Comment expliquer que les doses de rayonnement délivrées aux patients lors des examens de scanner varient significativement d’un pays à l’autre ? Afin de mieux comprendre les mécanismes de cette hétérogénéité, une équipe internationale a mené une étude prospective dans sept pays. Elle est parue en janvier 2019 dans le British Medical Journal [1].
2 millions d’examens analysés
Les chercheurs, dirigés par Rebecca Smith-Bindman, professeure au département de radiologie de l’université de Californie, à San Francisco, ont analysé plus de 2 millions d’examens de scanner réalisés chez 1,7 million de patients adultes entre novembre 2015 et août 2017 dans 151 établissements en Allemagne, aux États-Unis, en Israël, au Japon, aux Pays-Bas, au Royaume-Uni et en Suisse.
Des données sur les patients, les établissements, les machines…
Parmi les examens inclus, 724 627 étaient des scanners de l’abdomen (36 %), 682 701 du crâne (34 %), 515 007 du thorax (26 %) et 83 124 des scanners thoracoabdominaux (4 %). Les auteurs ont collecté des données sur les variables liées au patient (sexe, âge et taille), au type d’établissement (centre de traumatologie, scanner 24/7, centre universitaire, centre privé), au volume d’examens, aux facteurs machine (constructeur, modèle, logiciel de réduction de dose), au pays et à la façon dont les scanners étaient utilisés avant et après les ajustements en fonction des caractéristiques des patients.
7 mSv aux Pays-Bas, 25,7 mSv au Japon pour l’abdomen
Résultat : la dose efficace moyenne et la proportion d’examens à dose élevée diffèrent « fortement » d’un pays à l’autre, « même après ajustement des paramètres en fonction des caractéristiques des patients ». Elle varie ainsi de 7 mSv aux Pays-Bas à 25,7 mSv au Japon pour les examens de scanner abdominal (rapport de 1 à 4), avec une proportion d’examens à forte dose multipliée par 17 entre les mêmes pays (4-69 %). Même constat pour le scanner thoracique (dose efficace moyenne de 1,7 mSv en Suisse à 6,4 mSv aux États-Unis, proportion des examens à forte dose de 1 à 26 % entre ces mêmes pays) et le scanner thoracoabdominal (10,0 mSv en Allemagne à 37,9 mSv au Japon ; 2-78 %). « Les doses pour le scanner du crâne variaient moins (1,4-1,9 mSv ; 8-27 %) », notent les chercheurs.
L’utilisation des scanners en cause
Ces variations sont principalement dues aux paramètres techniques choisis et à la façon dont les scanners sont utilisés, constatent les auteurs. Pour homogénéiser les doses, ils soulignent donc l’importance d’uniformiser les pratiques et de sensibiliser les professionnels. « Cela exigera probablement de former davantage les personnes qui établissent les protocoles de scanner, de recalibrer les attentes en matière de qualité d’image et d’accroître le partage des protocoles entre établissements », concluent-ils.
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