Pénurie de masques

Des cabinets à l’arrêt faute de matériel de protection

Malgré les promesses du gouvernement, certains centres de radiologie sont contraints de suspendre ou de réduire leur activité car ils manquent de moyens de protection pour leurs personnels, en particulier de masques. Témoignages.

Le 27/03/20 à 8:00, mise à jour hier à 15:14 Lecture 3 min.

En pleine crise sanitaire de COVID-19, les difficultés d’approvisionnement de matériel de protection ont poussé des centres de radiologie à restreindre fortement leur activité, voire à fermer leurs portes (photo d'illustration). D. R.

Des observateurs, et notamment la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR), l’avaient prédit : le manque de matériel de protection a poussé des centres de radiologie à restreindre leur activité, voire à fermer leurs portes en pleine crise du COVID-19. C’est le cas du centre d’imagerie RMX dans le XVe arrondissement de Paris, qui a baissé le rideau le 19 mars au soir. « Nous manquions de surblouses, de masques, de gants et de solution hydroalcoolique ; nous avons donc été contraints de fermer, explique la radiologue Anne-Élisabeth Cabée, PDG du centre. J’ai pris cette décision avec mes collègues. Tout le monde l’a acceptée car nous n’avions plus du tout de stocks. Dans le privé, nous sommes tous volontaires pour travailler et nous mobiliser, mais là, nous n’avions pas le choix. Nous étions affligés de devoir fermer. »

Un examen toutes les demi-heures

Depuis la fermeture du centre, la directrice se démène pour récupérer du matériel de protection : « Nous avons finalement réussi à en trouver un peu chez notre fournisseur et via le réseau d’imagerie Vidi », indique Anne-Elisabeth Cabée. Après dix jours de fermeture, le centre devrait pouvoir accueillir de nouveau des patients à partir du 30 mars. « Nous reprenons lundi avec le matériel que nous avons, en espérant pouvoir durer et en récupérer encore un peu. » L’activité sera aménagée suivant un planning restreint : « Nous allons énormément espacer les examens, et nous accueillerons uniquement des gens dont les examens sont nécessaires ou urgents. N’ayant qu’un seul scanner, nous ne pouvons pas organiser un circuit spécifique et nous restreindrons l’accès aux patients qui n’ont pas de fièvre ou de toux pour réduire le plus possible les risques de contamination du personnel et des autres patients. »

Service minimum

À Beauvais, dans l’Oise, l’épidémie de COVID-19 a fortement perturbé l’activité du centre de radiologie de la clinique du Parc. Faute d’équipements de protection, la structure n’assure depuis le 20 mars qu’un service minimum, essentiellement des gardes et des astreintes. « Jusqu’à cette date, nous avions pu tenir en glanant des masques à droite, à gauche, témoigne Régis Prévost, radiologue.

« Nous avons une trentaine d’employés ; 18 masques, ça ne fait même pas une journée. »

J’ai pioché dans la petite réserve de ma femme, qui est dentiste. » Le 19 mars, il avait pu récupérer 18 masques dans une pharmacie. Une quantité loin d’être suffisante pour protéger le personnel : « Nous avons une trentaine d’employés dans le centre d’imagerie ; 18 masques, ça ne fait même pas une journée. Comment voulez-vous lutter contre une épidémie virale de cette ampleur sans le moindre équipement de protection ? C’est un pur scandale. »

Actuellement, le centre d’imagerie tourne au ralenti avec un radiologue, deux manipulateurs radio, deux secrétaires et deux femmes de ménage : « Il y a sept personnes présentes par jour. Nous consommons moins de masques, donc nous pouvons gérer la pénurie », commente Régis Prévost.

Une menace sanitaire et économique

En plus du manque de matériel de protection, les mesures de confinement et les consignes de report des examens non indispensables ont participé à mettre un coup d’arrêt à l’activité du centre. À l’instar de nombreuses entreprises, les cabinets de radiologie font face à un ralentissement économique sans précédent : « Nous faisons à peine 5 % de l’activité habituelle. Nous allons donc connaître des problèmes économiques », redoute Régis Prévost.

Auteurs

Carla Ferrand

Journaliste cheffe de rubrique

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