Depuis que plusieurs études [1] [2] ont montré qu’une partie du gadolinium utilisée en IRM pourrait se déposer dans les tissus cérébraux après des expositions répétées, le débat anime la communauté de l’imagerie médicale. Tous les produits de contraste produisent-ils les mêmes effets ? Quels sont les dangers d’une telle rétention à long terme ? Les travaux de recherche se multiplient. Récemment, une équipe allemande a réalisé une étude transversale [3] sur un groupe de patients sélectionnés. 91 avaient déjà reçu 1 à 37 doses d’acide gadoxétique, utilisé pour l’IRM du foie, et 52 témoins n’avaient jamais reçu d’agents de contraste à base de gadolinium (GBCA). Tous ont passé une IRM standard du cerveau. Les résultats, publiés dans la revue Radiology, montrent une corrélation significative entre le nombre d’administrations du produit et l’augmentation de l’intensité du signal sur une image pondérée en T1 dans le noyau dentelé et le pallidum dorsal. Une augmentation « probablement due à la rétention de gadolinium », avancent les chercheurs.
Des agents de contraste linéaire
Dans un autre article également publié dans Radiology [4], d’autres chercheurs allemands indiquent n’avoir détecté aucune augmentation significative du signal T1 du noyau dentelé chez les patients qui ont reçu environ 23 injections de GBCA macrocyclique. Ces résultats confirment les recherches d’une équipe japonaise, elles aussi détaillées dans Radiology, en juin 2015 [5]. Elles concluent que l’hypersignal dans le noyau dentelé sur les images pondérées en T1 est associé à l’administration précédente de GBCA linéaires, tandis que l’administration de GBCA macrocycliques n’a aucun lien avec l’augmentation de l’intensité du signal.
L’EMA mène l’enquête
Si aucun effet néfaste n’a pour l’heure été démontré, la possibilité d’une accumulation de gadolinium dans le cerveau inquiète les institutions. L’Agence européenne des médicaments (EMA) a ainsi mobilisé son Comité d’évaluation des risques en pharmacovigilance de l’EMA. Après examen de la littérature scientifique, ce dernier a indiqué en janvier qu’il conduira un examen approfondi du risque de dépôts dans le cerveau et de la sécurité globale de ces produits.
Le Canada reste prudent
Dans un communiqué du 6 janvier 2017, le ministère fédéral de santé du Canada conseille aux professionnels de santé de limiter le recours au ACGB, d’utiliser la plus faible dose efficace et d’évaluer le rapport bénéfice/risque pour chaque patient. Il avise dans un communiqué que « selon les éléments scientifiques probants connus, l’administration d’agents linéaires entraînerait une accumulation plus élevée de gadolinium dans le cerveau que l’administration d’agents macrocycliques, mais que des accumulations ont été observées après l’administration des deux types de produits ».
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