D’un établissement à l’autre, les applications des règles de radioprotection revêtent des réalités différentes, notamment pour les professionnelles enceintes. Le 19 mai dernier, lors de la table ronde du congrès de l’Association française des techniciens en médecine nucléaire (AFTMN), plusieurs travailleuses ont raconté les situations qu’elles ont vécues durant leur grossesse.
Quelques restrictions mises en place
Une manipulatrice dans l’assistance décrit son expérience : « J’ai vécu deux grossesses dans mon service de médecine nucléaire et je n’ai pas quitté mon poste. Je continuais à travailler avec quelques restrictions : je ne manipulais pas les produits et je n’allais pas au labo chaud ». Une autre travailleuse a été confrontée à la situation inverse et s’est trouvée affectée à un poste totalement différent. « Dans mon établissement, les femmes enceintes ne peuvent pas travailler dans le service de médecine nucléaire. J’ai été complètement exclue du service et on m’a mise dans un secrétariat. Je voulais continuer à travailler dans mon service, mais la médecine du travail a refusé. »
Trouver un compromis avec la médecine du travail
Séverine Moynat, cadre de santé et personne compétente en radioprotection (PCR) au centre hospitalier de Versailles, dénonce « une forme de discrimination » et rappelle que le texte de la Commission internationale de protection radiologique (CIPR) ne stipule pas que les femmes enceintes ne doivent plus travailler en médecine nucléaire. « Il y a des éléments dans la circulaire qui sont toujours d’actualité, même si elle date de 1999. Après, il est vrai que c’est le médecin du travail qui a le dernier mot. C’est lui qui donne les aptitudes et qui peut faire des limitations d’activité. Les recommandations de l’IRSN vont dans le sens de trouver un compromis. »
Utiliser les EPI « à bon escient »
Autre thème de la table ronde sur la radioprotection : les équipements de protection individuels. À ce sujet, Guillaume Sumann, manipulateur PCR à l’hôpital Robert-Pax de Sarreguemines, recommande une utilisation raisonnée : « On n’oblige pas le port du tablier plombé mais on demande de l’utiliser à bon escient, explique-t-il. Nous avons des équipements de protection collective qui ont une efficacité bien supérieure au tablier plombé. » L’intervenant énumère d’autres moyens de protection. « Il est plus efficace de jouer sur les doses injectées, les modes opératoires, les procédures, les protocoles. On aura bien plus de gains que le port du tablier plombé en continu. »
Un tablier plombé parfois pénalisant
Concernant les conditions de travail, le tablier plombé est une charge supplémentaire pour les manipulateurs, notamment lors du changement de générateur. « En se basant sur les charges admissibles dans le Code du travail, si on additionne un générateur de 10 kg et le poids du tablier, on arrive à la limite des charges admissibles portées par le travailleur. » Et lors de l’injection, le tablier peut engendrer des problèmes d’ergonomie. « Dans certains services, on préconise le port du tablier plombé pour l’injection. Personnellement, je ne suis pas adepte de cela car la position que doit prendre le manipulateur lors de l’injection va être beaucoup plus pénalisante que la faible exposition engendrée par l’injection. »
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