Les doses moyennes administrées aux patients en imagerie à rayons X ont baissé entre 2013 et 2015 par rapport à la période 2011-2012. C’est ce que constate l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) dans son bilan de l’analyse des données dosimétriques recueillies auprès des structures publiques et privées pendant ces trois années. Son objectif est de tirer un bilan des données relatives aux niveaux de référence diagnostiques (NRD).
Des doses en baisse pour tous les examens de radiologie et de scanner
Ce rapport, mis en ligne le 24 novembre 2016 sur le site de l’Institut, relève en effet une diminution des 75e centiles (le point au-dessous duquel se situent 75 % des moyennes des doses relevées dans les établissements) des produits dose.surface (PDS) pour presque tous les examens de radiologie réalisés chez l’adulte : elle varie de -2 % à -29 %, par rapport aux données 2011-2012. La dose n’augmente que pour l’orthopantomographie, de 6%. Les 75e centiles sont tous en dessous des niveaux de référence diagnostiques fixés en 2011 (-19 à -53%). Même constat en scanner, où l’analyse des données révèle une diminution globale et significative des 75e centiles de l’indice de dose scanographique de volume (- 11 % à -21 %) et du produit dose.longueur (-8 à -19 %) pour tous les examens. Là encore, ces 75e centiles sont inférieurs aux NRD en vigueur, excepté pour le PDL du rachis lombaire.
Synthèse, par type d’examen, des résultats des analyses réalisées en radiologie conventionnelle (hors mammographie), chez l’adulte, pour les données de la période 2013-2015, exprimées en termes de PDS. Sont présentés : le nombre d’évaluations exploitées (N), le poids moyen des patients concernés par les données collectées, la valeur actuelle du NRD correspondant (NRD), la valeur du 75e centile (75e), la valeur du 50e centile (50e), le rapport des 75e et 25e centiles, le positionnement du 75e centile par rapport au NRD en vigueur (% NRD), le pourcentage d’évaluations dosimétriques dépassant le NRD (> NRD) et l’évolution du 75e centile par rapport au bilan précédent concernant la période 2011-2012 (variation). Toutes les données concernent la période 2013-2015, seules les valeurs des 75e et 50e centiles et du rapport 75e/25e concernent l’année 2015. © IRSN
Synthèse des analyses réalisées en scanographie chez l’adulte, par examen, en termes d’IDSV. © IRSN
Synthèse des analyses réalisées en scanographie chez l’adulte, par examen, en termes de PDL © IRSN
Le résultat d’une évolution technique et d’une démarche d’optimisation
Pour Patrice Roch, physicien médical et ingénieur en radioprotection au sein de l’Unité d’expertise en radioprotection médicale de l’IRSN, cette amélioration est le résultat d’une évolution technologique : « De nouvelles machines et techniques, comme la radiologie numérique et les logiciels de reconstruction itérative, permettent de diminuer la dose en conservant la qualité d’image », explique-t-il, en précisant que cette baisse est aussi le fruit « d’une sensibilisation accrue aux questions de radioprotection et d’optimisation des examens de la part des professionnels de santé. »
Une activité moyenne proche des NRD en médecine nucléaire
Enfin, en médecine nucléaire, les activités moyennes administrées restent stables et sont en général proches des niveaux de référence diagnostiques, « sauf pour la scintigraphie de la thyroïde au 99mTc et la tomoscintigraphie cérébrale à l’HMPAO, pour lesquelles elles sont supérieures », note le rapport de l’IRSN.
La participation est stable
Depuis 2004, toutes les structures de radiologie et de médecine nucléaire doivent envoyer à l’IRSN, pour chaque grande discipline qu’elles pratiquent (radiologie, scanner et médecine nucléaire), les données dosimétriques de deux types d’examens pour lesquels la loi a fixé des niveaux de référence diagnostiques. La dosimétrie d’au moins 30 examens consécutifs doit être recueillie. L’IRSN est chargée d’analyser les données puis de transmettre des recommandations à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et au ministère pour la mise à jour des NRD. La participation est stable depuis le dernier rapport, en 2013 : 79 % des installations de scanner, 88 % des services de médecine nucléaire et 29 % des établissements de radiologie ont transmis leurs données. « Beaucoup de structures disposent d’appareils de radiologie : rhumatologues, centres municipaux de santé, cabinets de médecine du travail, etc. Il est difficile de communiquer auprès d’eux pour leur rappeler leurs obligations », analyse Patrice Roch.
Des pistes d’amélioration
Sur la base de ces constats, l’IRSN recommande entre autres une révision à la baisse des niveaux de référence diagnostiques. Elle préconise également la création de NRD et l’instauration de relevés obligatoires pour de nouveaux examens, dont la radiologie interventionnelle. Elle veut également créer des conditions de recueil spéciales pour les examens pédiatriques. Aujourd’hui, le nombre de données collectées par l’IRSN est trop faible pour lui permettre d’établir une analyse globale. Un nouvel arrêté devrait réviser les NRD avant fin 2017, annonce Patrice Roch.
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