Imagerie à distance

Les sociétés de téléradiologie s’organisent elles aussi face au COVID-19

En pleine crise sanitaire du COVID-19, les sociétés de téléradiologie mettent en place des filières dédiées et déploient leurs outils de compte rendu structuré pour l'imagerie thoracique.

Le 25/03/20 à 16:00, mise à jour hier à 15:07 Lecture 5 min.

Depuis la montée en puissance de l’épidémie de COVID-19, les réseaux de téléradiologie sollicitent leurs radiologues spécialisés en imagerie thoracique (photo d'illustration). D. R.

Les récits des radiologues et manipulateurs que nous publions sur Docteur Imago en témoignent : l’épidémie de COVID-19 a bouleversé l’activité radiologique dans les établissements de santé. En écho à cette situation de terrain, les sociétés de téléradiologie ont-elles aussi adapté leur organisation. « Il y a eu une reconfiguration complète de la planification des examens qui reflète l’application du plan Blanc dans les établissements de santé, avec l’annulation de tous les examens programmés non indispensables », observe Madeleine Cavet, radiologue et directrice médicale du groupe CTM (Compagnie de télémédecine).

Des radiologues experts sur le réseau

Depuis la montée en puissance de l’épidémie, les réseaux de téléradiologie mobilisent leurs radiologues spécialisés en imagerie thoracique. La CTM en compte cinq, qu’elle sollicite via des fils de discussion pour échanger sur les cas de COVID-19 : « Il y a des échanges quasi quotidiens sur des dossiers, des demandes d’avis en temps réel et des partages d’articles scientifiques entre les radiologues, explique Madeleine Cavet. Nous avons aussi mis à disposition le compte rendu type publié par la Société française de radiologie (SFR) pour standardiser le recueil d’informations et mettre à niveau tout le monde. »

Les demandes de scanners thoraciques explosent

Parmi les examens les plus demandés, le scanner thoracique remporte naturellement la palme : « On en voit de plus en plus, constate Madeleine Cavet. En temps normal, nous avons 10 % d’examens thoraciques. Aujourd’hui, nous sommes plutôt à 50 % sur des volumes d’urgences qui sont par ailleurs en augmentation. Il y a aussi moins d’examens réalisés aux urgences pour autre chose et de plus en plus de découvertes fortuites de COVID-19 sur des scanners. »

Les radiologues suivent les consignes de distanciation

Même constat chez Imadis, structure spécialisée dans la téléradiologie d’urgence : « L’activité d’urgence hors COVID a nettement diminué et l’activité COVID a augmenté, témoigne Vivien Thomson, radiologue et fondateur de la société.

« Nous avons déplacé les consoles dans des pièces isolées. »

Il y a eu un changement radical. Nous avons donc diminué le nombre de radiologues présents dans nos centres de garde car l’activité globale a baissé. Cela nous permet d’avoir une distanciation plus importante entre les radiologues pour éviter la contamination interindividuelle. » La société Imadis travaille sur deux sites, à Lyon et à Bordeaux, où des conditions de distanciation entre les postes ont été établies : « Nous avons déplacé les consoles dans des pièces isolées pour séparer les gens », explique Vivien Thomson.

Filières dédiées

Pour gérer cette situation exceptionnelle, Imadis a constitué un comité scientifique COVID, une filière de demandes d’examens dédiée, une formation interne pour l’interprétation des scanners thoraciques, ainsi que des outils interactifs pour discuter des cas de COVID. « Notre organisation interne fait qu’aucun cas de COVID n’est validé par un seul radiologue », note Vivien Thomson. Les comptes rendus sont rédigés en binôme, suivant un schéma structuré « qui permet aux radiologues de faire des comptes rendus homogènes ». Outre l’épidémie, les radiologues continuent de gérer chaque jour 250 patients qui ne sont pas COVID. « Un enjeu majeur », selon Vivien Thomson.

Le compte rendu structuré se généralise

En cette période de pandémie, de nombreuses sociétés de téléradiologie ont mis en place des filières COVID-19 pour centraliser les dossiers d’imagerie thoracique. Elles s’appliquent également à fournir à leurs collaborateurs des modèles de compte rendu structuré pour les examens de scanner. Parmi celles-ci, la société TéléDiag met gratuitement à la disposition des radiologues du réseau une plateforme de comptes rendus structurés de scanner thoracique baptisée « KeyDiag Covid-19 ». Cet outil doit permettre de gagner en efficacité et en fiabilité dans la prise en charge de la maladie, explique Stéphane Tavernier, le coordinateur de la structure.

Faciliter la distanciation sociale

De son côté, NEHS Digital, éditeur et distributeur de solutions de santé, a conçu un système de compte rendu type pour le COVID-19 : « Cela permet aux radiologues de travailler plus vite et plus efficacement. Tout est intégré dans notre plateforme de téléradiologie », souligne Raphaël Ruiz, directeur de la Business Unit téléradiologie. En proposant une solution d’interprétation à distance, la société mise sur la sécurité des médecins : « Les radiologues peuvent interpréter leurs examens sans avoir à se déplacer jusqu’à leur établissement et donc éviter les risques de contamination. »

Exercer pendant le confinement ou l’isolement

En cette période de distanciation sociale et d’isolement sanitaire, la téléradiologie se présente comme un outil intéressant pour réduire les risques de transmission du coronavirus : « Notre premier réflexe a été d’écrire aux directeurs de nos hôpitaux partenaires pour leur proposer d’ouvrir gratuitement des accès à distance pour leurs radiologues, indique Madeleine Cavet. Ils pourraient ainsi, en cas de confinement ou d’isolement, se connecter depuis leur domicile et continuer à exercer à distance de leur établissement. »

Des radiologues volontaires pour faire du présentiel

Toutefois, assure-t-elle, le recours à la téléradiologie n’a pas pour but de protéger les médecins en laissant les manipulateurs radio seuls face au virus. « La téléradiologie permet de continuer à faire tourner un service si un médecin est à l’isolement. Pour les manips, nous constatons que la situation est très difficile en ce moment. Nous avons beaucoup échangé là-dessus dans la communauté ; le mot d’ordre est de se soutenir. En tant que radiologue, il me semble qu’il n’y a pas de raison de ne pas être sur place avec les équipes si on le peut. D’ailleurs, au sein de la CTM, le premier mouvement de tous les radiologues a été de se porter volontaires pour faire du présentiel dans les établissements près de chez eux. »

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Benjamin Bassereau

Directeur de la rédaction BOM Presse Clichy

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