiques des douleurs pelviennes aiguës chez la femme.
Docteur Imago

GRATUIT
VOIR