En 2005, quand John Philips est rentré d’une mission de six mois sur la station spatiale internationale, il s’est aperçu que sa vue s’était dégradée. Il était devenu myope. Les médecins ont remarqué que l’arrière de ses globes oculaires s’était aplati, poussant sa rétine vers l’avant, et que ses nerfs optiques étaient enflammés, rapporte un article du Washington Post. Selon une étude présentée au dernier Congrès de la Société nord-américaine de radiologie (RSNA) [1], ce syndrome de déficience visuelle par pression intracrânienne (VIPP) serait corrélé à un accroissement du volume du liquide cérébrospinal (LCS) dans le cerveau, lui-même provoqué par la microgravité.
Des IRM avant le départ et au retour
Noam Alperin et ses confrères universitaires de la Miller School of Medicine, à Miami, en Floride, ont fait passer des IRM des orbites et du cerveau à 16 astronautes avant et après un voyage dans l’espace. 7 d’entre eux étaient en mission de longue durée sur l’ISS. Les 9 autres étaient en mission de courte durée, à bord d’une navette spatiale.
Le volume de liquide cérébrospinal augmente plus chez les astronautes partis longtemps
Ils ont constaté que l’aplatissement des globes oculaires et la protrusion des nerfs optiques étaient plus importants chez les voyageurs au long cours. Chez les mêmes sujets, le volume de LCS avait « significativement » plus augmenté que chez les autres au niveau des orbites et dans les cavités du cerveau où il est produit. Les intensités des deux phénomènes étaient corrélées. En revanche, les volumes des substances blanche et grise n’avaient pas bougé. « Le liquide cérébrospinal joue donc un rôle direct dans les changements oculaires qui surviennent lors des missions spatiales », en conclut l’étude.
L’apesanteur perturbe la régulation du LCS
L’évolution du volume de LCS serait provoquée par l’état d’apesanteur dans lequel évoluent les occupants de l’ISS. « Sur terre, le système du liquide cérébrospinal s’adapte automatiquement en fonction de la pression hydrostatique. Mais, en l’absence de gravité, il est perturbé », explique Noam Alperin, qui considère qu’il est indispensable d’identifier rapidement les premiers signes du VIPP, pour éviter des « dommages irréversibles » chez les astronautes. Un problème parmi tant d’autres que les agences spatiales devront régler avant d’envoyer des hommes sur mars.
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