Entretien

« La fonction publique hospitalière est le secteur d’activité où il y a le plus d’absentéisme »

Une récente enquête Ifop-Securex a ciblé la problématique de l’absentéisme au travail et ses enjeux sur le fonctionnement des entreprises. Analyse avec Bruno Pernet, directeur de l’entité Securex Medical Services, spécialisée dans la maîtrise de l’absentéisme et le développement d’outils pour améliorer la qualité de vie au travail.

Le 23/06/17 à 15:00, mise à jour aujourd'hui à 15:09 Lecture 2 min.

« L’absentéisme peut avoir des causes managériales », souligne Bruno Pernet, directeur de l’entité Securex Medical Services, spécialisée dans la maîtrise de l’absentéisme et le développement d’outils pour améliorer la qualité de vie au travail. D. R.

Docteur Imago / Pourquoi avoir réalisé cette enquête sur l’absentéisme ?

Bruno Pernet / Les données sur l’absentéisme sont souvent basées sur la perception de l’employeur. Nous avons voulu recueillir celle des employés, pour pouvoir les confronter. 41 % des salariés interrogés nous ont répondu qu’ils avaient été en arrêt au moins une fois sur une année. Mais quand on regarde les chiffres dans les entreprises, on est plutôt autour de 50 ou 55 % en fonction du secteur d’activité.

D. I. / Le sondage relève que certains arrêts maladie sont injustifiés…

B. P. / Dans les entreprises, il y a environ 80 % des salariés qui jouent le jeu. Quand ils prennent un arrêt maladie c’est parce qu’ils ont une pathologie qui ne leur permet pas d’aller travailler. En revanche, il y a 20 % des salariés qui, dans certains cas, prennent des arrêts de confort. L’absentéisme peut avoir des causes managériales. Il y a des absentéismes importants liés aux postes de travail, où l’employeur n’a pas tout mis en place pour que l’employé puisse travailler sereinement.

D. I. / Quelles sont les solutions pour lutter contre l’absentéisme ?

B. P. / Securex Medical Services propose des outils répressifs et préventifs qui permettent aux entreprises de maîtriser leur absentéisme. L’outil répressif est la contre-visite médicale : l’employeur envoie un médecin au domicile du salarié pour contrôler si l’arrêt est justifié. Il y a aussi des outils préventifs. Pour lutter contre les causes managériales d’absentéisme, nous mettons en place un accompagnement des managers à travers des formations, des missions de consultance, des missions de conseil auprès des entreprises. Il y a des représentants du personnel qui considèrent les actions prises autour de la maîtrise de l’absentéisme comme quelque chose de répressif. Mais l’objectif est avant tout de faire en sorte qu’il y ait de règles du jeu connues et reconnues par tous les membres de l’entreprise.

D. I. / Comment les employeurs peuvent-ils faire face à une absence ?

B. P. / Il y a plusieurs solutions possibles. La première est de décaler le travail qui n’est pas fait par la personne absente et d’attendre son retour. La deuxième est de charger l’équipe en place. La troisième est de détacher des personnes d’autres services pour remplacer la personne absente. Enfin, la quatrième est de prendre des intérimaires et des CDD.

D. I. / Quelle est la situation dans le monde médical et hospitalier ?

B. P. / Tous secteurs confondus, la fonction publique hospitalière est le secteur d’activité où il y a le plus d’absentéisme, avec un taux d’environ 10 à 12 %. D’une façon générale, l’absentéisme est plus important dans le secteur public que dans le privé. Il y a plusieurs raisons à cela. La première, c’est que les procédures de maîtrise de l’absentéisme sont plus importantes dans le privé. Vous pouvez avoir un jour d’arrêt maladie et être contrôlé sur ce seul jour. Il y a moins de pression dans le secteur public. La deuxième cause, c’est la surcharge de travail et le manque d’effectifs, qui usent le personnel médical. On est rarement dans l’arrêt de complaisance. C’est plus de l’épuisement qu’autre chose.

Notes

1. Enquête réalisée du 3 au 6 avril 2017 sur un échantillon de 1 291 personnes, représentatif des salariés actifs âgés de 18 ans et plus.

Auteurs

Carla Ferrand

Journaliste cheffe de rubrique

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