Validé par le conseil d’État en décembre 2016, le nouveau décret d’actes des manipulateurs décrit précisément les champs d’action des professionnels, en fonction des différents contextes de prises en charge et d’examens. Certains actes d’imagerie peuvent ainsi être réalisés en autonomie par les manipulateurs : « Le nouveau décret d’actes est en cohérence avec la réingénierie du diplôme de manipulateur radio qui laisse apparaître leur rôle de soignant, déclare Laurent Verzaux, responsable du groupe téléradiologie de la SFR. Dans certaines circonstances, ils sont amenés à prendre en charge le patient de manière autonome, notamment en salle de radiologie conventionnelle, il n’y avait donc plus besoin de mentionner la surveillance immédiate d’un médecin. Sur ce point, le texte a été modifié tout en maintenant la notion de responsabilité du médecin qui prescrit l’acte au manipulateur. Ce nouveau décret a le mérite de clarifier cette situation qui était parfois un peu bancale. »
Maintenir le lien avec le radiologue
En compartimentant les activités qui peuvent être réalisées par un manipulateur seul ou en présence d’un médecin, les pratiques de téléradiologie pourraient-elles être impactées par le nouveau décret d’actes ? Pour le radiologue, la réponse est non, car la téléradiologie reste avant tout une pratique qui s’exerce dans un cadre rigoureux, entre le médecin et le manipulateur : « L’exercice à distance de la radiologie nécessite des protocoles encore plus précis que ceux utilisés en présentiel, assure Laurent Verzaux. Le décret n’ouvre certainement pas de possibilités d’exercice pour des manipulateurs seuls. D’ailleurs, ce n‘est pas du tout leur volonté. Certes, ils souhaitent que l’on reconnaisse leurs compétences en matière de soins et de prise en charge du patient en autonomie dans certaines circonstances – cela apparaît bien dans le décret – mais ils ne veulent pas travailler sans relation directe avec le médecin. »
L’autonomie dans un cadre précis
Bien que le nouveau décret ne soit pas une révolution pour la profession, il a néanmoins le mérite de mettre les textes législatifs à jour, en harmonie avec les pratiques qui existent au sein des services : « Le texte d’avant était trop ancien et ne correspondait plus aux situations cliniques que l’on connaît, il fallait le dépoussiérer, ajoute le radiologue. Il était déjà en porte-à-faux, par exemple quand on faisait faire un scanner abdominopelvien pour une colique néphrétique à un manipulateur en garde et qu’il n’y avait pas de médecin à proximité. Le manipulateur pouvait dire que cela ne correspondait pas au décret d’acte, alors que maintenant il peut le faire. Mais il ne faut pas s’imaginer que ce décret autorise à lâcher les manipulateurs dans la nature sous la prescription de médecins qui ne sont pas formés à la prise en charge des patients en imagerie. » Et s’il arrive que certaines demandes sortent du cadre réglementaire et des protocoles, les professionnels ne doivent pas hésiter à réagir : « Il y a régulièrement des situations qui ne devraient pas exister et les manipulateurs qui considèrent qu’ils ne sont pas suffisamment encadrés ont le droit de le dire, note Laurent Verzaux. On entend quelques fois des manipulateurs qui sont livrés à eux-mêmes, ce n’est pas acceptable. »
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