En imagerie, la pertinence des actes se heurte parfois à la réalité de l’organisation des soins. Jérôme Roumy, radiologue au CHU de Tours (37), en a fait le constat lors de la session des Journées francophones de radiologie (JFR) 2018 consacrée à « l’échographie comme source d’efficience », dimanche 14 octobre. « On dit qu’il faut réduire les coûts, diminuer le nombre d’actes, ne pas faire de surenchère. Mais dans la vraie vie, en échographie, nous avons des patients qui arrivent dans la chaîne de prise en charge après le scanner et l’IRM. C’est dommage », a-t-il regretté.
L’échographie « pour diminuer le nombre d’examens »
Pour illustrer son propos, Jérôme Roumy cite le cas d’un patient d’une quarantaine d’années atteint d’une douleur à l’épaule. À la suite de l’examen clinique, le médecin généraliste demande une exploration radio + écho. Les examens révèlent un conflit sous-acromial sans rupture musculaire. Le patient est rapidement pris en charge par un orthopédiste et passe une arthroscopie un mois après l’examen échographique. « Ce sont des cas où on aurait pu voir ce patient après une IRM, commente l’intervenant. On voit donc que des échographies, bien faites par des gens spécialisés, permettent parfois de diminuer le nombre d’examens. C’est une piste intéressante pour améliorer la prise en charge des patients. »
+ 2 % à + 4 % d’actes chaque année
Philippe Coquel, radiologue à Marignane (13), a ensuite fait le point sur la place de l’échographie en volume. « Dans le secteur libéral, hors sages-femmes, le nombre d’actes est passé de 23 millions en 2010 à 27 millions en 2016. L’évolution varie entre +2 % et +4 % chaque année », précise-t-il.
Les radiologues font 53 % des échographies
Selon les calculs de la Cour des comptes, l’échographie est le plus gros poste de dépenses en imagerie : 1,4 milliard d’euros par an. Les examens se répartissent entre différentes spécialités, mais les radiologues tiennent le haut du pavé, puisqu’ils réalisent 53 % des actes, mentionne Philippe Coquel. Une part non négligeable est également réalisée par les cardiologues (17 %) et les angiologues (16 %). Viennent ensuite les gynécologues, les urologues, les gastro-entérologues, etc.
Quelle imagerie pour quelles économies ?
En échographie musculosquelettique, le volume d’actes en France a augmenté de 40 % ces cinq dernières années. « La CNAM s’en inquiète », note Philippe Coquel, qui appelle à relativiser ces chiffres : « Les explorations musculosquelettiques représentent 17 % des actes, mais seulement 10 % des remboursements. Elles ne coûtent pas cher. Si elles sont bien faites et qu’il n’y a pas d’IRM derrière, ce sont en fait des économies de santé », souligne-t-il. « Au lieu de ne voir que ce que l’échographie coûte, il faut s’intéresser à ce qu’elle fait économiser sur d’autres postes, avance Jérôme Roumy. Par exemple, pour l’endoprothèse aortique, nous savons que l’examen échographique avec produit de contraste est aussi, voire plus performant que l’angioscanner. »
« C’est à nous de faire la police »
Concernant la mauvaise indication des examens, Jérôme Roumy constate que la CNAM botte en touche : « La Caisse ne veut pas faire la police. On nous demande de faire des choix pertinents, d’édicter des conduites, surtout des choses à ne pas faire pour réduire les actes. C’est à nous de faire la police au sein de nos sociétés savantes », déplore-t-il.
Discussion
Aucun commentaire
Commenter cet article