En France, le cancer colorectal est la deuxième cause de décès par cancer chez l’homme, la troisième chez la femme 1. Le 26 septembre dernier, la Journée technique de la Société française de radioprotection (SFRP) lui a consacré l’une de ses sessions. Sébastien Leygnac, physicien médical en imagerie à l’hôpital Bichat (Paris), a évoqué la place du coloscanner par rapport à la coloscopie pour son dépistage.
En cas d’échec de la coloscopie
La coloscopie est la méthode de référence pour le diagnostic du cancer colorectal. « Elle permet de détecter les polypes sur la paroi du côlon, de les analyser et de faire immédiatement une biopsie, voire une exérèse du polype », explique Sébastien Leygnac. Le scanner se positionne en examen de seconde intention en cas d’échec de la coloscopie ou lorsque celle-ci est contre-indiquée. « Dans ce cas, on réalise un coloscanner à gaz qui permet de faire une coloscopie virtuelle (CV). C’est donc une alternative à la coloscopie réelle (CR) pour visualiser les polypes. »
CR vs CV
Durant sa présentation, Sébastien Leygnac a listé les avantages et les inconvénients des deux techniques. Il indique que la coloscopie réelle ne requiert pas d’utilisation de produit de contraste et n’entraîne pas d’irradiation, contrairement à la coloscopie virtuelle. En revanche, le principal avantage de la CV est qu’elle ne nécessite pas d’anesthésie générale, alors que c’est le cas pour la CR. « Concernant les complications, il y a des risques faibles d’hémorragie et de perforation avec la CR, indique Sébastien Leygnac. Ces risques existent aussi en CV mais ils sont encore plus faibles. » En termes d’analyse, les deux méthodes permettent de faire une analyse visuelle des polypes. La CR a cependant l’avantage d’autoriser une biopsie immédiate.
Un aspect « comparable » à la coloscopie réelle
Pour réaliser une coloscopie virtuelle, il faut insuffler du CO2 dans le rectum du patient. « On réalise un tomogramme pour vérifier que le CO2 s’est bien réparti dans toute la zone du colon. Puis, si c’est correct, on fait une première acquisition scanner sur le côté gauche du patient puis sur le côté droit », détaille Sébastien Leygnac. Le radiologue procède ensuite à l’interprétation des images acquises. « Il fait une première analyse avec ces coupes puis il effectue une reconstruction pour chacun des examens scanner, qui donne un aspect comparable à une coloscopie réelle. »
L’incertitude subsiste sur les faibles doses
Au sujet de la dose délivrée par le scanner, le physicien médical cite quelques exemples trouvés dans la littérature, qui mentionnent des doses très faibles dans le cadre du dépistage. « Aujourd’hui, avec la reconstruction itérative, on arrive à une qualité d’image suffisante même avec 1 ou 2 mSv », note-t-il. Malgré la diminution des doses, il insiste sur la difficulté d’évaluer le risque associé aux rayonnements ionisants. « On a toujours une incertitude avec les faibles doses et lorsqu’elles sont fractionnées », remarque-t-il. Pour éviter l’irradiation, la colo-IRM pourrait être une alternative intéressante mais, comme le souligne Sébastien Leygnac, les séquences sont beaucoup plus longues qu’avec la CV. « Cela prend du temps d’examen et c’est plus difficile pour le patient », conclut-il.
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