Dépistage du cancer du sein

« La nouvelle organisation devrait améliorer l’adhésion des femmes »

Une nouvelle version du dépistage organisé du cancer du sein entrera en vigueur au 1er janvier 2018. Le point avec Jocelyne Chopier, radiologue à l’hôpital Tenon à Paris, spécialiste en imagerie gynécologique et sénologique.

Le 17/05/17 à 7:00, mise à jour aujourd'hui à 15:13 Lecture 4 min.

Jocelyne Chopier, radiologue à l'hôpital Tenon (Paris) donne son avis sur le dépistage du cancer du sein. © VF

Docteur Imago / Est-il possible, en 2017, d’améliorer le dépistage du cancer du sein ?

Jocelyne Chopier / Répondre à cette question est un peu complexe. Nous en faisons peut-être trop pour certaines patientes (avec des surdiagnostics, des effets délétères, etc.) et probablement pas assez pour d’autres (fréquence, etc.). Nous essayons donc de personnaliser le dépistage. Nous nous interrogeons aussi sur le dépistage avant 50 ans et après 74 ans car l’espérance de vie des femmes s’allonge. Les cancers sont assez nombreux au-delà de 75 ans. Nous essayons de mieux adapter le dépistage selon les tranches d’âge en dehors des tranches actuelles de dépistage.

D. I. / Que pensez-vous du débat politique actuel sur la poursuite du dépistage ?

J. C. / On évoque le bien-être des patientes mais, en arrière-plan, il y a une vision assez mercantile, avec l’idée de moins payer. C’est assez déstablilisant car nous sommes peut-être en train de détruire quelque chose qui fonctionne bien, qui a permis une uniformisation de la qualité en France. Avant que le dépistage soit généralisé, les patientes n’avaient pas toutes la chance de faire des mammographies avec du personnel formé et un matériel homogène. Il faut analyser tout ce qui a été fait et optimiser la façon de fonctionner pour que cela soit moins coûteux, notamment pour les secondes lectures. Tout n’a pas été fait pour la numérisation des radiographies, leur transfert, le déplacement des films, etc.

D. I. / La tomosynthèse a-t-elle une place dans le dépistage ?

J. C. / Ses applications avancées pourront peut-être être utiles et elle a déjà monté son efficacité. Le problème est que tous les constructeurs ne font pas cette une image numérique de qualité et que la dose est encore mal contrôlée. De plus, le contrôle qualité n’est pas finalisé.

D. I. / Qu’apporte cette technologie au diagnostic du cancer du sein ?

J. C. / Elle facilite la détection et la caractérisation. Certaines lésions ne peuvent être vues qu’avec la tomosynthèse, bien qu’elles soient très rares. Son grand avantage est qu’elle facilite le travail dans le diagnostic et permet ainsi de diminuer le nombre de clichés complémentaires. En revanche, elle génère peut-être plus de faux positifs, qui seront moindres avec l’expérience.

D. I. / Que pensez-vous du nouveau dépistage du cancer du sein qui sera mis en application en 2018 ?

J. C. / Je pense souhaitable que le dépistage soit recentré autour d’un acte médical permettant un temps d’information personnalisé, et que cette consultation soit l’occasion de transmettre des informations s’intégrant à une véritable politique de santé publique. Les modalités pratiques organisationnelles pour les radiologues ne semblent pas modifiées. En revanche, certaines évolutions sont attendues dans le rendu des examens. Les résultats de la mammographie à l’issue de la première lecture seront formalisés de façon systématique sous la forme d’un compte rendu immédiat. Il mentionnera le caractère temporaire de la conclusion dans l’attente des résultats de la seconde lecture. Enfin, la communication de résultats positifs s’inscrira dans des modalités inspirées par le dispositif d’annonce du cancer et définies avec les professionnels impliqués dans le diagnostic.

D. I. / Quels seront les bénéfices pour les patientes ?

J. C. / Cette nouvelle organisation devrait améliorer l’adhésion des femmes au dépistage. Le médecin connaîtra mieux les antécédents de chaque patiente et utilisera un logiciel intégrant ses données personnelles. Il pourra donc lui proposer le programme de dépistage le plus adapté à son cas. De plus, les femmes recevront une information personnalisée, délivrée par des professionnels de santé mieux formés et informés.

D. I. / Cela va-t-il vers une personnalisation du dépistage ?

J. C. / Toutes les actions dont je viens de parler vont dans ce sens. Des mesures sont aussi prévues pour les femmes de 25 à 50 ans. À 25 ans, chaque femme qui n’a pas d’antécédents personnels du cancer du sein déjà identifiés sera invitée à consulter son médecin traitant ou son gynécologue. Le rendez-vous sera dédié à la prévention et au dépistage et pris en charge à 100 % par l’Assurance maladie. Par ailleurs de façon personnalisée, en fonction de son niveau de risque de survenue d’un cancer du sein, chaque femme entre 25 et 50 ans sera informée de la modalité adaptée de dépistage ou de suivi. Pour cela, les professionnels auront à disposition des informations et de nouveaux outils pratiques pour favoriser le dialogue sur la prévention des cancers, systématiser l’évaluation des niveaux de risque, accompagner les patientes dans leur choix.

Auteurs

Virginie Facquet

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