Mardis de l’imagerie

La SFR fait le point sur la téléradiologie

La Société française de radiologie a tenu mi-décembre une table ronde sur le thème de la téléradiologie. L’occasion de présenter aux journalistes et représentants de patients le rôle que cette dernière joue - et jouera – dans l’amélioration de l’accès aux soins.

Le 14/01/19 à 16:00, mise à jour aujourd'hui à 15:09 Lecture 3 min.

De gauche à droite : Jean-Pierre Pruvo, neuroradiologue au CHU de Lille, Myriam Edjlali-Goujon, neuroradiologue au centre hospitalier Sainte-Anne, à Paris, et chargée du groupe communication à la SFR, Julien Carricaburu, médecin-conseil à la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) et Laurence Rocher, radiologue au centre hospitalier du Kremlin-Bicêtre et coresponsable du groupe information patients de la SFR. © J. H.

La téléradiologie, ses applications et ses perspectives étaient au programme du « mardi de l’imagerie » organisé le 18 décembre dernier par la Société française de radiologie (SFR). Depuis début 2018, ce rendez-vous réunit des radiologues, des acteurs institutionnels, des industriels, des journalistes et des patients autour d’une thématique donnée, sous la houlette de Laurence Rocher et Myriam Edjlali-Goujon, respectivement coresponsable du groupe information aux patients et chargée du groupe communication de la SFR.

Répondre aux problématiques des territoires

« La téléradiologie nous fait sortir du schéma habituel du service et de ses soignants qui prennent en charge un bassin donné de population », entame Myriam-Edjlali Goujon. Pour cette raison, elle peut être un moyen de répondre aux problématiques du manque de médecins. « C’est une solution envisagée par le plan Ma Santé 2022, sur lequel nous devons absolument nous appuyer », commente la radiologue. Des hôpitaux de proximité, avec plateaux techniques « minimaux », répondraient aux urgences et aux besoins de la gériatrie avec radiologie et scanner, et correspondraient ainsi avec des CHU, leurs équipements de pointe et leurs services de chirurgie.

L’exemple du télé-AVC

Le réseau télé-AVC, dans le Nord-Pas-de-Calais est un exemple de cette intégration de la téléradiologie dans le parcours de soins. À Lens, Béthune, Arras, Valenciennes, Maubeuge et Cambrai, 6 cliniques et hôpitaux se coordonnent pour prendre en charge les victimes d’accident vasculaire cérébral la nuit et le week-end. « Un urgentiste, un infirmier, un manipulateur et un aide-soignant présents dans chaque établissement peuvent solliciter à distance l’expertise d’un neurologue et d’un neuroradiologue de garde, décrit Jean-Pierre Pruvo, neuroradiologue à Lille, qui préside le groupe téléradiologie de la SFR. Le patient qui a besoin d’une fibrinolyse est pris en charge sur place. S’il est éligible pour une thrombectomie, il est transféré à Lille, au service de neuroradiologie interventionnelle. »

Trois fois plus de thrombectomies

Ce réseau a permis d’améliorer l’accès aux soins et les chances de survie des patients. « Nous avons doublé le nombre de fibrinolyses et triplé le nombre de thrombectomies sur le territoire. Nous en réalisons plus de 400 par an », poursuit Jean-Pierre Pruvo. Autres avantages : il renforce la coopération et la communication entre les professionnels, valorise les urgentistes et diminue le surmenage des neuroradiologues. « Tout le monde a envie du télé-AVC. Nous travaillons à l’étendre à d’autres parties du territoire. »

« Le cadre législatif et réglementaire est assez souple »

Pour Julien Carricaburu, médecin-conseil à la Caisse nationale de l’assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) cette expérience montre l’importance de l’organisation dans un dispositif de télémédecine. « Plus que les outils, ce sont les hommes et les femmes qui sont autour du patient et du médecin éloigné qui comptent, estime-t-il. À nous de définir quelle est la bonne distance, la pertinence de la téléradiologie ». Selon lui, le cadre législatif et réglementaire – notamment l’avenant 6 de la convention nationale entre les médecins libéraux et la CNAM – est assez souple pour permettre les expérimentations. L’Assurance maladie rembourse les téléconsultations depuis le 15 septembre 2018 et fera de même pour la télé-expertise dès février 2019.

Un développement au long cours

Pour l’heure, ces actes ne représentent qu’une part « infime » de la prise en charge. « Nous sortons tout juste du cadre expérimental », justifie Julien Carricaburu, estimant que ces pratiques ne se développeront pas du jour au lendemain. « Il faut que les acteurs se connaissent, que les patients aient confiance. Il faudra aussi former les gens ». En gardant à l’esprit le bénéfice du patient.

Auteurs

Jérome Hoff

Rédacteur en chef adjoint

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