Congrès européen de radiologie

Face à l’intelligence artificielle, les radiologues défendent leur valeur ajoutée

Dans un domaine où les innovations technologiques sont légion et où l’informatique prend toujours un peu plus le pas sur les compétences humaines, quelle place restera-t-il dans quelques années pour les radiologues ? Des intervenants américains ont donné quelques éléments de réponse lors du Congrès européen de radiologie.

Le 22/03/17 à 8:00, mise à jour hier à 15:26 Lecture 3 min.

« Qui voudrait confier sa santé uniquement à un système informatique ? » demande Keith Dreyer, radiologue au Massachusetts General Hospital de Boston, pour souligner la valeur ajoutée du radiologue. © Carla Ferrand

L’ordinateur plus fort que le radiologue ? La question s’est posée plus d’une fois lors du dernier Congrès européen de radiologie (ECR). Cette édition, qui s’est tenue à Vienne (Autriche) du 1er au 5 mars, a en effet consacré plusieurs sessions à l’émergence de l’intelligence artificielle. Le 1er mars, des radiologues américains – leur pays était l’un des « invités » de cet ECR – ont présenté la technologie du deep learning ou « apprentissage profond », qui reproduit dans des systèmes informatiques le fonctionnement du cerveau humain grâce à des réseaux de neurones artificiels. « Le deep learning consiste à intégrer de grandes quantités de données dans plusieurs couches de traitement permettant d’obtenir une compréhension hiérarchique des concepts inhérents à ces données, explique Keith Dreyer, radiologue au Massachusetts General Hospital de Boston. Au fond, c’est ce que fait le cerveau humain tous les jours. »

« D’ici cinq ans, le deep learning fera mieux qu’un radiologue »

Interrogés sur la capacité des ordinateurs à remplacer les radiologues, plusieurs intervenants, tout au long du congrès, n’ont pas manqué de citer la formule choc du père du deep learning, Geoffrey Hinton : « Il faudrait arrêter de former des radiologues dès maintenant, déclarait-il lors d’une conférence à Toronto en octobre 2016. Il est évident que d’ici cinq ans le deep learning fera mieux qu’un radiologue, car la technologie sera capable d’acquérir beaucoup plus d’expérience»

Avant tout un outil à exploiter

Confrontés à cette annonce, les professionnels de l’imagerie ont voulu faire valoir leurs arguments. L’intelligence artificielle est-elle vraiment une menace ? Pour Keith Dreyer, c’est avant tout un outil à exploiter : « La question qui nous intéresse est de savoir s’il est possible de programmer des ordinateurs au deep learning en radiologie et la réponse est oui. L’intelligence artificielle peut nous aider à améliorer la qualité de nos examens. »

La valeur ajoutée du radiologue comme nouvel enjeu

Aujourd’hui, le deep learning est utilisé pour la reconnaissance faciale et vocale, pour traduire des langues, pour conduire des voitures, pour aider au diagnostic médical… et les possibilités semblent illimitées. Face au déferlement d’innovations, Keith Dreyer tente une comparaison pour illustrer l’importance du facteur humain dans l’équation : « On fabrique maintenant des voitures qui se conduisent toutes seules, note Keith Dreyer. À l’origine, elles ont été conçues sans volant, mais qui voudrait monter dans une voiture sans volant ? C’est la même chose en radiologie : qui voudrait confier sa santé uniquement à un système informatique ? » Avec l’émergence de l’intelligence artificielle, c’est donc un nouvel enjeu qui se dessine, celui de la valeur ajoutée du radiologue.

Promouvoir une meilleure relation médecin-patient

Dans cette optique, le Collège américain de radiologie (ACR) a créé la campagne « Imaging 3.0 » pour redéfinir le rôle du radiologue au sein du système de santé et lui garantir une plus grande visibilité. « Le but est de positionner le radiologue en tant que responsable de l’imagerie et membre à part entière de l’équipe de prestation de soins », déclare Geraldine McGinty, vice-présidente du conseil exécutif du Collège américain de radiologie. De son côté la Société nord-américaine de radiologie (RSNA) a lancé la campagne « Radiology Cares » pour promouvoir une meilleure relation médecin-patient : « La relation avec le patient est la base sur laquelle repose la place du médecin dans notre société, remarque Richard Ehman, président de la RSNA. Pourtant, cette relation est faible, voire inexistante en radiologie. L’un des objectifs de cette campagne est d’organiser la pratique radiologique pour servir au mieux les intérêts de nos patients. »

Auteurs

Carla Ferrand

Journaliste cheffe de rubrique

Voir la fiche de l’auteur

Discussion

Aucun commentaire

Laisser un commentaire

Le fil Docteur Imago

02 Juin

16:00

L'entreprise Advanced Accelerator Applications a retiré le 9 mai sa demande d'utilisation de Lutathera® (177Lu-DOTATATE) dans le traitement des adultes nouvellement diagnostiqués de tumeurs neuroendocrines gastroentéropancratiques, informe l'Agence européenne des médicaments (EMA). Lutathera® continue toutefois à être autorisé chez les adultes souffrant de tumeurs neuroendocrines gastroentéropancratiques métastatiques ou non résécables qui ne répondent pas au traitement, conformément à la récente étude positive NETTER-2.

13:30

La professeure de radiologie et présidente du bureau de la Société d'imagerie de la femme (SIFEM) Isabelle Thomassin-Naggara a rappelé qu'une saisine de la Haute Autorité de santé (HAS) porte sur le fait d'avancer l'âge d’entrée dans le dépistage organisé du cancer du sein à 45 ans, le 16 mai à l'occasion de la 7e édition du congrès RAD à Angers (49). Cette saisine, issue de la direction générale de la santé (DGS), fait partie de la liste des productions de la HAS programmées pour 2025, et les travaux devraient débuter cette année.

7:30

Lors du 7e congrès Radiologie aujourd'hui et demain (RAD), ce 16 mai à Angers (49), le professeur de radiologie et secrétaire général de la Société française de radiologie (SFR) Alain Luciani a annoncé que la SFR a engagé une démarche pour « parler de la radiologie au primaire », dans le cadre d'un module de formation de primaire intitulé « le squelette ». L'objectif serait d'améliorer la connaissance de la radiologie dans le public, voire d'augmenter l'adhésion aux dépistages.
30 Mai

16:00

Le radiologue interventionnel Mehdi Lebbadi a publié sur LinkedIn un appel à ses confrères à participer au #RIchallenge, du 1er au 10 juin. Visant à mettre en valeur la RI auprès des médecins et du public, ce défi vise à publier sur LinkedIn pour chaque participant 10 publications (une par jour) sur un sujet en lien avec la RI. Le vainqueur (le post ayant généré le plus d'interactions) sera récompensé le 12 juin par le Trophée GuERI com lors des JFICV 2025 à Arles, annonce le praticien.
Docteur Imago

GRATUIT
VOIR