Pour entrevoir les perspectives d’avenir de l’imagerie médicolégale en France, il suffit de regarder vers la Suisse. « Ce qui sera notre futur est déjà leur présent », affirme Guillaume Gorincour, radiologue à l’hôpital de la Timone, à Marseille. Lors d’une session des Journées francophones de radiologie 2017, il a présenté les technologies et applications qui feront le futur de la discipline, dont beaucoup sont développées chez nos voisins Helvètes.
L’angioscanner en routine
Dans le futur, le radiologue devra tenir un rôle « d’intégrateur des données cliniques », souligne Guillaume Gorincour. En contexte juridique, il pourra aider le légiste et la justice en fournissant une documentation factuelle, grâce à des images démonstratives. « Nos techniques, et en particulier le scanner, sont très utiles pour ça. En Suisse, l’angioscanner post-mortem est utilisé en routine. J’espère qu’en France nous pourrons harmoniser les pratiques et proposer ce type de technique beaucoup plus rapidement. »
L’IRM mène l’enquête
L’IRM devrait également trouver sa place en post-mortem. « On peut se demander comment la diffusion va, par exemple, permettre de dater un infarctus, envisage Guillaume Gorincour. Cela peut être très important pour déterminer les responsabilités dans une enquête. Est-ce que c’est parce que M. X a fait un infarctus qu’il a eu un accident de voiture et a entraîné la mort de quelqu’un d’autre ? » Par ailleurs, la spectro-IRM et l’évolution des métabolites cérébraux sont une piste de recherche pour préciser le moment de la mort.
Le Virtobot guide les biopsies
Parmi les techniques qui laissent présager du futur de l’imagerie médicolégale, Guillaume Gorincour cite le Virtobot. L’institut médicolégal de Zurich l’utilise pour réaliser des biopsies guidées. « Il permet d’identifier une cible sur les images du scanner et de faire automatiquement un prélèvement histologique à l’endroit ciblé », détaille le radiologue.
Le scanner de reventilation pour la balistique des poumons
Une autre nouvelle modalité est le scanner de reventilation. « C’est potentiellement un élément important. Il est en effet plus facile d’identifier un trajet balistique sur un poumon si on arrive à le regonfler », explique Guillaume Gorincour. Cette technique peut également prouver son utilité dans les cas de mort subite du nourrisson. « Il y a beaucoup de lésions non spécifiques dans ce que l’on identifie. Il est probable que le scanner de reventilation pourrait nous aider à différencier les remaniements post-mortem « physiologiques » de ceux qui ont à voir avec la cause du décès », estime l’intervenant.
Faire du « sur-mesure »
Quelles que soient les innovations à venir, il insiste sur l’importance de la variété et du potentiel des techniques. « Nous mettons à la disposition de la Justice et des médecins légistes un arsenal d’outils que l’on va apprendre à utiliser de la manière la plus pertinente possible, au cas par cas », conclut-il.
[contenu_encadre img= » » titre= »L’imagerie médicolégale prend de l’ampleur » auteur= » » legende= » » credit= » »]L’imagerie post-mortem se développe et se structure. « À Marseille, nous avons réalisé plus de 1 000 scanners post-mortem depuis 2008, indique Guillaume Gorincour. Cela devient un peu une évidence. » Une société spécialisée s’est organisée, l’International Society for Forensic Radiology and Imaging (ISFRI). « Son prochain congrès, en mai 2018, regroupera 150 à 200 spécialistes », affirme Guillaume Gorincour. En France, la Société française de radiologie (SFR) abrite un Groupe de recherche en autopsie virtuelle et en imagerie thanatologique (GRAVIT).[/contenu_encadre]
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