Points de vue

Le système d’Assurance maladie doit-il évoluer ?

Chaque mois, Docteur imago recueille l'avis et le ressenti de trois professionnels sur une question d'actualité, de pratiques, d'éthique, de principes, d'avenir, où tout autre sujet en lien avec le monde de l'imagerie médicale.

Le 01/02/17 à 12:00, mise à jour hier à 15:30 Lecture 4 min.

© Jérôme Hoff

« Les patients doivent savoir que les soins ont un coût »

Afshin Gangi, radiologue et chef de pôle au nouvel hôpital civil de Strasbourg (67). © V. F.
© V. F.

Afshin Gangi,
radiologue et chef de pôle,
nouvel hôpital civil de Strasbourg (67)

« Oui, il doit évoluer. La couverture universelle est un trésor qu’il faut garder mais je pense que nous ne pouvons pas continuer ainsi car c’est open bar. Il faut que nous puissions soigner les gens qui en ont besoin, mais ils doivent aussi savoir qu’il y a un coût. Et ceux qui peuvent payer devraient avancer l’argent. Quelque chose de gratuit n’a pas de valeur. Je le dis à mes patients car ils n’apprécient pas la chance qu’ils ont. Certains surconsomment. Ce n’est pas normal qu’en France, à l’inverse de l’Angleterre, nous puissions voir deux ou trois spécialistes. C’est illogique que le patient puisse aller lui-même chez un spécialiste quand son médecin traitant ne l’y a pas envoyé. Dans de tels cas, il devrait payer et ne pas être remboursé. Par ailleurs, le public et le privé ne devraient pas être remboursés par la même caisse car le privé choisit les pathologies qu’il veut traiter. En Angleterre, pour se faire rembourser les soins en hôpitaux privés, il faut une assurance privée. Enfin, il faut rembourser à leur vraie valeur les gestes qui permettent de diminuer la durée d’hospitalisation. »

« Il faut remettre le médecin au centre de tout »

Jean-Philippe Masson, président de la FNMR. D. R.
D. R.

Jean-Philippe Masson,
radiologue à la clinique Montréal à Carcassonne (12),
président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR)

« L’assurance maladie doit évoluer vers une plus grande responsabilisation du patient. La décision de Marisol Touraine de mettre en place un tiers payant généralisé est donc une hérésie, car elle va dans le sens contraire. Ensuite, il faut remettre le médecin, toutes spécialités confondues, au centre de tout. Il faut revaloriser fortement les honoraires de l’ensemble des médecins qui sont les plus bas d’Europe. Le prix de la consultation d’un médecin généraliste est de 23 € ! En outre, il faut mieux gérer les hôpitaux car ils sont une source de dépenses majeure. Il y a trop d’administratif et pas assez de soignants. Il faut développer les coopérations entre l’hôpital et la ville, mais il faut que ce soient de vraies coopérations, et non un système à sens unique, afin que tout le monde y trouve son compte. Il y a énormément de choses à faire pour réformer le système de santé en France. Il faut aussi améliorer la gestion. Il y a autant de fonctionnaires dans l’Assurance maladie que de professionnels de santé ou de médecins. C’est n’importe quoi ! Le problème est purement politique : c’est plus facile de taper sur les professionnels de santé que sur les hôpitaux ou les patients. En France, nous sommes dirigés par des gens qui ne pensent qu’à être réélus. »

« Nous revendiquons la prise en charge à 100 % »

Philippe Keravec, représentant CGT au CH du Mans
D. R.

Philippe Keravec,
secrétaire du syndicat CGT de l’hôpital du Mans (72)

« En tant que représentant de la CGT, je revendique la prise en charge à 100 % des frais de l’Assurance maladie, mais le problème du financement se pose. Nous sommes pour une vraie sécurité sociale qui, quels que soient les revenus de la population, puisse répondre aux besoins de santé et de protection sociale. Aujourd’hui, l’évolution fait que nous devons aller vers un système unique, y compris sans mutuelle. Le système créé en 1945 était un bon système. Nous voyons bien que le système complémentaire s’ouvre aux mutuelles privées qui détournent le principe même des mutuelles instaurées au début du siècle. Depuis la création de la sécurité sociale, le patronat a toujours œuvré pour réduire les cotisations patronales alors qu’il y a largement les moyens de financer l’Assurance maladie comme nous le souhaitons. Ce sont des choix politiques. Les assurances privées sont prêtes à bondir pour prendre la relève de la sécurité sociale, mais cela n’aurait plus le même sens. Dans le système que réclament certaines personnes, seuls les risques majeurs seraient pris en charge. Il faudrait une assurance privée pour être remboursé en cas de grippe. Les gens paieraient en fonction du risque qu’ils prennent. C’est le même principe que le système américain. Le risque est d’aller vers un démantèlement comme il en existe dans d’autres pays. »

Auteurs

Virginie Facquet

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