« La téléradiologie assèche le financement des services d’imagerie publique »
Jacques Albisetti, coordinateur du groupe téléradiologie de la Société française de radiologie (SFR)
« L’impact est mitigé. L’aspect positif de la téléradiologie, c’est que, dans l’urgence, elle permet de soulager la pénibilité de la permanence des soins dans une équipe déjà fatiguée par des journées harassantes. Il faut cependant faire attention car cela revient pratiquement plus cher que de recruter un radiologue supplémentaire. L’autre impact positif, c’est le recours aux radiologues privés du territoire de santé. Là encore, quand on a une équipe hospitalière en sous-effectif, pouvoir donner quelques vacations à des libéraux par téléradiologie paraît bénéfique. Cela permet de continuer à faire tourner la machine. L’impact négatif, c’est que la téléradiologie conduit à brader des services d’imagerie publique. En tant qu’hospitalier, je tire la sonnette d’alarme. L’exemple de l’hôpital de Dieppe (76) est symptomatique. Il y avait six radiologues temps plein et, progressivement, l’effectif est tombé à zéro. Actuellement, il y a 25 manipulateurs, deux scanners, deux IRM et le service est quasiment intégralement géré par téléradiologie. Aujourd’hui, l’hôpital ne peut plus faire autrement. Ils n’ont plus la possibilité de reconstituer une équipe interne car la téléradiologie assèche le financement des services. »
« Le problème, c’est qu’on ne sait pas où part l’examen »
Jean-Philippe Masson, président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR)
« La téléradiologie doit être faite par les radiologues et pour les radiologues. Parmi les sociétés qui existent en France sur ce créneau, très peu travaillent correctement. La plupart d’entre elles, qui d’ailleurs travaillent à 90% avec les hôpitaux où il n’y a pas de radiologues, font de la téléradiologie low cost. Elles pratiquent en effet des tarifs qui ne sont pas cohérents avec la CCAM, ni avec la loi, car elles proposent des rabais aux hôpitaux, ce qui n’est pas légal. L’autre problème de la téléradiologie, c’est qu’on ne sait pas où part l’examen. Il peut très bien y avoir des radiologues français qui interprètent officiellement, mais qui sont en fait des « radiologues fantômes », prête-nom pour des interprétations faites à l’étranger. Pour bien travailler, une société de téléradiologie doit être en relation directe avec le manipulateur et interpréter l’examen pratiquement en direct. Un examen, ce n’est pas quelque chose de statique, en fonction des images obtenues, on peut être amené à modifier le protocole. Pour moi, la téléradiologie doit être une téléradiologie de proximité. »
Discussion
3 commentaires
Commenter cet article