Sur 284 centres participant à une enquête nationale sur la permanence des soins et la téléradiologie initiée par Guillaume Herpe, radiologue au CHU de Poitiers (86), 69 % disent avoir recours à la téléradiologie externe et 4 % utilisent la téléradiologie interne. « En dehors des hôpitaux universitaires, la plupart des centres de radiologie en France n’ont plus de radiologues sur place en dehors des heures de travail », résume cette étude. À Poitiers, plusieurs centres périphériques du groupement hospitalier territorial (GHT) de la Vienne, qui inclut le CHU, s’appuient sur des services de téléradiologie privés pour assurer sa permanence des soins, informe Guillaume Herpe. En parallèle, une activité interne de téléradiologie est également assurée au centre de Montmorillon, au sud de Poitiers, avec un faible volume d’interprétations de scanners.
Si Guillaume Herpe considère qu’un radiologue présent physiquement reste idéal pour la sécurité des patients, plusieurs contraintes rendent les gardes de nuits aux urgences peu attrayantes, selon lui : conditions matérielles souvent médiocres et manque de motivation lié à des horaires difficiles, notamment durant les gardes nocturnes. « C’est la meilleure pratique, mais rien n’est fait pour la favoriser », regrette-t-il.
La téléradiologie « beaucoup plus confortable »
Face à cette situation, les sociétés de téléradiologie font valoir leurs avantages. D’abord, elles offrent de la flexibilité en répartissant les besoins sur différents territoires, ce qui permet de maintenir la permanence des soins en continu. Par ailleurs, les sociétés dotées de plateaux dédiés de téléradiologie tendent à proposer du matériel et des conditions d’exercice confortables. « Pour nous, il était très important de reproduire la téléradiologie tel qu’on peut le faire dans un hôpital avec du matériel, une structure dédiée, des consoles de travail, des écrans spécifiques », explique Alexandre Ben Cheikh, radiologue à Lyon et cofondateur de la société Imadis. Le radiologue lyonnais exerce la téléradiologie sous plusieurs formes, avec dans un premier temps une activité d’urgence en PDS dans un centre de garde dédié d’Imadis. « Cela permet de rendre cette activité d’urgence assez simple et contrôlée », affirme-t-il. Il pratique également une activité de téléradiologie d’urgence en libéral, principalement réalisée depuis son domicile lors des astreintes pour la clinique de la Sauvegarde à Lyon. « Nous essayons, en bonne intelligence avec les urgentistes, de faire des examens jusqu’à ce que la manipulatrice parte, à 22 heures. Pour qu’elle revienne, il faut que les examens soient plus graves ou plus justifiés », précise-t-il. Enfin, Alexandre Ben Cheikh prend en charge en téléradiologie via Imadis des examens moins urgents à rendre dans les 24 heures, mais spécialisés. « J’arrive presque à retrouver une surspécialisation équivalente à ce que je peux faire à la clinique », se réjouit-il.
Développer un modèle hybride
Guillaume Herpe milite pour que l’activité de téléradiologie soit reconnue comme un mode d’exercice comme les autres, avec des téléradiologues partiels et le maintien d’un autre côté d’une activité d’astreinte. Pour Alexandre Ben Cheikh, la pratique exclusive de la téléradiologie n’est pas une solution optimale à long terme. Un modèle hybride, combinant téléradiologie et interventions en présentiel, permettrait aux praticiens d’exercer dans des régions moins attractives tout en restant spécialisés, selon lui. « Donner la possibilité d’aller faire des suivis dans les hôpitaux et d’apporter ce mode hybride permet d’avoir une activité surspécialisée qui est motivante et intéressante et donc de continuer à faire ce que l’on aime », suggère-t-il.
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