Aux JFR, l’imagerie médicolégale se conjugue au passé, présent et futur. Samedi 14 octobre, lors de la première journée consacrée à cette discipline, le radiologue allemand Hermann Vogel a démontré que la Justice l’avait largement utilisée comme source de preuves à travers l’histoire.
L’imagerie façon film d’espionnage
Ce fut notamment le cas pour identifier les restes d’Adolf Hitler en 1945, sur la base de radiographies dentaires, ou pour comprendre les causes de la mort de victimes de la junte militaire en Argentine, dans les années quatre-vingt. Dans une histoire digne des meilleurs James Bond, l’imagerie a également permis de lever le mystère de la mort de Georgi Markov, un dissident bulgare assassiné en 1978 à Londres par un agent secret. Grâce aux rayons X, une radiologue a découvert dans la jambe du patient un petit corps étranger, qui se révéla être un grain de platine empoisonné au ricin. Le projectile avait été tiré en pleine rue avec un parapluie factice, causant la mort de Markov quatre jours plus tard.
Évaluer les lésions
Des médecins légistes suisses ont ensuite présenté les particularités de l’imagerie médicolégale du vivant. Cette discipline permet de répondre aux questions des magistrats lors de procédures judiciaires, en évaluant les blessures des victimes. « Si les représentants de la Justice ne connaissent pas les lésions, ils ne pourront pas prendre les décisions adéquates, explique Silke Grabherr. Les caractéristiques des lésions permettront par exemple de définir la durée de la peine de l’agresseur. Il faut savoir s’il y a eu une mise en danger concrète de la vie d’autrui. Le Code pénal suisse prévoit en effet une peine beaucoup plus élevée si c’est le cas. Le médecin doit donc répondre à cette question. »
Bientôt une classification FI-RADS ?
La session s’est achevée par une présentation de Guillaume Gorincour, radiologue à l’hôpital de la Timone, à Marseille, sur les perspectives d’avenir de l’imagerie post mortem. Cette surspécialité se cherche encore un nom officiel : virtopsie, thanatoradiologie, nécroradiologie… En ce qui concerne les comptes rendus, le futur de l’imagerie post mortem pourrait se rapprocher de celui de l’imagerie du vivant. « On peut tout à fait imaginer, comme on a aujourd’hui du BI-RADS ou TI-RADS, avoir du FI-RADS, pour Forensic Imaging », envisage Guillaume Gorincour.
Identifier les victimes du terrorisme
Ce dernier s’est enfin interrogé sur la place que la médecine légale accordera à l’imagerie dans les années à venir pour mener des investigations. « Il y a des notions de budget attribué à l’imagerie, explique-t-il. Il y a aussi des contraintes de standardisation et d’assurance qualité. Dans le domaine judiciaire, les enjeux sont spécifiques et nous, radiologues, devons nous former à ça. » Pour les victimes du terrorisme ou de catastrophes naturelles, l’imagerie jouera également un rôle prédominant. « Cela aura un impact sur nos façons de pratiquer, notamment dans les cas de procédures d’identification. »
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