Valérie Vilgrain est professeur en radiologie et chef du service de radiologie de l’hôpital Beaujon à Clichy (Hauts-de-Seine). À ce jour, elle a fait toute sa carrière professionnelle dans cet établissement. « Après avoir fait mon internat dans les hôpitaux de Paris, je suis arrivée ici et je n’ai pas bougé. Cet hôpital m’a toujours plu et continue à me plaire. J’ai failli partir à une ou deux reprises, mais les opportunités se sont créées et il était pour moi plus intéressant de rester », sourit-elle.
Apprendre les uns des autres
Un choix qu’elle assume parfaitement. Cette femme passionnée par son métier respire la joie de vivre. « L’hôpital Beaujon me plaît beaucoup, c’est un hôpital à taille humaine avec une patientèle importante car il est réputé. Tous les services travaillent les uns avec les autres d’une façon extraordinaire, en toute confiance, en toute intelligence », s’enthousiasme-t-elle. Travailler en réseau pour apprendre les uns des autres, faire des travaux universitaires, de la recherche, de l’enseignement : cela correspond aux attentes de Valérie Vilgrain. « À Beaujon, il existe un état d’esprit particulier, que nous appelons l’état d’esprit Beaujon, qui existait déjà lorsque j’étais interne. C’est pour cette raison que j’ai voulu venir exercer ici en tant que chef de clinique », appuie-t-elle.
Un coup de cœur pour la radiologie
L’hôpital Beaujon est le premier hôpital européen monobloc construit en 1935 sur le modèle des hôpitaux américains. Un hôpital qui est reconnu pour les maladies de l’appareil digestif. C’est également le premier centre de prise en charge des polytraumatisés de la région parisienne depuis plusieurs années. « Arrivée comme interne à Beaujon, j’avais beaucoup aimé l’imagerie digestive et l’imagerie pulmonaire. Comme il y avait plus de possibilités avec les maladies de l’appareil digestif, cela a beaucoup renforcé mon tropisme naturel », assume-t-elle. Durant son internat, elle avait trouvé l’imagerie abdominale intéressante, variée, complexe. « J’ai fait la moitié de mon internat en médecine et je ne pensais pas à l’imagerie médicale. C’est en étant interne en neurologie que j’ai vu l’importance de l’imagerie médicale. Je voulais être au cœur du diagnostic car parfois, on attendait une semaine le résultat du scanner. J’ai essayé pendant un semestre la radiologie et j’ai eu un coup de cœur ».
Recherche et publications
La recherche et les publications rythment son quotidien. L’étude SARAH pour le traitement primitif du cancer du foie vient de finir. « J’attends les résultats. Nous savons déjà que la radioembolisation est très bien tolérée chez les patients et c’est un point majeur. Nous allons bientôt finir un programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) sur la valeur diagnostique des différents examens d’imagerie pour le diagnostic de carcinomes hépatocellulaires sur cirrhose. Une grosse étude avec comparaison de l’échographie de contraste, du scanner, de l’IRM avec et sans des agents de contraste hépatobiliaire ». Il faut ensuite analyser les résultats, les publier.
Lire, écrire et relire
Écrire et lire sont des centres d’intérêt qui datent de l’enfance. Clouée au lit en raison d’un rhumatisme articulaire aigu alors qu’elle est âgée d’une douzaine d’années, elle avale les romans les uns après les autres. Une passion qui ne l’a jamais quittée. Actuellement, elle refond son traité de l’imagerie de l’abdomen et poursuit ses responsabilités éditoriales. « Je suis relecteur pour des revues d’imagerie médicale, comme European Radiology et Radiology, pour des revues cliniques sur les maladies du foie comme Hepatology et Journal of Hepatology, ou chirurgicales comme Annales of Surgery et Liver Transplantation. »
Organiser un congrès
Elle organise le congrès de Val d’Isère, créé par le professeur Georges Salamon, neuroradiologue à la Timone à Marseille il y a 37 ans sur l’anatomie neurologique. « Au fur et à mesure, il l’a fait évoluer vers l’imagerie en coupes puis à ouvert à d’autres spécialités que la neuroradiologie pour en faire un congrès de haut niveau d’imagerie médicale multidisciplinaire. Claude Manel, neuroradiologue à l’hôpital Purpan, à Toulouse, a repris le flambeau pendant une dizaine d’années et a souhaité, cette année, me confier l’organisation du congrès » se réjouit-elle.
Un centre de diagnostic en un jour
Le projet Hepatic Or Pancreatic Evalution (HOPE) lui tient particulièrement à cœur. Son but est d’accueillir les patients ayant eu des problèmes non résolus concernant le diagnostic des tumeurs du foie et du pancréas. Il consiste en un service avec des locaux dédiés, qui devrait ouvrir en février 2017. HOPE sera un centre de diagnostic en un jour des tumeurs du foie et du pancréas. « Nous n’avons rien inventé. J’ai observé depuis un certain temps que cela fonctionnait bien au niveau du sein. Je vois beaucoup de patients qui ont des tumeurs bénignes du foie, qui font un examen et qui attendent les résultats. Cela génère des angoisses. Si c’est une tumeur bénigne, nous avons envie de le savoir le plus vite possible pour être soulagés. Si c’est un cancer, nous voulons pouvoir mettre en place une prise en charge la plus rapide possible. » Ce projet est le cheminement logique de longues années de travail en collaboration avec les hépatologues et les chirurgiens. « Chaque semaine, avec le chef de service d’hépatologie, nous voyons ensemble tous ses patients. Nous avons compris que ces consultations nous enrichissaient, nous permettaient d’aller plus vite et d’être plus synthétiques. Nous sommes toujours plus intelligents à deux. La multidisciplinarité est très importante. »
Impliquée dans le futur hôpital Nord
D’autres projets se bousculent. Valérie Vilgrain se mobilise pour celui de l’hôpital Nord. Ce sera la fusion des hôpitaux Bichat et Beaujon. « Il a passé le comité interministériel de la performance et de la modernisation de l’offre de soins (COPERMO). Nous avons le feu vert depuis fin décembre 2016. Un hôpital devrait voir le jour entre 8 et 10 ans sur les docks de Saint-Ouen. Je suis déjà impliquée dans cet hôpital et nous allons tous nous impliquer pour que chaque hôpital garde son identité et sa compétence ». Un nouveau défi, et sûrement pas le dernier.
[contenu_encadre img= » » titre= »Repères » contenu= »Date clés
– 1958 Naissance
– 1985 Diplôme de médecine (thèse)
– 1991 Professeur en radiologie
– 2003 Chef du service de radiologie de l’hôpital Beaujon à Clichy (Hauts-de-Seine)
Centres d’intérêt
– Imagerie diagnostique et interventionnelle du foie, des voies biliaires et du pancréas
– Imagerie scanner multidétection, IRM, imagerie ultrasonore à contraste augmenté
– Imagerie fonctionnelle : scanner de perfusion, IRM dynamique, IRM de diffusion
– Publication de plus de 350 travaux de recherche » auteur= » » legende= » » credit= » »]
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