Docteur Imago / Votre technique d’élastographie virtuelle emploie l’IRM de diffusion en remplacement de l’IRM conventionnelle. Pourquoi cette alternative ?
Denis Le Bihan / L’élastographie par IRM conventionnelle coûte cher et la qualité des images obtenues n’est pas excellence. La résolution spatiale est souvent assez grossière. L’IRM de diffusion sert à mesurer le mouvement des molécules d’eau. Elle permet donc d’estimer le coefficient d’élasticité des tissus à partir du coefficient de diffusion de l’eau, sans utiliser des vibrations mécaniques.
D. I. / Quels sont ses avantages ?
D. L. B. / Avec cette nouvelle méthode, on fait les images de diffusion de l’organe que l’on veut (foie, sein, prostate, etc.) sans aucune vibration. On obtient une image de l’élasticité du tissu avec une bien meilleure précision, et potentiellement des images de meilleure qualité. C’est un outil de plus dans notre panoplie pour détecter des lésions, et surtout pour quantifier. Par exemple, pour la fibrose du foie, on obtient directement le degré de fibrose. On fait l’IRM de diffusion, ensuite l’élastographie virtuelle et on a cette information directement. L’autre avantage de cette méthode est qu’elle permet aussi de faire des images synthétiques pour reproduire ce que feraient des vibrations mécaniques. On peut ainsi simuler en couleurs quel serait l’aspect de l’image obtenue par l’élastographie s’il y avait une véritable vibration qui traversait le foie, et ce pour n’importe quelle fréquence car c’est virtuel. Et là, on voit apparaître des différentiations au sein des tumeurs.
D. I. / Cette technique pourrait-elle bientôt être utilisée en clinique ?
D. L. B. / La technique fonctionne. Maintenant, il faut confirmer sur des cohortes de patients plus importantes. En clinique, aujourd’hui tous les systèmes d’IRM ont l’imagerie de diffusion. Il n’y a donc rien de plus à faire. Il suffit d’implémenter le traitement des données.
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