Une des sessions du dernier Congrès européen de radiologie, qui s’est tenu à Vienne (Autriche) du 1er au 5 mars 2017, s’est intéressée à la responsabilité des radiologues et des manipulateurs radio dans la culture de la sécurité du patient. Pour l’un des orateurs, Shane Foley, manipulateur radio conférencier à l’University College de Dublin (Irlande), cette dernière doit impliquer tous les professionnels. « Dans le monde de la santé, la culture de la sécurité du patient repose sur des valeurs communes. Chaque personne, quel que soit son métier dans un service de radiologie, à un rôle à jouer », estime-t-il. Cette culture de la sécurité est une préoccupation majeure puisque l’imagerie est de plus en plus employée et tient une place centrale dans le parcours de soins. « Il est très important pour nous d’être conscients des effets potentiels des rayonnements sur nos patients, car les doses de radiation délivrées à la population augmentent », rappelle l’intervenant.
Une responsabilité à tous les niveaux
Mais la sécurité n’est pas qu’une affaire d’irradiation. Son champ d’action est beaucoup plus vaste. « Les risques sont nombreux dans un service d’imagerie : erreurs d’identité, erreurs de procédures, erreurs de latéralité, erreurs de traitement, difficultés éventuelles de communication », énumère Shane Foley. En la matière, la responsabilité de tous intervient à la fois au niveau individuel, organisationnel et collectif, explique-t-il. « Au niveau individuel, nous devons être responsables de la sécurité des patients et être capables d’exprimer nos inquiétudes à ce sujet. Au niveau organisationnel, les services ont l’obligation d’établir des standards, de mettre en place des stratégies défensives et d’examiner les problèmes dès qu’ils apparaissent. Enfin, au niveau collectif, nous devons tirer les enseignements de ces problèmes et opérer les changements en conséquence. »
Une nouvelle directive européenne pour 2018
La protection contre les rayonnements repose sur trois piliers : la justification, l’optimisation et de la limitation de la dose. Des principes inscrits dans la loi et bientôt confirmés par la nouvelle directive européenne BSS 2013/59/EURATOM, qui entrera en vigueur en février 2018. « Cette directive renforce un certain nombre de principes clés de la radioprotection tels que la justification et l’utilisation des niveaux de référence diagnostiques. De nouvelles exigences sont également prévues en matière d’information des patients sur les risques potentiels lors des procédures radiologiques, ainsi que l’obligation de transférer les données de dose du patient dans le rapport radiologique », décrit Shane Foley. « Désormais, la législation européenne impose que chaque exposition aux rayonnements soit justifiée en amont de l’examen, indique-t-il. Nous devons aussi prendre en compte la sécurité des accompagnants des patients. »
La collaboration est essentielle
En matière de justification et d’optimisation, la collaboration entre tous les acteurs de l’imagerie est essentielle, estime Shane Foley. « Si nous voulons améliorer la sécurité du patient, il est important de former une équipe de radiologie, pour que les médecins et les manipulateurs radio travaillent ensemble. Il arrive que le manipulateur soit la seule personne qui rencontre les patients. Il est donc primordial d’avoir ce contact pour discuter avec eux et collecter des informations complémentaires qui peuvent éventuellement modifier le déroulement de l’examen. En ce qui concerne l’optimisation, nous devons nous assurer de maximiser les bénéfices pour le patient. Là aussi la législation européenne impose des obligations aux radiologues mais aussi aux praticiens, aux physiciens médicaux et aux manipulateurs radio. »
Conserver sa part d’humanité
Cette notion d’« équipe radiologique » est également le crédo d’un autre intervenant de la session, Graciano Paulo, manipulateur radio conférencier et vice-président de l’École des techniques de santé de Coimbra (Portugal). Invité à commenter les challenges actuels de l’imagerie médicale, il relève ce paradoxe : « Il y a de moins en moins de radiologues, alors que le nombre d’examens d’imagerie augmente chaque année. Les demandes croissantes d’examens d’IRM et de scanner mettent une pression toujours plus grande sur les services d’imagerie. » Selon lui, le plus grand défi de l’imagerie est de s’adapter aux évolutions techniques, économiques et organisationnelles, tout en conservant sa part d’humanité. « L’avenir des métiers de l’imagerie dépend de notre aptitude à construire un modèle de travail en équipe basé sur les rôles et les responsabilités de chacun, en gardant à l’esprit l’importance des soins centrés sur le patient », conclut-il.
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