Recherche en imagerie

Un interne en radiologie travaille au développement d’un nouveau traitement contre l’AVC

À Caen, des chercheurs de l’Inserm développent de nouvelles stratégies thrombolytiques pour le traitement de l’AVC. Ils ont découvert qu’une molécule présente dans le sirop contre la toux permet de détruire les caillots sanguins. Biologiste et interne en radiologie, Maxime Gauberti a participé à la coordination de l’étude avec sa consœur Sara Martinez de Lizarrondo.

Le 28/08/17 à 7:00, mise à jour hier à 14:16 Lecture 2 min.

Interne en radiologie, Maxime Gauberti a coordonné une étude sur l'utilisation de la N-acétylcystéine dans le traitement des AVC, avec sa consœur Sara Martinez de Lizarrondo. © Inserm

Et si le nouveau traitement contre les accidents vasculaires cérébraux (AVC) se cachait dans les sirops pour la toux ? Tel est l’espoir des chercheurs de l’unité Inserm 1237 de Caen (Caen) dédiée à l’imagerie des maladies neurologiques. Dans un article paru au mois de mai dans la revue Circulation, ils mettent en lumière le potentiel curatif de la N-acétylcystéine (NAC), une molécule utilisée dans les traitements contre la bronchite.

« Casser le facteur von Willebrand »

La NAC est utilisée dans ces médicaments pour sa capacité à fragmenter les chaînes de protéines présentes dans le mucus. « Mais la mucine n’est pas la seule protéine dans le corps qui soit capable de polymériser de cette manière, explique Maxime Gauberti, biologiste et interne en radiologie qui travaille au centre de recherche en imagerie Cyceron. Il y a également le facteur von Willebrand qui a un rôle très important dans la stabilité des thrombus qui causent les AVC. L’idée est donc d’utiliser la N-acétylcystéine pour casser ce facteur, et ainsi détruire le caillot et reperfuser les artères. »

Les premiers essais cliniques prévus pour fin 2018

Pour l’heure, les recherches sont au stade expérimental. Les premiers essais cliniques chez l’homme devraient avoir lieu d’ici fin 2018. L’Inserm travaillera en collaboration avec plusieurs structures européennes. Le but sera d’évaluer l’efficacité d’un traitement combinant le tPA, un activateur tissulaire du plasminogène utilisé pour dissoudre les caillots, et la N-acétylcystéine. Une perspective intéressante selon Maxime Gauberti. « Dans nos modèles expérimentaux, nous constatons que la N-acétylcystéine est plus efficace que le traitement actuel par injection de tPA, remarque-t-il. Les cibles moléculaires de ces deux traitements sont différentes et nous pensons qu’il pourrait y avoir un effet synergique. »

Un traitement potentiellement plus efficace et moins cher

Pour les professionnels de l’imagerie, ce nouveau traitement pourrait changer la donne. En effet, comme le rappelle Maxime Gauberti, « les neuroradiologues sont en première ligne pour la prise en charge des AVC ischémiques ». D’ores et déjà, les perspectives sont encourageantes. En plus d’une efficacité supposée meilleure, la N-acétylcystéine induirait moins d’effets secondaires que le tPA. « Contrairement à ce dernier, elle ne provoque pas de saignements dans le cerveau puisqu’elle détruit uniquement les mauvais caillots », assure le chercheur. La N-acétylcystéine présente en outre l’avantage d’être beaucoup plus économique : 30 euros la dose, contre 1 500 euros pour une injection de tPA.

Auteurs

Carla Ferrand

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