La radiologie interventionnelle porte un paradoxe : son vaste champ d’applications favorise la coopération entre professionnels de santé mais peut aussi générer des conflits quand les différentes spécialités se disputent sa pratique. Cette problématique a fait l’objet d’une conférence lors des Journées francophones d’imagerie cardiovasculaire, en juin dernier 1.
« On ne va pas continuer à développer des choses pour les autres ! »
D’entrée, Hicham Kobeiter, radiologue vasculaire à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil (94), incite ses confrères à ne pas laisser les autres spécialistes s’approprier l’intégralité du champ interventionnel. « Notre survie passe par la recherche et par l’innovation, rappelle-t-il. La radiologie interventionnelle, c’est 40 ans d’innovation pour les autres disciplines. Maintenant, il faut que ça cesse. On ne va pas continuer à développer des choses pour les autres ! »
Un geste très convoité
Avec l’émergence des thérapies guidées par l’image, l’acte interventionnel attire en effet toutes les convoitises et des rivalités peuvent apparaître. « Tant que le radiologue interventionnel faisait du diagnostic, il y avait très peu de problèmes. Mais l’interventionnel est considéré comme un geste noble. C’est ce qui crée le conflit avec les autres disciplines », explique Hicham Kobeiter.
Imagerie médicale ou bloc opératoire ?
Parmi les sources de confrontation, l’intervenant cite notamment les luttes de pouvoir, la rivalité, l’incompatibilité entre les personnes… Avec comme point d’orgue le choix du lieu d’installation des salles de radiologie interventionnelle : imagerie médicale ou bloc opératoire ? Dans les grands établissements hospitaliers, les radiologues interventionnels ont parfois du mal à trouver leur place, constate Hicham Kobeiter. Leur rôle est pourtant essentiel. « Tout le monde se demande pourquoi c’est vous qui faites des gestes interventionnels. Mais si vous disparaissez, ils vont se demander pourquoi vous n’êtes plus là ! C’est là que l’on peut voir l’importance de cette discipline. »
« Il faut faire venir les patients directement vers nous »
Contre cette situation, Hicham Kobeiter invite les radiologues à prendre conscience de l’importance de la consultation. « La consultation, c’est ce qui fait que l’on va réaliser nos actes. Il faut faire venir les patients vers nous. Nous aurons ainsi un peu d’indépendance vis-à-vis des services cliniques. »
Promouvoir la discipline chez les étudiants
Pour que la radiologie interventionnelle prenne toute sa place, elle doit aussi se mettre davantage en avant, estime l’intervenant. « La discipline est très peu connue chez les étudiants. Il faut donc développer sa visibilité car, quand ils seront médecins, ils devront savoir à qui adresser les patients qui auront besoin d’un acte de radiologie interventionnelle. » Selon lui, les radiologues interventionnels ne doivent pas hésiter à défendre leur spécialité. « Les thérapies guidées par l’image ont beaucoup d’avenir et il faut que la radiologie interventionnelle sache les garder et les développer. »
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